Si vous êtes lecteur de ce site, c’est probablement que vous voulez vous améliorer dans votre pratique du deux-roues, et plus particulièrement de la moto, pour vous sentir plus à l’aise au quotidien, en balade, en voyage. La lecture de conseils théoriques, les schémas, les vidéos… tout cela aide, mais ne remplace pas la pratique. Or la plupart d’entre vous hésite à s’entraîner en dehors du cadre sécurisé d’un stage. Voyons ensemble comment vous donner les moyens d’une meilleure aisance.

Première partie, publiée en novembre 2012, d’une série de trois articles.
Retrouvez la deuxième partie ici !

Introduction

L’objectif de ce site est de vous donner une plus grande aisance en selle.
C’est vous ensuite qui décidez de ce que vous voulez faire de cette aisance accrue. La plupart vont l’employer à une meilleure sécurité, d’autres vont viser à augmenter leur performance, d’autres vont rechercher un compromis vers plus de performance mais en gardant toujours une marge de sécurité.
Cela relève de votre décision personnelle, de votre libre arbitre.

* * *

Constat de départ

Depuis des années que je gère ce site et que je réponds à vos questions, depuis des années que j’enseigne à des centaines d’élèves en formation initiale et continue, que je discute avec des motards plus ou moins expérimentés, je me suis rendu compte d’un paradoxe fondamental.

Alors que beaucoup de motards ne se sentent pas à l’aise en permanence dans leur pratique moto et aimeraient s’améliorer, très peu suivent une formation de perfectionnement.

  1. Problème d’offre : ces formations ne sont pas disponibles partout en France (il faut souvent se déplacer, dormir sur place…), elles ont lieu à certaines dates qui ne conviennent pas forcément aux contraintes de chacun, et elles coûtent un certain prix…
  2. Problème de demande : tous les motards n’ont pas les moyens ou la motivation pour dépenser cet argent dans une formation de perfectionnement, tous ne sont pas conscients de leurs lacunes, tous ne sont pas forcément au courant de l’existence de ces stages…

Pour en savoir plus sur ce qui existe en la matière, deux articles :
Perfectionner sa conduite moto sur route
Les journées de sécurité moto

La réponse logique serait donc de s’améliorer par soi-même.

Mais là, autre paradoxe : alors que beaucoup de motards sont conscients de leurs lacunes, ils ne font rien pour s’améliorer et ne prennent pas la peine de s’entraîner.

  • D’abord par facilité, par crainte de se rendre ridicule, de se mettre en situation d’échec, par refus de faire des efforts pour une pratique souvent occasionnelle, voire ponctuelle.
    Pourquoi transpirer, faire des efforts, prendre des risques pour ce qui n’est souvent qu’un loisir, une source de plaisir ?
  • Ensuite, même s’ils ont la volonté de s’entraîner, par crainte de mal faire, de faire tomber la moto, d’abîmer la machine, de se faire mal.
  • Enfin et surtout, par manque de suivi pédagogique.
    A quoi bon s’entraîner si personne n’est là pour nous observer, nous évaluer, nous corriger, dire ce qui va bien, ce qui va mal et comment faire mieux ?

Aucun conseil théorique, aucun article, aucune vidéo ne remplacera l’œil d’un formateur compétent, le conseil adapté d’un pédagogue, le suivi individuel et personnalisé…

Si toutefois, vous vous sentez d’humeur à commencer à vous entraîner seul (ou à plusieurs), lisez les articles suivants :
S’entraîner seul
Maîtriser son embrayage
Sentir l’équilibre de sa machine
Incliner à basse vitesse

Avec Passion Moto Formation, j’essaie de vous proposer des stages de perfectionnement adaptés à vos besoins dans toute la France et accessibles financièrement.

Mais en attendant, cet article est avant tout destiné à vous permettre de poser les fondations d’une amélioration, à vous aider à prendre conscience des points à travailler, à vous accompagner dans la mise en oeuvre des conseils donnés dans d’autres articles sur ce site.

* * *

Premier stade, le motard passager

Avez-vous déjà eu l’occasion de voir un motard débutant lutter pour manier sa machine ?
Sur un plateau d’école moto à ses tout débuts, sur la route, en ville, lors d’une balade en groupe, parfois sur circuit…

Les actions basiques de maniement et de contrôle de sa moto, la lecture de la route / piste, les réactions à avoir : tout lui est inconnu, mystérieux. Il se sent impuissant, démuni, sans contrôle, sans anticipation. C’est la moto qui l’emmène, et non lui qui emmène la moto.

C’est pourquoi j’appelle ce stade « le motard-passager ». En général, cette étape de la progression ne dure pas bien longtemps, elle ne se produit que les toutes premières minutes ou premières heures quand vous apprenez une nouvelle technique.

Un sentiment encore familier pour certains, peut-être ?
Même les motards expérimentés ont ressenti cela à un moment et certains le ressentent encore parfois dans certaines situations délicates.

Alors qu’au fond, nous savons bien que c’est faux.
Aucune moto ne fait quelque chose par elle-même. Ce n’est pas la moto qui commet une erreur ou qui fait les choses bien. Tout ce qui arrive pendant un déplacement à moto dépend – entièrement et uniquement – du conducteur.

Pour devenir ce que l’on peut appeler un « meilleur motard », il faut déjà s’entendre sur ce qu’est un « bon motard ».

Deuxième stade, le motard acteur

Je vous propose une base simple : un « bon motard » est un motard qui contrôle sa moto, qui n’en est pas juste un passager.
Il agit sur les freins et l’embrayage, sur l’accélérateur et sur le guidon. Il détermine s’il prend le virage vite ou lentement, en enroulant « coulé » ou à l’attaque… Il est la seule personne qui décide quelle action effectuer, la mène à bien et évalue si elle a été effectuée correctement ou non.
En bref, il sait ce qu’il fait, comme on dit couramment.

C’est pourquoi que j’appelle cette étape « le motard acteur », acteur de sa conduite, qui agit sur sa moto.
La plupart d’entre nous en sont là et n’évoluent guère, sauf à changer de pratique.

Si un « bon motard » est un motard qui sait ce qu’il fait, un « meilleur motard » est quelqu’un qui sait exactement tout ce qu’il fait : pourquoi il le fait, comment il le fait, pourquoi de cette façon, pourquoi à ce moment et pas à un autre, à cet endroit et pas ailleurs…

Cela ne veut pas dire qu’il sache comment mieux faire ou qu’il soit immédiatement en capacité de mieux faire.
Mais au moins, il connaît le but à atteindre et le chemin pour y parvenir !

Car la compétence de conduite, la maîtrise, le contrôle, l’aisance… ça s’apprend !
Personne ne naît bon ou mauvais motard.
Un bon motard est quelqu’un qui peut rouler, que ce soit « vite » ou « lentement », en sachant ce qu’il fait.

Comment aller plus loin ?
En devenant non plus seulement acteur, mais observateur.

Troisième stade, le motard observateur

Savoir ce qu’on fait suppose d’y être attentif.
C’est le fondement de l’amélioration de votre aisance à moto : vous devez rester concentré en permanence, prêter attention à tout ce que vous faites, être vigilant sur toutes vos actions, jusque dans les moindres détails.

C’est à ça que sert la grille d’analyse d’une action à moto que je propose en permanence dans mes articles et mes enseignements (même si ce n’est pas moi qui l’ait inventée), avec les quatre composantes PTAR (position, trajectoire, allure, regard).

Pour devenir meilleur motard, vous devez devenir un motard à la fois acteur et observateur de votre conduite, de votre pratique.

Problème : nous n’avons pas tous la même capacité d’attention, de vigilance, de concentration.

Non seulement chaque individu possède des facultés mentales différentes (capacité de concentration, mémoire, capacité d’apprentissage), mais en plus, chacun va se focaliser sur des aspects différents de la conduite. Certains privilégient la vitesse, d’autres la prise d’angle, d’autres l’absence de perte d’adhérence, d’autres la sécurité par rapport aux autres usagers… Chacun vit la moto avec ses craintes, ses espoirs, sa recherche de sensations diverses et variées.

Or si vous vous focalisez sur tel ou tel aspect, il vous reste forcément moins de capacité de vigilance, d’attention sur les autres aspects de votre conduite.

Les exemples ne manquent pas. Souvenez-vous de vos débuts à moto : je suis à peu près certain que vous avez sué sang et eau pendant un certain temps sur le maniement de l’embrayage pour en arriver à ne plus jamais caler. Et pendant ce temps-là, on ne fait plus attention à rien d’autre, on oublie le placement du regard, on ne surveille plus sa position… Toute la concentration est focalisée sur la main gauche et la sensation du levier d’embrayage.
Aujourd’hui, après des années et des milliers de kilomètres de pratique, vous n’y pensez même plus.

Certains de mes stagiaires motards me parlent parfois de certains mouvements usuels, certaines actions tellement communes, devenues tellement automatisées, qu’elles leur paraissent « naturelles ».
Ce n’est pas le cas, rien n’est naturel, rien ne se fait tout seul. C’est juste qu’ils n’y prêtent plus attention.
Ils s’aperçoivent de nouveau que ces actions ne sont pas si naturelles que cela quand il s’agit de les transmettre, de les enseigner à d’autres motards.

Pour mieux rouler à moto, plus vous augmenterez le nombre d’actions auxquelles vous portez un très faible degré d’attention, plus vous pourrez reporter cette attention sur les actions les plus importantes : celles où vous devez décider, faire un choix.

Sur un trajet à moto de quelques dizaines de kilomètres sur départementale un tant soit peu viroleuses, par exemple, vous devez prendre des centaines de décisions, surtout si vous roulez un peu vite.

Véritablement des centaines par minute : où regarder, quel rapport engager, où freiner, où accélérer, quel appui exercer sur le guidon, quelle position de conduite prendre, combien de doigts et lesquels poser sur les leviers, comment gérer vos appuis sur les repose-pieds, serrer les genoux ou écarter le genou intérieur, tourner la tête, bouger les yeux, où faire passer la roue avant, quelle trajectoire suivre, où se placer dans la voie…

Le souci, bien souvent, c’est que vous ne pensez qu’à une seule chose à la fois, que vous vous focalisez sur un seul point, qui est très souvent la trajectoire.

Mais cette trajectoire est inter-dépendante avec les trois autres composantes du maniement moto : la position, le regard et l’allure.
Ces éléments influencent également la trajectoire.

Mais si vous ne vous observez pas, si vous ne savez pas ce que vous faites, vous ne le comprendrez pas, vous ne réaliserez pas en quoi vos actions, votre comportement, vos décisions quant à votre gestion d’allure, votre position de conduite et votre travail de regard jouent sur la seule chose qui compte pour vous, votre trajectoire.

* * *

Or il faut bien comprendre que les actions que vous ne comprenez pas sont celles qui vont capter le plus votre attention.

On craint avant tout ce qu’on ne comprend pas.
Quand arrive une situation que vous ne comprenez pas, votre attention va se focaliser dessus, à presque 100%. Vous allez avoir peur d’une situation dont vous ne pouvez prévoir l’issue et vous allez céder à la panique. La panique mobilise toutes nos ressources mentales sur un point et un seul. Tous les autres points, toutes les autres actions vont alors obéir à des réactions instinctives de survie, des automatismes souvent inadaptés car l’être humain n’est pas conçu pour la conduite moto.

L’absence de visibilité, une vitesse d’approche perçue comme trop élevée, la crainte d’une perte d’adhérence, la sensation de déséquilibre due à l’inclinaison de la moto, la perception d’un obstacle imprévu (réel ou potentiel), une incompréhension sur le comportement d’un autre usager, l’impression que la trajectoire en virage va s’élargir exagérément, un doute sur la qualité du revêtement, une situation qui reproduit un incident déjà vécu…
Nous avons tous connu ces sensations angoissantes.

Le motard succombe alors à ce qui est appelé une « réaction instinctive de survie », traduction par mes soins de l’expression « survival reactions » définie par Keith Code.
Chacune de ces réactions intempestives constitue une réponse inconsciente du corps, initiée par le cerveau, en vue d’éviter la mise en danger de l’intégrité physique du conducteur.

Notre cerveau nous fait adopter ces comportements pour éviter la blessure, le choc, la chute, l’accident. Mais comme il n’est pas habitué à gérer la dynamique d’une moto, encore moins à des vitesses trop élevées par rapport à la marche ou à la course à pied, il ne fait qu’aggraver les choses. Aucune de ces réactions ne peut améliorer le maniement de la moto par le conducteur, au contraire.

Ce que nous recherchons pour devenir « meilleur motard » est tout à l’inverse : prévoir, prédire, prévenir.
Décider à l’avance de notre séquence d’actions sur la moto afin de gérer une situation potentiellement dangereuse nous permet de devenir « créatif » sur le maniement de la moto, de dégager assez de ressources mentales pour expérimenter, essayer de nouvelles solutions et augmenter notre compétence de conduite.

La recherche d’aisance dans la conduite moto, surtout à haute vitesse, requiert que vous soyez capable non seulement d’accomplir les actions nécessaires, mais aussi de les observer.
Réaliser une observation précise et honnête de vos actions, comprendre et vous souvenir de votre « performance » est essentiel pour vous améliorer.
Si vous savez ce que vous avez fait, vous savez ce qui peut être changé, modifié, amélioré.

Vous devez devenir capable d’observer et de vous souvenir de ce que vous faites à moto.
Autrement dit, vous devez devenir un « scientifique », un chercheur, un observateur attentif de votre propre conduite.

D’accord sur le principe ? Voyons comment y parvenir.
C’est l’objet du deuxième volet de cette série.

* * *

Illustration avec une série de courtes vidéos britanniques, intitulée « Never too good » et publiée fin 2014.

L’idée générale est « you’re never too good to become a better rider » (vous n’êtes jamais trop bon pour devenir un meilleur motard), ce qui est exactement ma démarche et celle que j’enseigne.

La vidéo montre un groupe de motards anglais qui suivent un stage de perfectionnement à la conduite de sécurité sur route ouverte, dont un qui n’est pas n’importe qui : Chaz Davies, champion du monde SuperSport en 2011 et qui venait alors d’obtenir son permis de conduire moto à l’été 2014.

La série de vidéos (tout en anglais, non sous-titré) veut montrer que, même quand on est un dieu du guidon sur circuit, il reste un milliard de choses à apprendre pour rouler en sécurité sur la route.

La bande-annonce :

Et le premier épisode :

* * *

Continuez avec la deuxième partie ici !

21 thoughts on “Devenir un meilleur motard (1/3)”
  1. Concernant le problème de la trajectoire qui s’élargit dans un virage, un truc tout con que j’ai mis du temps à assimiler :
    – au début, je constatais avec effarement cet élargissement de trajectoire, et je ne savais pas comment réagir.
    – en observant ce que je faisais et en essayant de corriger ce défaut, j’ai réalisé que j’avais « le droit » de pencher davantage pour tourner davantage. A moins d’être vraiment à toc, on a toujours une bonne marge d’adhérence qui permet de pencher un peu plus pour resserrer la trajectoire. Il ne faut pas hésiter ainsi à corriger la trajectoire (avec souplesse et progressivité) même au cours du virage. C’est souvent plus efficace et moins dangereux que de couper les gaz et/ou de freiner. Evidemment, il faut aussi optimiser la vitesse et la trajectoire à l’entrée du virage, mais ça ne veut pas dire qu’on n’a plus le droit de resserrer légèrement la trajectoire pendant le déroulement du virage.

    Voilà c’est un truc qui va peut-être paraître tout con aux motards expérimentés (au point qu’ils le font sans réfléchir), mais ça pourra peut-être être utile aux débutants.

    1. Salut fabien, depuis mon permis obtenu le 15 janvier je n’ai pu rouler que 1500 km à cause de la météo. Jeudi matin j’ai fait 80 km pour aller faire une course le temps s’y prêtait et justement cette histoire de virage, je me suis rendu compte que ben les petits virages, j’ai vu le sur le compteur, : 90 km/h me suis pas rendu compte en fait mais c’est bien passé. Et la trajectoire de sécurité, sur les petites routes avec les merdes qui trainent sur la route, (terre, gravillon, fissure) enfin bref, on se laisse vite emporter par la vitesse (certains rigoleront pour mon 90 km/h dans une courbe mais franchement je n’avais pas fait gaffe que j’allais si vite)… Donc voilà merci pour les conseils, dimanche je compte faire 236 km aller et puis retour avant 19 h même trajet j’espère que je ne vais pas être tout cassé en revenant 😉

      1. Le regard, c’est la compétence qui est à la fois la plus utile et la plus difficile à acquérir quand on veut maîtriser la conduite d’une moto. C’est aussi celle qu’on perd le plus vite quand on ne pratique pas régulièrement.
        Toi qui es un débutant, tu ne devrais pas rechercher ton image narcissique dans ton compteur de vitesse, mais éduquer ton regard. Il faut analyser en permanence les prochains virages, les intersections dangereuses, la qualité du bitume, la présence de débris sur la route, le comportement des autres usagers de la route, etc, etc…
        Là, tu vas penser que je t’en veux, mais toi qui as à peine 1500 km d’expérience, tu envisages de faire 500 km dans la journée ? C’est de la pure folie, mais, après tout, ce n’est pas mon problème.
        Sois prudent, tout de même.

        1. Bonjour
          Je fais gaffe justement à tout ce que tu dis, pas de souci, je suis très prudent. Pour les 500 km. Ma foi je ne le rends pas compte 😉 c’est une belle balade par départementales en partant de bonne heure, ils annoncent 17 degrés et le couvre-feu pour 19 h, je me dis que ça peut le faire en roulant peinard. Mais je prends tous les conseils 😉 Pourquoi cela serait de la folie ? Pour la fatigue ? Je compte faire une pause de toute façon déjà pour faire le plein de la moto, et puis je ne suis pas pressé. En voiture il y en a pour 2 h 15.

          1. 2 h 15 pour faire l’aller seulement, je suppose, ce qui représente déjà une moyenne de 110 km/h. Sur route départementale, c’est totalement impossible, ou alors tu vis dans les Landes, et tu ne respectes aucune limitation de vitesse…

              1. Tu peux compter 3h30 pour le même trajet à moto, avec les pauses et le ravitaillement carburant.
                Aller et retour, donc au moins sept heures de route sur la journée.
                Faisable surtout de jour et par beau temps, mais très fatigant pour un débutant.

                1. Salut Fabien
                  Oui j’ai bien compris pour la fatigue. Du coup j’ai maté la météo 18 degrés je prendrai une chambre d’hôtel et repartirait le lendemain si je suis trop fatigué 😉

                  Merci

  2. Merci pour cet article, il me parle bien, de mes peurs, appréhension et difficultés…après 23 ans de permis, un petit gabarit moins d’1m60 et une cinquantaine de kilos, avec une pratique sur une « vieille » guzzi, un corps abîmé et avec ses souvenirs de la tôle et du bitume, il y a 13 ans. Mais lavec a guzzi, j’étais à l’aise, je la connaissais bien, ses réactions par rapport à mes demandes, la route et ma conduite du moment.
    Depuis un mois, j’ai passé le pas, de l’acquisition d’une nouvelle moto, j’ai l’impression de ne plus savoir conduire, la maîtrisé cette moto que je viens d’acheter (un 620, adapté en taille et poids). Eh oui, ce n’est plus une « vieille », elle freine (hyperpuissant, c’est presque dangereux pour moi au début) et pas en intégrale comme sur ma Guzzi, elle accélère au quart de tour (c’est le cas de le dire, au niveau de la poignée de gaz), tenue de route, tout change, j’ai perdu mes repères.
    Je m’observe, cela je l’ai appris lors du passage du permis en 90, j’ai eu la chance d’avoir un excellent moniteur, patient, pédagogue, qui m’a appris cela, à m’observer sur la moto, ma position, me servir de mon corps, de mon regard, c’est cela qui me donnera de la facilité dans la maniabilité, la confiance en moi, de l’emmener là où je souhaite…
    je suis réconfortée par ce que vous écrivez, j’ai pris conscience de ce que vous écrivez, mais cela ne suffit pas à maîtriser mes peurs, ça me désole, pas facile de le dire à l’entourage qui nous a vu si à l’aise en moto…
    j’aimerai faire un stage de perfectionnement , peut être qu’avec tous ces efforts, je vais réussir à dépasser mes appréhensions et maîtriser avec plaisir cette moto, comme avant avec mon autre.
    C’est un plaisir de vous lire, j’aime et partage cet esprit et vu de la moto.

    Catrine

    1. Merci pour ton humilité. C’est bien d’avouer qu’après 23 ans de moto, on peut se retrouver en difficulté comme un débutant en changeant de monture, et ton témoignage est très important pour faire comprendre combien il n’y a pas de situation acquise en moto, et que ça sert à rien de penser qu’on est un motard avancé dès lors qu’on a un peu d’expérience.
      C’est sûr que la 620, décrite comme une moto « de caractère », même si elle est assez peu puissante, doit représenter une difficulté supplémentaire, notamment avec sa position de conduite en appui vers l’avant. C’est peut-être ce point qui est à l’origine des problèmes rencontrés? Peux-ton en déduire qu’aborder une moto sur laquelle on est assis bien droit est automatiquement plus facile à piloter?

    2. Je pense qu’il faut bien 5000 km pour commencer à être à l’aise avec une nouvelle moto, surtout si elle est radicalement différente de la précédente.
      Pour ma part, permis en poche depuis 80 et roulant tout les jours pour aller au travail (25000km par an) il me faut bien 10000 km pour bien connaître une moto.
      Et c’est ca que j’aime dans la moto : on est toujours en train d’apprendre, de s’améliorer, de se remettre en question. On a toujours des trucs à améliorer.
      Fait la rouler cette 620, encore et encore
      Appel de phare

  3. Bonjour,
    Je lis attentivement les articles de ce site depuis quelques heures (Eh,oui!)car je suis une jeune vieille motarde (53 ans 5 ans de permis) qui a du mal a prendre confiance avec un cbf 600 s ou je pose mes pointes de pieds.
    J’aimerai faire un stage de perfectionnement, mais j’avoue que je suis tentée entre le stage LNLM spécial féminin (mais à moulin !) et ceux proposés par CASIM77 ou CRS autoroutière (mais je ne vois rien pour 2013 !).
    Que me conseillez-vous ? Avez-vous des adresses, expériences idf (particulièrement 77-93).
    Merci et bravo pour ce site .

    1. J’ai eu l’occasion de voir un peu ce que fait la CASIM lors du passage des examens des futurs moniteurs. Je suis réparti très impressionné par leur maîtrise de la moto. Je n’ai le permis que depuis 1 mois et j’ai vraiment galéré avec le point de patinage (j’avais passé le plateau fin 2012 sous l’ancienne mouture pour le lent: sur le ralenti sans toucher aux commandes). J’ai été rassuré (ou pas) en voyant des motards avec 20 ans de permis galèrer comme moi.

      La CASIM fonctionne en « formation continue » si le terme est bon (flatfab me corrigera si besoin) avec différents « modules »: maniabilité lente, maniabilité rapide, freinage, virages etc

      Je suis sur liste d’attente pour la prochaine saison, j’ai plus que hâte de commencer tellement ce que j’y ai vu m’a plu et conforter dans mon idée de prendre des cours de perfectionnement

  4. Bonjour,

    Je lis cet article avec retard, mais comme tous ceux de ce site je le trouve très intéressant….et très utile.
    En le lisant je me suis souvenue du passage du plateau. Evidemment le contexte est complètement différent : il s’agissait de reproduite un exercice maintes fois répété. J’avais fait l’inverse de ce qui est décrit : je ne m’était pas observé, je m’étais décrit à l’intérieur de ma tête les actions qu’il fallait que je fasse (là j’accélère, là je passe le rapport supérieur etc….) Ceci dit je m’étais tout de même un peu observé car au moment du demi-tour j’ai failli mettre le pied et je me suis fait la réflexion : « non force-toi à passer ce demi-tour et garde ta cartouche ». Cela avait efficace.
    Et sans réussir à tout observer tel que décrit dans cet article, lorsque je constate que ma trajectoire n’est pas conforme à mon souhait je me reprend en me disant tout bas, met ton regard, là et puis là….C’est toujours efficace. (évidemment je ne parle pas de situation facilement corrigeable)
    Je pense que j’essaierai cet exercice d’observation
    Merci encore

  5. Mes sincères félicitations et mon admiration pour ce site et son auteur. Après plus de quarante ans de moto, cela me permet de formaliser et d’éclaircir ma pratique, mais aussi, du même coup, de l’améliorer. Merci pour ces analyses rigoureuses et instructives

  6. Ah, c’est comme les bonnes séries américaines : au moment le plus palpitant, le générique apparaît et tu sais que tu dois attendre une semaine pour voir la suite…
    Je n’ai encore pas bien compris où tu veux en venir, mais j’attends avec impatience les deux épisodes suivants !

  7. Errare humanum est,connaissant cette formule qui ne date pas d’hier,je pense qu’avec un peu de jugeotte chaque erreur que nous faisons doit être une remise en question,encore faut-il être lucide sur nos propres capacités.En moto il y a autant d’erreur à commettre que de situation à appréhender,rien ne remplace l’expérience de la pratique,et de bons conseils,les votres sont de précieuses piqures de rappels;mais juste une question,ou donnez vous des stages?
    Encore merci.

  8. Tres bon article de fond…qui s’applique à bien plus que la pratique de la moto! Je commence à m’observer aujourd’hui 🙂
    Merci pour le partage !

  9. bonjour,
    décidément, on est gâtés; peut-être parce que je viens de changer de moto, je me sens retourné à l’école…hier ,encore en lâchant le guidon pour rendre son salut à un motard ,j’ai assez élargi le virage pour m’inquiéter: un peu… sans misère véritable.. mais j’aime pas trop, l’article : »se conduire en pilote » m’avait bien parlé, celui-çi me plait bien lui aussi.il faut prendre le temps! c’est là la difficulté , prendre le temps de ressortir les cônes et d’aller « jouer » sur le parking.
    amicalement
    marco

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