La base de la maîtrise de votre machine, c’est de savoir gérer son équilibre à l’arrêt : avec ou sans moteur, à côté de la moto ou sur la machine, à l’arrêt complet ou pour la déplacer.
Première publication en mai 2020.
Conseils et exercices pour apprendre à ne plus avoir peur de sa moto, de son poids, de sa taille et savoir la déplacer avec aisance à l’arrêt ou à très basse vitesse.
Sommaire de l'article
Introduction
La maîtrise de l’équilibre de sa machine à l’arrêt (ou à très basse vitesse) est généralement perçue comme inutile ou « pas important » par le motard moyen.
Après tout, nous faisons de la moto pour rouler, en selle et à plus de 10 km/h…
Cette conviction trouve souvent sa justification dans la très faible place accordée à ce savoir-faire dans la formation initiale à la conduite moto, particulièrement en France.
Il existe bien une épreuve de maniement sans moteur dans la partie « hors circulation » de l’examen du permis de conduire moto A1 et A2, mais cette épreuve est courte, peu exigeante et surtout elle n’est pas éliminatoire.
C’est la seule épreuve pratique où la chute de la moto n’entraîne pas l’ajournement du candidat. Un échec total à cette épreuve n’entraîne pas de note éliminatoire, c’est juste considéré comme une erreur.
Du coup, nombre de formateurs (ceux qui ne visent que la réussite à l’examen, et non la maîtrise de son véhicule) bâclent leur enseignement sur ce savoir-faire, voire l’oublient complètement, le « zappent » de la formation initiale… hélas au détriment des personnes qui rencontrent des difficultés, ou qui souffrent de problèmes d’équilibre, ou qui sont « courtes sur pattes », ou qui visent des motos hautes et/ou lourdes…
Pour ma part, je considère cette compétence comme la base de la maîtrise moto, surtout dans une démarche de sécurité et non de performance.
Ma conviction repose sur un constat simple. Certes, nous passons très peu de temps à l’arrêt ou à basse vitesse : peut-être 1% du temps passé avec notre moto.
Mais ce 1% concentre 80% des chutes !
Qui n’a pas, au moins une fois, perdu le contrôle de sa moto à l’arrêt ?
Quelle moto ne comporte pas les stigmates d’une « petite » chute sur le côté, avec les embouts de guidon griffés et des rayures sur les points saillants, voire un enfoncement du réservoir ?
La perte d’équilibre, c’est-à-dire faire tomber sa moto à l’arrêt, en démarrant, en s’arrêtant, lors d’une manœuvre à très basse vitesse, avec un ou deux pied(s) au sol, est d’ailleurs perçue comme banale, « pas grave ».
Cela nous est arrivé à tous, ou presque.
Certains disent même que cela fait partie de l’apprentissage, « c’est le métier qui rentre » !
Anecdote : c’est ce genre de propos qui m’a convaincu de me lancer dans la formation post-permis moto…
C’était en 2012, j’étais formateur auto et moto indépendant, déjà formateur bénévole pour l’association Casim-France, et membre du forum GS-Fr, sur lequel je lis un jour la mésaventure d’un motard qui raconte comment il a fait tomber sa moto R1200GS en faisant maladroitement un demi-tour sur une route étroite.
Et là, un autre membre lui répond : « c’est normal, cela nous est arrivé à tous et cela nous arrivera encore… »
Je me suis dit que non, qu’il fallait faire quelque chose, qu’on pouvait faire quelque chose pour que ça n’arrive pas ou plus, surtout avec une moto comme la GS qui est une merveille d’équilibre !
J’ai proposé une journée gratuite de formation à la maîtrise de l’équilibre, avec pour objectif d’apprendre à effectuer un demi-tour serré sans pied au sol, ou du moins sans perte d’équilibre.
Je pensais avoir trois pelés… j’ai reçu plein de demandes !
Du coup, nous en avons fait une seconde à Bordeaux, puis une autre dans le Sud-Ouest, puis encore une autre…
Et c’est comme ça que j’ai eu l’idée de créer Passion Moto Formation.
Parce que non, il n’est pas « normal » de perdre le contrôle de l’équilibre de sa moto.
Et qu’il existe des moyens simples de s’exercer à maîtriser cet équilibre, afin de ne plus avoir peur du poids ou du gabarit de sa machine, de ne plus redouter les manœuvres à l’arrêt ou à très basse vitesse, d’acquérir une parfaite aisance dans toutes les circonstances, y compris à cette allure que beaucoup redoutent.
Les chutes à l’arrêt ou à très basse vitesse sont très rarement mortelles. Il peut arriver que l’on se reçoive mal ou que la moto nous tombe dessus, on peut se blesser. Mais clairement, ce n’est pas vraiment une question de sécurité physique.
Par contre, ce genre de chute peut coûter cher en dommages matériels. Et surtout, cela impacte la confiance en soi, ainsi (éventuellement) que la confiance de notre passager.
Pour beaucoup de non-motards, plus ça va vite, plus c’est « difficile », compliqué. A l’inverse, plus la moto va lentement, plus la conduite leur semble « facile ».
Très souvent, ils ne comprennent pas que l’on puisse perdre le contrôle à basse vitesse, pire encore à l’arrêt. Cela leur semble un signe d’un grand manque de maîtrise.
Et d’ailleurs, beaucoup de motards intègrent inconsciemment cette perception. Autant ils ont tendance à relativiser l’importance des chutes à grande vitesse, voire à s’en vanter, autant ils se taisent sur leurs chutes à l’arrêt.
Souvenez-vous de votre réaction lors de votre dernière perte d’équilibre tout seul… N’avez-vous pas eu honte ? Dans ces moments-là, on veut juste relever la moto tout de suite et partir le plus vite possible. Si quelqu’un vient nous aider, on a facilement tendance à l’envoyer balader, par colère contre nous-mêmes.
Nous voyons tous que perdre la maîtrise de l’équilibre à l’arrêt ou à basse vitesse constitue un manque de maîtrise flagrant.
Et pourtant, nous refusons de nous y entraîner. Par confort, par recherche de la facilité, nous refusons de considérer que cette maîtrise est importante, fondamentale.
Bases théoriques
Pourquoi tant de difficultés ?
Simple : la stabilité d’une moto en mouvement dépend principalement de l’effet gyroscopique de ses roues en rotation.
Pour en savoir plus, lire l’article sur le contre-braquage.
A partir de 4-5 km/h, l’effet gyroscopique généré par la rotation des roues suffit à maintenir la moto en équilibre, du moins en ligne droite ou avec très peu d’inclinaison.
En-dessous de cette vitesse, la stabilité est insuffisante et le motard aura tendance à poser un ou deux pied(s) au sol pour s’équilibrer.
Plus la moto prend de l’angle par rapport à la verticale (sous l’action du braquage du guidon ou d’une chaussée en dévers, par exemple), plus le conducteur devra déployer d’efforts physiques pour la stabiliser avec ses jambes.
Outre la masse de la moto entre alors en ligne de compte le placement du centre de gravité de la machine.
C’est lui qui fait la différence entre le poids « réel » de la moto et son poids « ressenti ».
Plus le centre de gravité d’une moto est placé haut, plus grand sera le poids ressenti pour chaque degré d’angle par rapport à la verticale.
Entre 3 et 5 km/h, l’emploi des techniques de maniement à basse vitesse, avec notamment l’effet gyroscopique généré par la rotation du moteur pourra aider à la stabilisation de la moto.
Pour en savoir plus, lire Maîtriser son embrayage.
Mais à très basse vitesse, voire à l’arrêt total, pire encore en étant à coté de la moto, et surtout sans moteur… ce ne sera pas suffisant !
Un seul élément fera la différence : votre maîtrise du point d’équilibre de la moto.
Le terme d’équilibre renvoie à de nombreuses définitions, selon les domaines d’application : biologie, médecine, physique, chimie, économie, géopolitique, arts, philosophie…
Le mot vient du latin aequilibrium, de aequus « égal » et libra « balance, poids ».
Le concept décrit les situations où les « forces » en présence sont égales ou telles qu’aucune ne surpasse les autres.
Un équilibre peut être statique ou dynamique : on parle d’équilibre dynamique (ou instable) lorsqu’il s’agit de maintenir son équilibre en étant en mouvement, alors que l’équilibre statique (ou stable) consiste à maintenir son équilibre tout en restant immobile.
Le domaine d’application qui nous intéresse (la moto) est de deux ordres.
D’abord biologique.
Chez l’humain, l’équilibre statique et dynamique dépend des réactions d’équilibre et des réactions de protection.
Il implique une interaction complexe entre les systèmes vestibulaire, proprioceptif, visuel et moteur : la sensation d’équilibre, ressentie par le cervelet, provient de signaux envoyés par les yeux, l’oreille interne et la peau, tandis que les réactions pour maintenir l’équilibre mobilisent de très nombreux muscles du corps.
L’équilibre, c’est l’état de quelqu’un qui maîtrise sa position et ses mouvements, qui ne tombe pas.
Ensuite physique.
Sur une moto, la notion d’équilibre désigne une position stable du corps et de l’objet moto, dont le poids est partagé également des deux côtés d’un point d’appui, de sorte que ce corps ou cet objet ne bascule ni d’un côté ni de l’autre.
L’équilibre, c’est le fait, pour plusieurs forces ou actions agissant sur un système, de se contrebalancer exactement, ne modifiant en rien son état de repos ou de mouvement.
Au-delà de ces deux notions fondamentales, le mot « équilibre » nous renvoie vers de nombreux concepts positifs et utiles pour la pratique moto :
- l’idée d’un juste rapport, d’une proportion harmonieuse entre des éléments opposés ou de convenable pondération des parties d’un ensemble ;
- l’état du cœur et de l’esprit quand aucun trouble intérieur ou extérieur ne gêne leur fonctionnement normal ;
- un état de psychisme dont la structure et le fonctionnement ne sont gênés par aucun trouble intérieur ;
- un caractère harmonieux, sans prédominance aucune ;
- la juste proportion entre des choses opposées et l’état de stabilité ou d’harmonie qui en résulte.
Le point d’équilibre de votre moto, c’est la position de son centre de gravité parfaitement verticale qui fait que, quelle que soit la masse de votre machine, elle ne pèse rien, ou presque.
Elle tient « debout » toute seule et son poids est si faible que vous n’avez besoin d’aucune force pour maintenir la moto en équilibre.
Ce n’est pas de la magie, mais juste de la physique !
Consignes générales
Les exercices que je vous propose peuvent se pratiquer n’importe où, ou presque, et avec n’importe quelle machine.
Il s’agit avant tout d’exercer votre perception de l’équilibre instable. Ces exercices ne demandent pas d’effort, vous devez employer le moins de force possible. Si vous devez forcer pour réussir, c’est que vous vous y prenez mal.
Je dis souvent que ce sont des « techniques de feignasse » ! Le but est de réussir en vous fatiguant le moins possible. Le moindre effort est ici le signe de la plus grande maîtrise.
Les aptitudes demandées et que vous allez développer relèvent exclusivement de la psycho-motricité.
C’est-à-dire de la coordination des gestes, de la proprioception, de la fluidité de vos déplacements. Jamais de brusquerie, jamais de puissance musculaire. Rien que de l’aisance et de la précision.
Cette précision s’acquiert par la répétition. Il ne suffit pas de pratiquer juste une fois. Il ne suffit pas de réussir une fois, ni même une fois de temps en temps.
Votre démarche doit être de vous entraîner régulièrement et fréquemment. Pas forcément beaucoup, pas besoin de longtemps. Mais au moins cinq à dix minutes (une demi-heure maximum), une fois par semaine si possible ou deux fois par mois, jusqu’à ce que tout devienne facile.
Quand tout passe à l’aise, quand vous arrivez à tout faire en restant relax, décontracté… alors c’est bon !
Tant qu’il y a de la crispation, recommencez, continuez.
Dans la mesure où nous recherchons la précision… vous comprenez qu’il faut prohiber la précipitation.
N’essayez pas d’aller vite !
Les motards ont souvent l’impression que la vitesse montre la compétence : non, pas ici. Très souvent, je vois mes stagiaires vouloir aller vite pour en finir avec ces exercices qui les poussent en dehors de leur zone de confort. C’est justement ce qu’il faut éviter.
Si vous voulez progresser, acquérir ces compétences psycho-motrices, il faut laisser le temps à votre cerveau de ressentir ce que vous faites. Prenez votre temps !
Travaillez votre respiration, concentrez-vous pour vous détendre, bougez lentement, ressentez chacun de vos gestes, apprenez à sentir votre moto, son équilibre si subtil…
Dans votre garage, sur le trottoir, sur un parking, dans une cour, sur du bitume, de l’herbe, du gravier ou de la terre, qu’il fait chaud ou froid, qu’il pleuve ou vente, de jour comme de nuit, en pente ou en dévers… L’environnement importe peu.
Evidemment, ce sera plus confortable dans des conditions optimales : de jour, par beau temps, pas trop chaud, sans vent, sur du plat, dans un endroit calme où vous pouvez vous concentrer sans être dérangés.
Dans la mesure où ces exercices se pratiquent soit sans moteur, soit sans être en selle, la moto n’est pas considérée comme étant « en circulation ».
Vous pouvez vous exercer sur la voie publique sans porter de casque, ni d’autres équipements de protection, obligatoires ou non.
Toutefois, je recommande de toujours porter des gants pour se protéger les mains, même à l’arrêt.
L’objectif restant d’acquérir une aisance optimale en conditions normales d’usage, il est préférable d’apprendre à réussir ces exercices en portant votre tenue motard habituelle.
Prenez en compte qu’au début, vous allez certainement vous crisper et rapidement transpirer. Habillez-vous légèrement pour commencer et prévoyez de quoi vous hydrater.
Vous pouvez vous entraîner seul.
Ces différents exercices ne requièrent pas la présence d’un tiers.
Néanmoins, quand vous débutez, il sera préférable de vous faire assister par quelqu’un qui pourra « assurer » votre moto, vous aider à l’empêcher de tomber au sol en cas de perte d’équilibre.
Cela vous rassurera et aidera à la décontraction.
Pas besoin de quelqu’un de très costaud puisque vous serez deux et que le but est d’empêcher la moto de tomber, pas de la relever. Évitez quand même d’avoir recours à un enfant qui pourrait se faire blesser par le poids de la moto…
Votre « binôme » devra se tenir tout près de la moto, mais sans la toucher. Pas de mains dans les poches, il doit être prêt à intervenir dans la seconde.
L’idéal est généralement qu’il se place de l’autre côté de la moto, au niveau du guidon ou des poignées passager.
Si vous bougez, il doit se déplacer avec vous, dans le même sens, pour ne pas vous gêner.
Encore une fois, sauf en cas de nécessité, il ne doit pas toucher la moto car cela risquerait de modifier l’équilibre de cette dernière et de vous gêner dans l’exercice.
Dans l’idéal, demandez à un(e) pote motard(e) de venir s’entraîner avec vous, chacun avec sa moto, chacun son tour pour assurer l’autre, soit avant de partir en balade, soit au retour, par exemple.
Si vous n’avez personne pour vous aider, vous pouvez commencer par vous exercer avec la moto près d’un mur (le plus lisse possible) sur lequel vous pourrez l’appuyer en cas de perte d’équilibre.
Une fois que vous vous sentez à l’aise, vous pouvez effectuer les exercices seul(e).
Exercices à l’arrêt
Cette série d’exercices à difficulté croissante se pratiquent à l’arrêt complet : pas de moteur, moto immobile.
Le guidon peut être droit (pour commencer) ou braqué, cela ne change pas grand-chose.
Pour vous assurer que la moto ne bouge pas d’avant en arrière, n’hésitez pas à enclencher le premier rapport de boîte afin de bloquer la roue arrière.
Si votre machine n’est pas équipée d’une boîte manuelle, enclenchez le frein de parking.
Pour les scooters… mettez-vous sur un terrain parfaitement plat !
Pour caler la moto sur la première, plusieurs possibilités.
- Si vous arrivez moteur tournant en première, il est facile d’actionner le coupe-circuit (l’arrêt moteur dit d’urgence) ou la clef de contact.
- Si vous préférez garder les mains sur le guidon, il suffit de déplier la béquille latérale pour faire caler le moteur (à condition naturellement que le contacteur de béquille latérale soit présent et opérationnel).
- Si le moteur est à l’arrêt, vous pouvez tout à fait engager la première.
Toutefois, dans la mesure où la boîte de vitesses ne se trouvera alors pas entraînée par le moteur, il est possible que vous éprouviez des difficultés à bien caler les crabots de la boîte.
Il vous faudra faire tourner la roue arrière en bougeant la moto d’avant en arrière sur quelques centimètres, tout en gardant le levier d’embrayage tiré et en actionnant le sélecteur du pied (gauche ou droit, peu importe). - Si cette manœuvre à l’arrêt vous est trop difficile (par manque de maîtrise du point d’équilibre), une solution est de démarrer le moteur sur le point mort avec la béquille latérale sortie, puis d’enclencher la première, ce qui fera immédiatement caler le moteur.
Il ne vous reste plus ensuite qu’à lâcher le levier d’embrayage.
Dans tous les cas, n’oubliez pas de faire légèrement bouger la moto d’avant en arrière pour vérifier qu’elle est bien immobilisée.
Un léger jeu de 5-10 cm est normal (dû au débattement du piston entre point mort haut et point mort bas).
Détecter le point d’équilibre
La toute première étape, fondamentale, consiste à trouver, à ressentir le point d’équilibre instable de votre moto.
Pour cela, elle doit évidemment ne reposer que sur ses deux roues, donc être débéquillée.
Redressez votre machine et placez-vous avec l’axe des épaules parallèle à l’axe de la moto, main gauche sur le guidon (ou tout autre point de prise à l’avant), main droite sur la poignée passager (ou tout autre point de prise situé à l’arrière).
Attention à votre position !
Vous devez assurer la meilleure stabilité possible pour votre corps :
- pieds écartés de la largeur des épaules,
- pieds décalés, un devant, un derrière,
- genoux légèrement fléchis.
Cette position du bas du corps ne changera pas, veillez à bien la garder tout au long de l’exercice, même si vous devez vous déplacer.
Vous commencez avec les deux mains écartées le plus possible l’une de l’autre, main gauche sur le guidon, main droite à l’arrière.
Dans la mesure où vous restez immobile, vous pouvez regarder vos mains.
Position 1
Il s’agit de tenir la moto du bout des doigts.
La main droite vient se placer sur la selle conducteur et se met « en araignée », en ne posant que le bout des doigts sur la selle, sans y plaquer la paume.
La main gauche vient se placer sur l’embout de guidon, en le tenant du bout de deux ou trois doigts.
Regardez bien au loin devant vous et respirez calmement.
Trouvez le point où la moto ne pèse plus rien et tenez le plus longtemps possible, au moins cinq secondes.
Position 2
Il s’agit de tenir la moto d’une seule main.
Sans bouger la main gauche, déplacez la main droite pour la plaquer sur le réservoir (ou ce qui tient de réservoir).
Les doigts sont bien écartés, la paume plaquée, vous devez tenir avec toute votre main droite.
N’hésitez pas à lever le coude droit pour appuyer la main vers le sol, comme si vous vouliez plaquer la moto au sol.
Regardez bien au loin devant vous et respirez calmement.
Quand vous avez trouvé le point où la moto ne pèse plus rien, lâchez la main gauche du guidon.
Tenez le plus longtemps possible, au moins cinq secondes.
Position 3
Il s’agit de tenir la moto d’une seule main et du bout des doigts.
Le point de prise le plus évident est en général le rétroviseur gauche, à condition que celui-ci soit au bout d’une tige.
Si votre moto est équipée de rétroviseurs intégrés au carénage, vous pouvez utiliser l’embout de guidon gauche.
Sans bouger la main droite du réservoir, saisissez le rétroviseur du bout des doigts de la main gauche. Deux à trois doigts suffisent.
Vous pouvez saisir le rétro dans sa hauteur ou dans son épaisseur, l’important est de le tenir du bout des doigts.
Regardez bien au loin devant vous et respirez calmement.
Quand vous avez trouvé le point où la moto ne pèse plus rien, lâchez la main droite du réservoir.
Tenez le plus longtemps possible, au moins cinq secondes.
Position 4
Pour aller plus loin et parfaire le ressenti du point d’équilibre, il s’agit de tenir la moto d’une seule main et du bout des doigts dans l’axe longitudinal de la machine.
Donc, par exemple, au milieu de la bulle ou du saute-vent.
Sans bouger la main gauche du rétroviseur, saisissez la bulle avec le bout des doigts de la main droite.
Placez votre main bien au milieu de la bulle.
Pas de force, deux ou trois doigts suffisent…
Attention, votre bras droit ne doit surtout pas être tendu !
Le coude tendu ferait trembler votre bras. La souplesse du coude fait la souplesse du poignet : décontractez votre bras, relâchez l’épaule droite, fléchissez légèrement le coude droit, gardez le poignet droit souple…
Seuls vos doigts doivent être contractés.
Au besoin, rapprochez-vous du guidon par tout petits pas pour ne pas garder le bras droit tendu.
Regardez bien au loin devant vous et respirez calmement.
Quand vous avez trouvé le point où la moto ne pèse plus rien, lâchez la main gauche du rétroviseur.
Tenez le plus longtemps possible, au moins cinq secondes.
Exercice de validation
Il s’agit de « jongler » avec le guidon.
Toujours avec la moto débéquillée, placez-vous à la hauteur du guidon, à gauche ou à la droite de la machine (au choix).
Les deux mains sont placées sur la poignée de guidon.
Position de stabilité.
Placez le guidon au milieu de votre corps, à la hauteur de votre nombril, de façon à ce que vos deux bras soient fléchis selon le même angle : l’un ne doit pas être plus tendu que l’autre.
Trouvez le point d’équilibre et lâchez une main, celle que vous voulez.
Tenez l’équilibre, sans effort.
Puis allégez votre prise, tenez le guidon du bout des doigts.
Tenez l’équilibre, sans effort.
Attention, le moment délicat approche…
Rapprochez votre autre main du guidon.
Ouvrez la main qui tient le guidon, lâchez-le et reprenez-le de l’autre main !
Le jeu consiste à garder la moto sur son point d’équilibre le plus longtemps possible entre le moment où vous lâchez une main du guidon et celui où vous reprenez ce dernier de l’autre main.
Au début, ce sera une demi-seconde. Assez vite, vous devriez arriver à une seconde.
Si vous vous entraînez bien, vous devriez parvenir à lâcher deux secondes, le temps par exemple de faire un tour sur vous-même.
A l’issue de cette séquence, reprenez le guidon à pleine main, dépliez la béquille latérale et béquillez la machine.
Respirez amplement et décontractez-vous si besoin.
Conserver le point d’équilibre
Ressentir l’existence et le caractère extrêmement précis du point d’équilibre constituait la première étape indispensable.
Il faut maintenant apprendre à le garder, toujours avec la moto immobile, mais en nous déplaçant : dans la séquence d’exercices suivante, le but reste à chaque fois de faire le tour de sa moto en la maintenant toujours au point d’équilibre.
Vous pouvez laisser la béquille latérale dépliée (mais décollée du sol) si cela vous rassure, mais en faisant attention à ne pas vous prendre les pieds dedans.
Comme vous allez faire le tour de votre moto, vous allez devoir la tenir par différents points de prise.
Il est TRÈS important de bien choisir vos points de prise : uniquement des parties de la moto qui ne risquent pas de bouger, de plier, de casser, de se dévisser, de vibrer…
Ces points de prise, vous devez de préférence pouvoir les saisir à pleine main, les entourer de vos doigts, les empoigner.
Si besoin, démontez les bagages amovibles, cela facilite la tâche au début.
Avant de vous lancer dans le premier exercice, je vous recommande de recenser et de tester vos points de prise.
Laissez la moto sur sa béquille latérale et faites-en le tour pour repérer à quels endroits vous allez pouvoir la tenir fermement.
Pour assurer l’équilibre de la moto et pouvoir la rattraper en cas de déséquilibre, vous devez vous tenir en position de stabilité :
- toujours les pieds bien écartés,
- tout le pied bien à plat au sol, pas d’appui sur la pointe de pied ou le talon,
- genoux légèrement fléchis,
- jamais de pieds joints, encore moins de jambes croisées.
Résultat : vous vous déplacez en petits pas chassés, en bougeant lentement, en avançant un peu un pied à la fois.
Comme toujours, le placement du regard est important.
Ne regardez pas vos mains ! Juste un coup d’œil sur le point de prise, c’est tout.
Pas de regard au sol, ni les yeux au ciel.
Regardez votre moto dans son ensemble. Quand vous êtes à l’avant, regardez vers l’arrière de la moto, le bout de la selle ou le haut du top-case. Quand vous êtes à l’arrière de la moto, regardez vers l’avant de la moto, le haut du phare ou de la bulle, par exemple.
Une fois ces trois points de sécurité bien assimilés (position de stabilité, points de prise, placement du regard), vous pouvez commencer.
Premier tour, à deux mains
Il s’agit d’effectuer le tour de votre moto en la tenant toujours à deux mains et en la maintenant en permanence sur son point d’équilibre.
N’oubliez pas de commencer par vous déplacer lentement, doucement, pour bien ressentir les variations de l’équilibre de la moto.
Faites un tour dans le sens que vous voulez (horaire ou antihoraire), puis un tour dans l’autre sens.
D’abord avec le guidon droit, puis guidon braqué, puis guidon braqué de l’autre côté : au moins deux tours à chaque fois, dans chaque sens.
Progressivement, avec l’aisance, vous pouvez chercher à vous déplacer plus vite.
Attention à toujours penser à votre position de stabilité et au placement de votre regard !
C’est le premier exercice démontré par Tom Barrer, à partir de 1’35 et jusque 4’00 :
Quand vous vous sentez à l’aise, vous pouvez passer à l’exercice suivant.
Deuxième tour, à une main
Les fondamentaux de l’exercice demeurent les mêmes, mais cette fois-ci, vous ne tenez votre moto qu’avec une seule main à la fois.
Je dis bien « à la fois » !
Cela signifie que vous pouvez employer les deux mains, mais pas en même temps. A chaque seconde, une seule de vos deux mains doit se trouver en contact avec la machine. Jamais les deux à la fois.
La solution est simple, c’est un jeu de relais permanent, qui donne cet enchaînement (dans le sens horaire) :
- vous saisissez une prise avec la main gauche,
- vous avancez un peu,
- vous préparez la main droite,
- vous lâchez le point de prise de la main gauche et faites un relais au même endroit avec la main droite,
- vous avancez un peu,
- vous préparez la main gauche pour la prise suivante,
- vous lâchez la main droite et saisissez de la main gauche,
- retour à la première étape et ainsi de suite…
D’où l’importance de bien avoir repéré vos points de prise à l’avance !
N’oubliez pas de commencer par vous déplacer très lentement, doucement, pour bien ressentir les variations de l’équilibre de la moto.
Comme pour l’exercice précédent : faites un tour dans le sens que vous voulez (horaire ou antihoraire), puis un tour dans l’autre sens.
D’abord avec le guidon droit, puis guidon braqué, puis guidon braqué de l’autre côté : au moins deux tours à chaque fois, dans chaque sens.
Attention à toujours penser à votre position de stabilité et au placement de votre regard !
Quand vous vous sentez à l’aise, vous pouvez passer à l’exercice suivant.
Troisième tour, sans les mains
Nan, je déconne…
La bonne nouvelle, c’est que vous allez revenir à deux mains. La moins bonne, c’est que vous allez fermer les yeux.
Il s’agit de répéter le premier exercice, mais sans l’aide de la vue.
En vous privant de la vue, vous allez automatiquement augmenter votre sensibilité tactile et améliorer votre proprioception.
Gardez bien les yeux fermés et faites plusieurs fois le tour de votre moto : un tour dans le sens que vous voulez (horaire ou antihoraire), puis un tour dans l’autre sens.
D’abord avec le guidon droit, puis guidon braqué, puis guidon braqué de l’autre côté : au moins deux tours à chaque fois, dans chaque sens.
N’oubliez pas de commencer par vous déplacer très lentement, doucement, pour bien ressentir les variations de l’équilibre de la moto.
Exercices de validation
A ce stade, vous devriez pouvoir réussir sans problème deux exercices de validation de la maîtrise du point d’équilibre.
Le premier consiste à savoir monter sur sa moto (béquillée sur latérale) par la droite, en prenant appui sur le repose-pied de droite.
Cet exercice est expliqué dans cet autre article.
Attention à bien exercer la compensation d’appui sur le guidon gauche !
Quand vous montez et descendez, avec le pied droit sur le repose-pied droit et la jambe gauche dans le vide côté droit de la moto, vous pouvez jouer avec le point d’équilibre.
Selon vos appuis sur le guidon, en bougeant le haut du corps pour éloigner ou rapprocher votre centre de gravité de la machine, en vous penchant vers l’avant vers la gauche ou au contraire en vous redressant, en éloignant ou rapprochant les fesses de la moto… vous allez sentir la moto bouger légèrement.
Le jeu consiste à savoir faire décoller du sol la béquille latérale, mais sans perdre l’équilibre.
Si la moto se redresse trop, il suffit de plier le genou droit pour tout de suite poser le pied gauche au sol et la rattraper.
Au début, vous stressez, mais très vite, vous vous apercevez qu’il est facile de contrôler l’équilibre de la moto.
Le second exercice consiste à savoir monter en selle et descendre sans béquille.
Il s’agit de savoir enjamber la moto, dans les deux sens et de chaque côté, avec la machine au point d’équilibre.
La première partie de l’exercice consiste à passer la jambe droite par dessus la selle sans perdre l’équilibre, en deux étapes.
Première étape : monter.
Pour cela, commencez par vous placer côté gauche de la moto, béquille latérale repliée, les deux mains sur le guidon, les deux pieds au sol.
Tout d’abord, assurez-vous que la moto ne versera pas vers la droite. Le mieux est de la faire légèrement pencher à gauche et de la garder penchée.
Pour cela, braquez le guidon à fond vers la droite et gardez serré le levier de frein avant. La moto va pencher à gauche.
Ensuite, décollez le pied droit du sol, sans le monter trop haut.
Trouvez le point d’équilibre, en pensant à regarder loin droit devant vous.
Quand la moto ne pèse rien, fléchissez les coudes et penchez-vous en avant (sans baisser le regard) pour libérer le bassin et pouvoir monter bien haut vers l’arrière votre jambe droite.
Tout doucement, sans vous presser, en gardant le regard au loin devant, passez la jambe au-dessus de la selle et posez le pied sur le repose-pied droit.
Si vous le souhaitez, vous pouvez vous asseoir sur la selle et même poser le pied droit au sol.
Seconde étape : descendre.
Pour cela, commencez par placer le pied droit sur le repose-pied et tendez la jambe gauche pour décoller les fesses de la selle.
Pensez à tout vérifier : guidon braqué à fond vers la droite, frein avant serré, regard au loin, buste penché vers l’avant…
Levez le pied le plus haut possible et passez la jambe droite par dessus la selle pour poser le pied droit au sol.
Seconde partie de l’exercice : montez et descendez par la gauche au moins trois fois de suite sans erreur.
Une fois que la séquence psycho-motrice est bien acquise, descendez et montez par la droite.
C’est exactement la même technique (en inversant, bien sûr !), mais comme vous n’êtes pas habitués à vous placer du côté droit de la moto, cela vous semblera plus difficile.
Quelques précautions générales :
- Si votre moto est équipée d’un top-case, pensez à bien fléchir le genou pour ne pas taper du pied dedans.
- Si votre moto est équipée de valises latérales, elles risquent de vous gêner. N’hésitez pas à les démonter.
- Si vous manquez de souplesse et que vous n’arrivez pas à lever le pied assez haut, posez le genou sur la selle et faites-le glisser. Cela évitera les rayures de bottes sur la selle.
- Si cet exercice vous fait mal à la hanche ou tire trop dans la jambe, stop ! On n’est pas là pour se faire mal. Passez à la suite.
A l’issue de cette séquence, dépliez la béquille latérale et béquillez la machine.
Respirez amplement et décontractez-vous si besoin.
Autres exercices proposés et démontrés par Bret Tacks (en anglais) :
Déplacer la moto sans moteur
Après avoir ressenti le point d’équilibre à l’arrêt total, puis appris à garder ce point d’équilibre en se déplaçant autour de la moto, il est temps d’utiliser ce point d’équilibre pour déplacer la machine avec le moindre effort possible.
Pour cela, il est éminemment préférable de se placer à côté de la moto.
Je vois beaucoup de motards qui veulent à tout prix se mettre ou rester rester en selle, y compris pour les manœuvres sans moteur. C’est à mon sens complètement idiot.
En selle, avec un pied de chaque côté de la moto, il suffit qu’un seul de ces deux pieds glisse pour que la moto perde l’équilibre. Vous ne pourrez pas la rattraper si le pied ne retrouve pas l’adhérence tout de suite.
Certes, cela ne pose pas forcément problème pour un grand gaillard bien costaud sur une moto basse… Mais si vous avez une machine un peu haute pour vous, ou lourde avec un centre de gravité haut, ou si le sol est glissant ou meuble ou en dévers… vous serez toujours bien plus stable avec les deux pieds bien à plat au sol !
Même si un pied glisse, vous pouvez vous appuyer sur l’autre. Vous pouvez faire contrepoids et retenir la moto qui part du mauvais côté.
Pour ce type de manœuvres à très basse vitesse, quasiment à l’arrêt, et surtout en contexte difficile, n’hésitez pas à descendre de votre moto. Cela prend à peine plus de temps et c’est bien plus sûr.
Surtout maintenant que vous savez monter et descendre de votre moto, par la gauche et par la droite, y compris sans béquille !
En marche avant, en ligne droite
Normalement, c’est le plus facile : en avant, tout droit.
Sur du plat ou en descente, rien de sorcier. En montée, il faudra peut-être s’aider du moteur : voir plus bas.
Moteur éteint ou au point mort, béquille latérale repliée pour ne pas se prendre les pieds dedans.
Pensez à bien respirer et regardez droit devant vous, là où vous voulez aller.
La plupart des gens placent les deux mains sur le guidon. Certains préfèrent placer une main sur la poignée passager afin de mieux contrôler le roulis de la moto. Mais la poussée des jambes est alors moins efficace.
C’est en effet le point le plus important à retenir : le mouvement de la moto est impulsé, non par les bras, mais par les jambes. Les bras ne font que transmettre la poussée des jambes.
Plus vous serez arc-boutés sur la moto, les pieds en arrière, le corps penché en avant, plus la poussée sera efficace.
Problème, cette position suppose de se détacher de la moto, de s’en éloigner… ce qui rend indispensable la bonne maîtrise du point d’équilibre.
Au début, je vous recommande de « coller » à la moto.
Prenez-la en appui sur vous, sur la hanche droite, au niveau du réservoir ou de la selle, selon votre taille et les dimensions de la machine.
A mesure que vous progressez, vous vous détacherez de la moto et votre poussée sera plus efficace, tout en conservant le point d’équilibre.
Dernière technique possible : se placer à droite de la moto, avec la béquille latérale dépliée.
Pas de risque de se prendre les pieds dedans.
Et cela permet de prendre la moto en appui sur soi si elle part à droite ou de la poser sur la béquille si elle part à gauche.
A condition toutefois que la béquille ne se replie pas à cause du mouvement vers l’avant de la moto ou en butant sur une bosse, un caillou au sol, etc.
Cette technique fonctionne, mais sur terrain parfaitement plat et encore mieux si votre machine est équipée d’un verrouillage de la béquille latérale dépliée, comme sur Harley.
Une fois arrivés, avant de poser la moto sur la béquille, vérifiez visuellement qu’elle ne s’est pas repliée.
Si elle s’est repliée, même partiellement, il ne faut surtout pas poser la moto dessus !
Trois solutions :
- si vous êtes grand(e) et/ou si la moto est basse, vous pouvez vous pencher par dessus la selle pour déplier la béquille à la main ;
- si ce n’est pas possible, il faut faire le tour de la moto en la maintenant au point d’équilibre (voir exercice précédent) ;
- ou enjamber la moto en montant en selle par la droite (voir exercice précédent).
En cas de forte montée
Inutile de s’épuiser : il faut employer le moteur.
Moteur allumé, premier rapport engagé, on fait avancer tout doucement la moto avec le point de patinage d’embrayage, avec au besoin du gaz si la pente est forte.
Pour en savoir plus, lire Maîtriser son embrayage.
Comme quoi, la marche avant en ligne droite est plus complexe qu’il n’y paraît…
En marche avant, en tournant
Là, ça se corse un peu…
Beaucoup de pertes d’équilibre sur ces manœuvres, du fait du braquage de guidon qui modifie le point d’appui du pneu avant au sol : le centre de gravité de la moto ne se trouve alors plus dans l’axe entre le pneu avant et le pneu arrière, la moto penche tout de suite vers l’intérieur du virage.
Dans un premier temps, le plus sûr reste de vous arrêter, de braquer le guidon, puis de reprendre le déplacement.
Dans un second temps, il s’agit de vous entraîner à redresser la moto vers l’extérieur du virage afin de compenser le surcroît de poids, afin de (comme toujours) retrouver un point d’équilibre.
Pour cela, deux possibilités :
- soit prendre la moto en appui sur soi, sur la hanche ;
- soit se placer parallèle à la machine, une main sur le guidon, l’autre sur la poignée passager, les pieds bien écartés et surtout décalés, afin de bien contrôler le roulis de la moto.
Dans la mesure où vous êtes à gauche de la moto, anticipez que la moto va pencher vers vous en tournant à gauche et de l’autre côté en tournant à droite.
Si elle penche vers la droite, il s’agit de faire contrepoids, soit en la penchant d’emblée à gauche pour la prendre en appui sur votre hanche, soit en penchant votre corps en arrière tout en poussant sur les jambes.
Commencez par faire des ovales, en tournant toujours dans le même sens, le temps de vous habituer. Puis changez de sens.
Une fois que vous vous sentez à l’aise des deux côtés, faites des « 8 », en enchaînant demi-tour à droite et demi-tour à gauche.
Comme pour la ligne droite : moteur éteint ou au point mort, béquille latérale repliée pour ne pas se prendre les pieds dedans.
Sur du plat ou en descente, rien de sorcier.
En montée, il faudra peut-être s’aider du moteur : voir plus haut.
Pensez toujours à bien respirer et regardez à l’avance, là où vous voulez aller, ni au sol, ni la moto.
En marche arrière, ligne droite
La marche arrière à moto (sans rapport de boîte dédié et sans démarreur qui tourne à l’envers pour faire reculer la moto, comme sur les Honda Goldwing) fait souvent stresser les motards.
Principalement parce qu’ils n’y sont pas habitués / entraînés…
Voir l’introduction du présent article.
Pour une marche arrière en ligne droite sur terrain plat
Il est possible de placer les deux mains sur le guidon, avec la moto en appui sur soi, mais cette méthode empêche de bien regarder derrière soi. A réserver pour de courtes distances et en milieu sécurisé.
Il est préférable de pousser la moto avec une main à l’arrière, qui transmet la poussée des jambes.
Beaucoup placent la main droite sur la selle arrière, sur le dosseret ou à plat sur la selle. Selon mon expérience, c’est une mauvaise idée : on n’a aucune prise, la main glisse et reste incapable de rattraper la moto en cas de perte d’équilibre.
Il est préférable de pouvoir assurer une prise solide, soit avec la poignée passager, soit avec la sangle de selle quand il y en a une.
Comme pour la marche avant : moteur éteint ou au point mort, béquille latérale repliée pour ne pas se prendre les pieds dedans.
Pensez toujours à bien respirer et regardez à l’avance, là où vous voulez aller, ni au sol, ni la moto.
Pour une marche arrière en ligne droite en montée
Avec une machine légère et sur une petite montée, pas de problème.
Mais dans tous les autres cas, on va en baver !
La solution la plus simple consiste alors à faire demi-tour et à attaquer la pente en marche avant avec moteur (voir plus haut).
Si ce n’est pas possible…
On peut se placer avec les deux mains sur le guidon, moto en appui sur la hanche, les pieds vers l’avant, on tire sur le guidon en utilisant la poussée des jambes.
Gardez toujours un doigt sur le frein avant pour arrêter la moto si elle part en avant. Pour donner l’impulsion de départ, une idée est de bloquer la moto au frein avant, de comprimer la fourche et d’utiliser la détente de fourche (en lâchant le frein au même instant) pour envoyer la moto en arrière.
Autre solution, si la moto est équipée de valises latérales, plaquez vos fesses contre une valise et poussez sur les fesses avec les jambes, ça fonctionne bien en général.
Dans cette position, on a souvent une main sur le guidon pour diriger et l’autre sur une poignée passager pour contrôler le roulis.
Pour une marche arrière en ligne droite en descente
Là, c’est souvent la panique : dès que la pente est un peu prononcée et/ou avec une moto bien lourde, le poids de la machine l’entraîne dans la descente et la perte d’équilibre arrive très vite.
Pour éviter l’emballement de la moto qui part toute seule, deux possibilités.
La première technique est assez évidente : utiliser le frein avant.
Les deux mains sur le guidon (ou seulement la main droite, si vous êtes placé à droite de la moto), la moto en appui sur soi, on freine pour ralentir la machine, voire l’arrêter.
En dosant le freinage de manière à juste faire lécher les plaquettes sur le disque, on peut contrôler la vitesse de la moto, la faire reculer très lentement sans la bloquer.
Efficace, mais…
- on ne peut pas (ou mal) regarder ce qui se passe derrière nous ;
- si on freine trop fort, la roue avant se bloque et chasse ;
- cette technique fonctionne moins bien sur terrain meuble ou glissant.
La seconde technique : utiliser l’embrayage.
Même avec le moteur à l’arrêt, il est possible de bloquer la transmission afin d’arrêter la rotation de la roue arrière.
Cette technique est beaucoup plus sûre que la première.
Elle permet de contrôler la vitesse de la moto avec la main gauche, ce qui autorise à placer la main droite à l’arrière de la moto pour en contrôler le roulis et facilite la vision vers l’arrière.
Aucun risque de bloquer la roue avant, par définition !
Et même si vous bloquez la roue arrière, celle-ci est fixe, elle ne peut pas pivoter.
De plus, la moto est en appui sur la roue arrière, ce qui lui confère une meilleure adhérence, y compris sur terrain meuble.
En marche arrière, en tournant
Il va falloir combiner tout ce que vous avez appris précédemment avec les autres exercices.
Là encore, commencez simple : sur terrain plat, en tournant dans un seul sens, puis dans l’autre, puis des « 8 ».
Si vous voulez vraiment aller loin, la même chose sur un dévers, avec de la descente et de la montée.
Impossible ?
Pour tout vous dire, c’est ce que je fais tous les jours pour sortir ma moto professionnelle R1200RT de mon garage.
Bécane de plus de 300 kg (hors chargement), stationnée en marche avant en montée, avec sortie du garage directement dans une rue à sens unique où les voitures arrivent par la gauche, dans mon dos…
Je laisse la moto avec la 1e engagée, je débraye pour la libérer, je la recule en descente très lentement, en vérifiant par dessus mon épaule ce qui arrive derrière moi dans la rue.
Quand la voie est libre, je laisse la moto reculer en roue libre pour traverser la rue, puis je lui fais faire un virage à 90 degrés à droite en marche arrière en léger dévers pour la mettre sur le trottoir dans le sens du départ.
Si je ne maîtrise pas son point d’équilibre, c’est la moto par terre chaque jour…
Quelle utilité ?
Rappelez-vous que le but de tous ces exercices de feignasse reste de se fatiguer le moins possible !
La maîtrise du point d’équilibre permet de déplacer et manœuvrer une moto, quelle que soit sa masse, en maintenant un poids le plus léger possible, ce qui permet de consacrer sa force au mouvement, au déplacement, et non juste à empêcher la moto de tomber.
Plus de maîtrise, c’est moins de fatigue, donc plus de sécurité !
L’autre objectif pédagogique, plus indirect, est de vous apprendre à ressentir votre moto (par la proprioception) sans avoir besoin de la voir, pour ne plus la regarder.
Le fondement de la conduite de sécurité, c’est l’anticipation, elle-même fondée sur l’observation de l’environnement, la détection des dangers visibles et l’analyse des dangers potentiels.
Bien anticiper à moto impose de ne plus avoir besoin de réfléchir au maniement de sa machine, de savoir la diriger de façon quasi instinctive, de ressentir ses réactions… le tout sans la regarder, ni même la voir, en ne craignant pas de totalement la quitter des yeux.
Et cette aisance s’acquiert en commençant à l’arrêt.
La base, c’est de maîtriser le point d’équilibre sans être sur la moto.
Puis en étant en selle, à l’arrêt. Puis à basse vitesse. Puis à moyenne vitesse. Puis à grande vitesse. Puis sur différents revêtements. Puis dans différentes conditions climatiques. Et ainsi de suite…
Mais la base de la maîtrise, ça commence à l’arrêt.
Tous les stages de formation initiale des motocyclistes de la gendarmerie au CNFSR de Fontainebleau démarrent par la « prise en main », c’est-à-dire par pousser la moto sans moteur.
Une tradition qui remonte aux débuts de l’école, quand les garages étaient situés en ville et à proximité d’un hôpital : pour limiter les nuisances sonores, les élèves devaient pousser leurs motos pendant une certaine distance avant de les démarrer.
Facile, pensez-vous… Les stagiaires partent du garage X1 pour emmener à pied leur moto Yamaha WRR 250 jusqu’au polygone de pistes techniques, soit 1 km de ligne droite mal bitumée.
Dur, mais pas dramatique, dites-vous… Cela se fait au pas de course et avec l’équipement enduro complet, bottes TT aux pieds et casque sur la tête.
Et à l’arrivée, ça enchaîne sur plusieurs centaines de mètres dans la terre et le sable !
C’est la méthode « dure », la manière forte… La mienne est plus douce, plus progressive, plus adaptée aux civils, à la variété des personnes et des machines.
Mais la finalité reste la même.
Pour en savoir plus sur la maîtrise de l’équilibre à basse vitesse (en dynamique, sur la moto, avec le moteur), lire Sentir l’équilibre de sa machine.
Lumineux, lumineux, lumineux, tous tes articles sont lumineux et m’accompagnent au quotidien.
Je passe très bientot la circu et hier je suis allée faire un tour en concession pour commencer à affiner le choix de ma première grosse moto. Ce que je voulais éviter : réserver un essai sur une moto, monter dessus à l’arrêt et ne pas me sentir bien. Je me sens de plus en plus attirée par la CB500X, super confortable, native A2.
Sauf qu’avec mon mètre70, je ne touche pas les deux pieds bien à plat comme avec mon shadow 125. Comment la sortir du garage sans soucis (je dois faire une marche arrière avec un petit virage en descente). Avec le shadow, pas de soucis, je le fais en restant dessus (je sais… solution de facilité pour moi bien que tu m’ai fait faire des exercices d’équilibre).
Mon mari a eu le permis avant moi, il l’a fait tomber à l’arrêt (même pas en descente, mauvaise gestion de l’allure lente). Et du coup ça m’a beaucoup refroidi. Puis j’ai eu l’idée de venir fouiller ici (pourquoi ne l’ais-je pas eu plus tôt ??) . Bien sûr manoeuvre en restant au sol à côté avec la première enclenchée et gestion de l’embrayage !! CQFD !!
Pour éviter toute mauvaise surprise sur les routes je pense tout de même faire rabaisser la moto afin d’éviter les surprises en cas de trous sur la chaussée lors de freinage au stop par exemple !
Merci encore pour tous tes conseils. On se retrouvera sûrement lors d’un stage !!
Merci pour ton témoignage !
Ma chérie roule depuis deux ans en CB500X rabaissée et elle mesure 1,58 m. Donc c’est largement faisable.
Précision : il s’agit d’un millésime 2017, avec roue avant de 17 pouces et selle plus basse.
A partir de 2019, le modèle passe en roue avant de 19 pouces et la hauteur de selle passe de 81 à 83 cm.
Hello, je n’avais pas vu ton message. J’ai passé ma circu jeudi 27, je n’ai pas encore les résultats mais d’après mon moniteur c’est bon. Il y a une 500x en occasion sur Grenoble dans une concession. Non rabaissée je pourrais l’essayer tranquille sur des routes plates pour ne pas me faire surprendre. Les deux pieds au sol, je touche une bonne moitié de pied, je peux en avoir un bien à plat sans trop déhancher. Ensuite si elle me convient, je la fais rabaisser + évenuellement creuser la selle, il y a un très bon sellier de ta liste à Bourgoin. C’est une 2019 mais merci de ton retour ! Elle me fait de plus en plus envie ! La Z650 de l’école, je suis trop pliée, trop penchée en avant. (toi qui connais Pascal mon mari, imagines le dessus). Encore merci Fab.
Bonjour!!
Tout ça est tres tres intéressant : : Est il possible de trouver un formateur pour aider à perdre cette peur de la perte d’équilibre à l’arrêt.?.?Je suis à Toulouse.
Salutations
Voir ici :
https://passion-moto-formation.com/categorie-produit/gerer-son-equilibre/
Je serai justement à Toulouse la semaine prochaine, du 8 au 11 octobre 2021.
Bonjour,
Je me suis retrouvé aujourd’hui dans une situation embarassante. Je suis allé voir des amis pour la 1ère fois chez eux ; ils ne sont pas motards mais moi si et je me suis retrouvé en haut d’une belle pente étroite et en cul de sac. Après avoir garé la moto parallèlement à la route et enclanché la 1ère, je me suis trouvé bien emmerdé pour repartir : il fallait que je fasse des manoreuvres en pente pour faire demi-tour. J’ai eu tellement peur de faire tomber la bécane que j’ai demandé de l’aide…Bref, la honte!
Quelle est la meilleure façon de se garer et de repartir dans de telles conditions?
Merci
Je dirais celle-ci :
https://moto-securite.fr/demi-tour/#En_se_placant_a_cote_de_sa_moto
Pour se garer, tu as bien fait : en montée, moto face à la pente, 1e enclenchée, roue arrière bloquée…
Après, il faut penser en arrivant à se mettre sur le côté de l’espace disponible, pas au milieu.
Pour repartir, on va braquer à fond et se laisser descendre pour placer la moto en travers de l’espace, perpendiculaire à la pente.
En faisant toujours attention à la mettre en appui sur le pied côté montée !
Puis, braquage du guidon dans l’autre sens pour se laisser descendre en marche avant dans la descente.
Explications ici :
https://youtu.be/CF0IyLn4oEo?t=387
Juste pour illustrer le sujet, une petite mésaventure qui m’est arrivée l’an dernier :
Chute à très basse vitesse à 300 mètres de chez moi (comme quoi…) en voulant céder le passage à un véhicule venant en sens inverse dans une rue étroite où je m’apprêtais à m’engager sur ma droite : la chaussée était encore très légèrement humide d’une averse survenue durant la nuit, et il restait quelques tout petits déchets d’un élagage effectué la veille.
Ai-je légèrement freiné sur l’angle ?
Je n’en ai pas souvenir, mais toujours est-il que la roue avant s’est dérobée entrainant ma (lourde) chute sur le coté droit, les mains toujours sur le guidon.
Outre des dégâts matériels fort couteux, j’ai surtout souffert d’une « fracture de Benett » du pouce de la main droite (dite « fracture du boxeur »), assez courante chez les motards parait-il selon l’urgentiste, qui m’a valu plus de deux mois d’arrêt de travail et a engendré aujourd’hui encore une légère perte d’amplitude des mouvements de mon pouce.
Comme quoi, même à basse vitesse, une chute peut faire mal !… 😉