Les préjugés, archaïsmes, légendes urbaines, mythes, idées préconçues, clichés… sont nombreux dans le monde moto. Après avoir traité de ceux qui concernent spécifiquement le freinage et la conduite en virages, j’ai voulu en recenser et expliquer 20 autres, plus généraux.

Publication en août 2025

Ces deux articles sont inspirés d’une vidéo de la chaîne américaine Youtube « Iron Pulse ».
Premier article : Debunk : 10 clichés motards expliqués

Dans ma carrière motarde, j’ai appris à mieux rouler à moto avec des gendarmes et des policiers, avec des civils et avec des sportifs, sur la route, en tout-terrain et sur circuit. Et si j’ai appris une chose, c’est que tous ces motards ont des dogmes, des clichés, des préjugés… reproduits et transmis de génération en génération.

Nous en avons déjà vu dix dans l’article précédent. En voici dix autres, plus ou moins répandus.

Toujours freiner pareil des deux freins

Cela semble logique : pour que les deux roues de la moto freinent de la même façon, il faudrait exercer la même pression sur chacune des deux commandes de freins, le levier et la pédale. Mais la physique et la mécanique moto ne fonctionnent pas avec de la logique théorique : le frein avant délivre à lui seul entre les deux tiers et les trois quarts de la puissance de freinage, notamment grâce à une bien meilleure adhérence du pneu avant au sol.
Le frein arrière n’est pas inutile à proprement parler, il faut comprendre à quoi il sert. Mais clairement, ce n’est pas lui qui freine vraiment la moto.

Vous devez freiner plus fort avec l’avant qu’avec l’arrière et ne pas hésiter à tirer fort sur le levier quand c’est nécessaire !

Pour en savoir plus :

Roder des pneus neufs avec une conduite agressive

C’est un conseil que l’on peut parfois entendre. Pour roder des pneus neufs, il faudrait adopter le même comportement que pour un rodage moteur de sportive : attaquer, avec une conduite dynamique, voire sportive.
C’est juste super dangereux… parce que c’est le meilleur moyen de se retrouver à perdre l’adhérence et chuter, avec les conséquences imprévisibles que cela peut avoir sur route.

Les pneus neufs sont facilement démoulés en usine grâce à l’empli d’une pellicule d’un agent gras, composé en bonne partie de paraffine. Cette pellicule grasse reste en place pendant le stockage du pneu (qui peut durer plusieurs mois, voire plusieurs années) afin de le protéger de l’oxydation. Elle est toujours présente quand le pneu est monté sur votre moto.

Elle va se désagréger et disparaître progressivement, grâce aux frottements du pneu sur un revêtement brasif comme l’enrobé de la route et grâce à la chaleur générée par ces frottements qui fait fondre la paraffine.
Ce processus est progressif et demande quelques kilomètres, voire dizaines de kilomètres (en général, 30 à 50 km minimum).

Le risque est maximal sur les premières centaines de mètres et premiers kilomètres, quand le pneu est encore froid et que le film de protection est encore présent sur tout le pourtour du pneu.
Il ne faut surtout pas incliner brutalement la moto dans ces circonstances !

Au contraire, il s’agit de rouler très souple, sans freinage ni accélération brusques, avec des mises sur l’angle progressives… jusqu’à ce que le pneu soit chaud et déparaffiné sur toute sa bande de roulement.

Pour en savoir plus :

Changer l’huile moteur tous les 5000 km

C’est une survivance d’une époque (révolue) où l’essence était de mauvaise qualité, avec des moteurs qui chauffaient beaucoup, ce qui dégradait les propriétés de l’huile moteur et imposait sa vidange de façon fréquente.

Mais avez-vous remarqué que les intervalles d’entretien moteur ont beaucoup augmenté ces dernières décennies ?
Là où la plupart des constructeurs – notamment japonais – recommandaient une vidange d’huile moteur tous les 6.000 km (ou tous les ans), nous sommes passés pour la grande majorité des motos à des entretiens tous les 10.000 km, voire 12.000 km, et même pour certaines tous les 16.000 km (ou tous les ans, ce point n’a pas changé).

C’est dû aux améliorations techniques réalisées à la fois sur les carburants, les huiles moteur et les moteurs eux-mêmes.

Encore une fois, rien n’est gravé dans le marbre, rien n’est universel, simple et absolu.
Pour la fréquence de vidange de l’huile moteur de votre moto comme pour beaucoup d’autres choses… ça dépend !
Cela dépend de votre usage, de l’intensité de fonctionnement du moteur, de la durée des trajets, des conditions climatiques…

Pour en savoir plus :

Les casques noirs donnent chaud

Les vêtements de couleur noire absorbent plus les rayons UV et tiennent plus chaud : il devrait donc être en être de même pour le casque, non ?
Hé ben non…

La couleur de la peinture d’un casque n’a en réalité quasiment aucune importance car l’épaisseur du calotin (sous la coque) fait office d’isolant thermique. Ce n’est pas parce que la partie externe de la coque est effectivement plus chaude au soleil quand elle est peinte en noir que quand elle est blanche qu’il en sera de même à l’intérieur du casque !

Ce qui fait chauffer votre tête dans le casque, ce sont les rayons ultra-violets qui viennent réchauffer la peau de votre visage, ainsi que le manque de ventilation des aérations, notamment frontales.

Si vous roulez avec un casque moderne, équipé d’une large ventilation frontale, de canaux de ventilation dans les mousses, d’extracteurs d’air à l’arrière, d’un écran interne pare-soleil, d’un écran externe en polycarbonate qui filtre les rayons UV, voire d’un écran teinté opaque qui filtre encore plus les UV, avec des mousses intérieures propres, non comprimées, qui laissent votre peau respirer… quel que soit le coloris du casque, il ne tiendra pas chaud.

Par contre, porter des vêtements noirs et non ventilés à moto l’été (surtout sans équipements rafraîchissants) vous donnera chaud…

Pour en savoir plus :

On peut rouler en sécurité sans gants l’été

On est d’accord : transpirer dans des gants moto, c’est très désagréable et même dangereux !
Les gants collent à la peau pour les enlever et les enfiler, mais glissent quand on utilise les commandes. Les gants en cuir noir non doublé déteignent et rendent la peau noirâtre.

Il peut s’avérer tentant de ne pas porter de gants en roulant quand il fait chaud, de sentir le souffle rafraîchissant du vent sur les doigts…
Sauf que… déjà, c’est illégal et sanctionné en France depuis 2016.
Et surtout, vous risquez de sentir le bitume abrasif vous arracher la peau des doigts et des mains !

Une simple chute sur de l’enrobé chaud à 20-25 km/h peut suffire à causer des dermabrasions, des brûlures au premier ou deuxième degré, ou des fractures des os des doigts. Rien de mortel, sans doute pas ou peu de séquelles à long terme… mais c’est douloureux et handicapant pendant des semaines !

Il existe aujourd’hui des gants ventilés spécifiques pour les fortes chaleurs, efficaces et protecteurs.
Ce sont des gants courts, fins, aérés… donc souvent les moins chers de toute la gamme de gants moto. Surtout si vous les achetez d’occasion ou en promo pendant les soldes d’hiver, par exemple.

Prenez le temps de les essayer, de préférence au guidon de votre moto (ne serait-ce qu’à l’arrêt), pour vérifier qu’ils vous apportent contrôle, confort et confiance.

Des gants à 15 ou 20 euros la paire vous éviteront une amende de 68 euros, c’est un bon investissement – pour vous et vos passagers !
Si vous suez beaucoup des mains, évitez juste ceux en cuir noir sans doublure…

Pour en savoir plus :

Le saviez-vous ?

Passion Moto Sécurité est un site gratuit et bénévole.
Pour soutenir notre démarche d’information pour la sécurité routière des motards, vous pouvez nous aider (à partir de 1 euro ou juste en visionnant des publicités) grâce à la page Tipeee !
Pensez-y… Merci d’avance !

Mettre la même pression devant et derrière

Quand on ne veut pas se prendre la tête, il est facile de se dire qu’il est simple de ne retenir qu’une seule pression de gonflage pour chacun des deux pneus. Après tout, pas mal de gens font ça pour leur voiture : une seule et même pression dans les quatre pneus, c’est réglé !

Mais une moto n’est pas une voiture…
Ce n’est pas pour rien que les pneus avant et arrière ne présentent pas les mêmes dimensions, ne serait-ce qu’en largeur (et souvent en hauteur, voire en diamètre) : ils n’ont pas la même fonction.
Cette différence de fonction se reflète dans leur pression de gonflage.
Les différents usages de votre moto doivent aussi se traduire par des pressions différentes, selon la charge, le terrain, les vitesses pratiquées…

Encore une fois : ça dépend !
Ce qui est certain, c’est que c’est TOUJOURS une mauvaise idée de mettre la même pression dans les deux pneus et de ne jamais en varier quoi qu’il arrive.

Pour en savoir plus : Bien gonfler ses pneus

Les problèmes mécaniques se sentent à la conduite

Certains soucis mécaniques peuvent certes avoir des conséquences sur la conduite ou des effets qui se ressentent au guidon… Mais seulement si on connaît vraiment bien sa moto et surtout, pas tous et/ou pas forcément à temps !

Croire que l’on est un assez bon pilote pour TOUT ressentir en conduite, alors que le cerveau est concentré sur autre chose, et que l’on saura réagir à temps, rapidement et correctement… relève du pari, voire de la roulette russe.

La plupart des problèmes mécaniques sur les motos modernes relèvent non pas d’une casse soudaine, mais d’une usure lente, progressive, à laquelle on s’habitue jour après jour sans la ressentir : la chaîne qui se détend, les suspensions qui s’usent, les fluides qui se dégradent, la crevaison lente d’un pneu, les plaquettes de frein qui s’abrasent, un écrou qui se desserre, des roulements à bille qui fatiguent…
Tout ça prend du temps et ne se sent pas d’un trajet à l’autre – jusqu’au jour où ça casse sans prévenir !

J’ai vu des personnes rouler avec des pneus sous-gonflés de 1 bar, voire 1,5 bar, et que cela ne gênait pas, qui disaient n’avoir rien senti de problématique. J’ai vu des motos avec des suspensions d’origine et plus de 100.000 km au compteur, dont les propriétaires se disaient tout à fait satisfaits. J’ai vu des liquides de frein vieux de cinq ans, voire dix ans, sans que cela choque le conducteur.

Des plaquettes de frein usées au dernier degré, ça ne se sent pas vraiment tant qu’on ne freine pas fort et ça ne fait pas forcément de bruit… jusqu’à ce qu’on se retrouve à faire un freinage d’urgence puissant et où la moto ne freine pas, avec le hurlement du métal contre métal et au bout du compte, un disque entier à changer – au mieux.

Une inspection régulière de quelques minutes, un plan d’entretien respecté, permet d’y remédier.

Pour en savoir plus :

Les motos les plus chères sont toujours les plus fiables

Non seulement le prix ne fait pas toujours la qualité (que ce soit pour les motos ou autre chose), mais surtout quelle qualité ?
Certaines machines ultra-sophistiquées, certains moteurs hyper-pointus, sont capables de délivrer des performances extraordinaires, mais au prix d’une maintenance pointilleuse, rigoureuse et hors de prix.
A l’inverse, certains moteurs « rustiques », tout simples, sont réputés pour leur fiabilité sur des centaines de milliers de kilomètres, y compris avec un entretien, disons… aléatoire.

La fiabilité d’une moto ne se mesure pas au prix public d’achat. Ni à sa marque. Ni à ce qu’en disent les essayeurs des magazines moto qui la testent pendant au mieux quelques jours.
Une fois encore… ça dépend ! Avant tout de sa conception, de la qualité de l’entretien réalisé par le garage professionnel qui la suit, de la rigueur de l’entretien courant mené par son / sa propriétaire… et un peu de la chance aussi !

Si la fiabilité mécanique est le critère d’achat primordial pour vous, ne vous fiez pas au prix de vente. Ne prenez pas le tout dernier modèle sur lequel il est impossible d’avoir du recul.
Choisissez une machine récente, sortie depuis deux à cinq ans, et renseignez-vous auprès de ses utilisateurs : associations de clients (RAT pour Triumph, HOG pour Harley, BMW Moto-Club national, DOC pour Ducati), moto-clubs, forums, groupes spécialisés sur les réseaux sociaux…
Allez en discuter avec au moins deux mécanos moto pros différents, dont au moins un qui travaille en dehors du réseau de concessionnaires.

Pour découvrir d’autres mythes et préjugés du monde motard, deux autres articles et une vidéo :

2 thoughts on “Debunk : (encore) 10 (autres) clichés motards”
  1. Bonjour Fabien, encore merci pour ces précisions qui semblent frappées au coin du bon sens mais finalement pas forcément toujours observées.
    Je reviens juste sur la forme de ton article avec une petite remarque sur le début qui me paraît présenter quelques fautes de frappe ou de syntaxe qui pourraient gâcher le sérieux et la pertinence de ton discours.
    N’y voit bien entendu aucune critique personnelle mais bien une remarque constructive. Encore un grand merci pour tout. Pierre

    1. J’ai corrigé trois fautes de frappe et revu quelques formulations pour que ce soit plus clair.
      S’il reste des fautes (ce qui est possible, je ne suis pas parfait), merci de me les signaler de façon précise.

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