La conduite attendue par l’expert lors de l’épreuve pratique en circulation de l’examen du permis de conduire moto (A1 et A2) en France diffère sensiblement de celle que nous pratiquons ensuite dans la « vraie vie ». C’est le cas pour la conduite en virages, notamment sur la gestion de la trajectoire. Explications en détail.

Première publication en décembre 2023

Merci à Marco pour l’idée de cet article !

Cet article est à lire en complément de Conseils pour l’épreuve en circulation et Mieux comprendre la trajectoire de sécurité

Introduction

Bien évidemment, l’inspecteur du permis de conduire attend des candidats, lors de l’épreuve pratique sur route, une conduite « académique ». Elle doit respecter la réglementation routière en vigueur (autrement dit, le Code de la route), principalement sur les limitations de vitesse, les observations, les contrôles visuels, la compréhension de la signalisation, etc.

Mais il existe aussi des attentes spécifiques aux examens du permis de conduire, notamment pour les catégories moto.
Pour en savoir plus, lire L’examen du permis moto – La circulation.

On attend notamment de vous que :

  • Le candidat observe son environnement et recherche les indices lui permettant d’évoluer sans être surpris et sans surprendre les autres usagers
  • Le candidat est capable d’augmenter, de maintenir ou de réduire son allure en fonction de la configuration des lieux, du contexte de circulation et des conditions météorologiques
  • Le candidat applique les règles, qu’elles soient ou non matérialisées par la signalisation
  • Le candidat positionne son véhicule sur la chaussée en tenant compte de la réglementation, de l’infrastructure, de la configuration des lieux et des conditions de circulation
  • En toutes circonstances, le candidat maintient des intervalles de sécurité suffisants autour de son véhicule
  • Le candidat est capable de comprendre les situations, d’anticiper leur évolution et de déceler les dangers potentiels qu’elles comportent

Concrètement, l’application de ces consignes théoriques amène en virages à l’adoption d’une trajectoire dite « de sécurité » que l’on vous demande de respecter et de mettre en oeuvre « correctement ».

Mais que veut dire exactement cette notion de « trajectoire correcte » ?

La règle générale

La trajectoire de sécurité offre ses plus grands bénéfices :

  • sur route ouverte,
  • hors agglomération,
  • avec une chaussée à double sens de circulation,
  • surtout dans les virages sans visibilité.

La règle de base de cette trajectoire est de se placer le plus en extérieur POSSIBLE tout au long du virage.
Tout est dans le « possible »… Car l’autre règle reste évidemment de rester lucide et de s’adapter au terrain, au champ visuel, au revêtement, au trafic… bref, à la réalité !

Les fondamentaux :

  • aucun élément de la moto ou du corps ne doit dépasser des limites verticales de la voie de circulation ;
  • placer les roues là où l’enrobé est le plus propre ;
  • privilégier la visibilité à la vitesse de passage en courbe ;
  • adapter la vitesse aux conditions d’adhérence et à la visibilité ;
  • demeurer vigilant, en capacité de réagir à l’imprévu.

La règle essentielle de cette trajectoire est de nous donner la marge de manoeuvre nécessaire pour nous adapter – en permanence, rapidement et correctement – à un environnement routier en constante et rapide évolution.

Afin de faire passer les roues de la moto là où l’adhérence est maximale et de garantir un « coussin de sécurité », je recommande de rouler dans la trace de passage des roues extérieures (au virage) des voitures.
C’est généralement là que le revêtement est le plus propre et cela permet de garder un écart latéral (de 50 cm à un mètre) avec d’éventuels obstacles et véhicules arrivant en face.

Le placement en extérieur doit se faire bien à l’avance du virage, et surtout pas au dernier moment.
Evitez absolument d’effectuer des « embardées » brutales sur la route en entrée de virage !
Le placement doit s’effectuer de façon progressive, à l’avance. N’hésitez pas à ralentir en approche de virage afin de réaliser ce placement en souplesse

Ce point est spécialement important dans le cas d’un enchaînement de virages.
En approche d’un virage, vous devez vous placer le plus à l’extérieur possible et y rester jusqu’à voir la sortie, afin ensuite de vous placer le plus tôt possible sur l’extérieur du virage suivant.
Le plus tôt possible, cela signifie dès que vous voyez la sortie du virage, et donc l’entrée du virage suivant.
N’attendez pas d’être sortis du premier virage pour vous placer pour le virage suivant !

Pour en savoir plus, lire Prendre un virage : la trajectoire

Le saviez-vous ?

Passion Moto Sécurité est un site gratuit et bénévole.
Or ces articles demandent beaucoup de temps en recherches. Pour soutenir notre démarche d’information pour la sécurité routière des motards, vous pouvez nous aider (à partir de 1 euro ou juste en visionnant des publicités) grâce à la page Tipeee !
Pensez-y… Merci d’avance !

Les cas particuliers

L’inspecteur vous précise bien lors des consignes d’examen (en début d’épreuve) que vous devez employer la trajectoire de sécurité en virages « quand c’est nécessaire ». Or la trajectoire de sécurité ne nécessite pas d’être employée systématiquement, dans tous les virages, dès la moindre courbe…

Elle devient moins pertinente :

  • en agglomération ;
  • sur une route à sens unique et/ou avec plusieurs voies dans le même sens ;
  • dans les courbes à faible rayon ;
  • dans les virages avec visibilité totale jusqu’en sortie.

N’utilisez pas la trajectoire de sécurité en ville !
Dans les intersections en agglomération, votre placement doit refléter votre intention :

  • avant de tourner vers la droite, serrez à droite
  • avant de tourner vers la gauche, serrez à gauche

En ville, on ne prend pas les virages en extérieur.

Il est important de toujours respecter un « coussin de sécurité » latéral.
C’est-à-dire un espace latéral d’au moins 50 cm à partir du point latéral le plus saillant de la moto (rétroviseur, valise, embout de guidon), qui nous sépare d’un éventuel obstacle situé en extérieur de notre trajectoire ; et un autre espace latéral d’au moins un mètre avec un éventuel obstacle en intérieur de la trajectoire.

N’exagérez pas votre placement !
Il ne faut surtout pas frôler le bord extérieur de la voie de circulation. Vous ne devez pas rouler tout à droite le long du bord de la route, ni tout à gauche au ras de la ligne médiane.

Ce point très important doit être pris en compte dans les virages vers la droite, dans lesquels vous allez vous placer sur le tiers gauche de la voie de la circulation.
Par défaut, vous devez rouler dans la trace des pneus de gauche des voitures. Pas plus à gauche que ça.
Si un véhicule arrive en face, resserrez légèrement la trajectoire pour vous placer juste à gauche du milieu de la voie.
S’il s’agit d’un véhicule à grand gabarit, très large (camion, tracteur, autocar, autobus, gros camping-car), resserrez franchement la trajectoire pour vous placer au milieu de la voie.

La vidéo commence réellement à 2’00 ; il n’y a rien avant. Ce direct de Fred en 2020 (durée 1h30) porte sur l’examen circulation en général. La partie sur les trajectoires commence à 14’36. La partie sur la trajectoire en virages à l’examen commence à 27’08.

Les exceptions

La trajectoire de sécurité n’est pas un dogme, ce n’est pas une vérité divine gravée dans le marbre.
C’est une simple règle de conduite et comme toute règle, elle a ses exceptions.

La première priorité de la sécurité de conduite à moto, c’est de rechercher la meilleure adhérence.
Mettre ses roues là où c’est le plus propre doit rester la priorité.
S’il faut quitter la trajectoire « idéale » pour éviter de passer sur une plaque d’égout, un marquage au sol mouillé, de la boue, des graviers, une flaque d’huile, des bouses de vache… évidemment qu’il faut le faire !

Une autre exception à la trajectoire de sécurité doit rassembler trois critères :

  1. une route étroite, sans ligne médiane ou avec deux voies de moins de trois mètres de large ;
  2. un virage serré à droite ;
  3. sans visibilité, en aveugle total.

Dans ces circonstances précises, il serait dangereux d’aller se placer en extérieur, au milieu de la route.
Le motard n’aurait pas le temps de percevoir un véhicule qui arriverait vite en sens opposé, ou tout au moins pas le temps de réagir pour éviter le danger.

Dans ces circonstances, la prudence commande de ralentir et de rester à l’intérieur, le long du bord droit de la route.

Par contre, c’est uniquement dans ces circonstances !

  1. Si la route est large avec un virage à droite en aveugle, rien n’empêche de se placer en extérieur, le long de la ligne médiane (en gardant toujours un coussin de sécurité).
  2. Si le virage est en aveugle sur route étroite, mais à gauche, la logique reste la même, on se place de toute façon en extérieur, sur la droite.
  3. Si la route est étroite, avec un virage à droite, mais avec visibilité, le problème ne se pose pas, on pourra voir si un véhicule arrive en face ou non.

Il faut rassembler les trois circonstances pour déroger à la règle de la trajectoire de sécurité.
Mais cette exception existe et doit être enseignée, au risque de mettre les motards débutants en danger.

Dans mon département d’exercice (Haute-Savoie), avec beaucoup de routes étroites avec virages serrés en aveugle, les inspecteurs sont très attentifs au respect de cette exception et n’hésitent pas à ajourner les candidats qui ne l’appliquent pas de façon récurrente.

One thought on “Gérer les virages à l’examen du permis moto”
  1. Merci Fab pour cet article (et pour la petite dédicace 😉 ). Je vais chercher demain ma première moto A2 chez son vendeur. Un itinéraire varié (et pluvieux) entre Côte-d’Or et Jura, qui va me permettre de mettre en pratique tes précieux conseils dans les courbes !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.