Moto lourde et/ou haute ? Plus chargée que d’habitude ? Stationnée en dévers à gauche ? Dans certaines situations, il peut s’avérer compliqué de redresser une moto posée sur sa béquille latérale. Deux petites astuces toutes simples peuvent vous aider à y parvenir sans vous fatiguer.

Première publication en mai 2022.

Cet article peut être lu en complément de Adapter sa moto pour les petites tailles.

Introduction

Dans un précédent article publié en 2017 (Se mettre en selle avec aisance), j’expliquais comment monter et descendre de sa moto avec facilité, même dans des circonstances qui compliquent ce geste apparemment simple.
Mais parfois, il s’avère tout aussi difficile de redresser la machine, une fois que vous êtes bien installés en selle.

Nous allons voir comment se faciliter la vie et accomplir sereinement cet autre geste qui lui aussi peut sembler basique, mais se révèle parfois compliqué pour certaines personnes, dans certaines situations ou avec certaines motos.

Encore une fois, je traite là d’un sujet qui semble « naturel », donc dénué d’intérêt, pour la plupart des motards expérimentés, hommes, en bonne condition physique, assez grands pour leur moto, qui roulent avec une machine plutôt légère et ne s’aventurent jamais dans des endroits qui pourraient les mettre en difficulté.

Mais un certain nombre de motardes et motards, certains avec des jambes un peu courtes ou pas assez musclées, certains qui ont choisi un maxi-trail ou un gros custom de plus de 300 kilos, certains qui ont des douleurs ou un handicap à la hanche ou au genou gauche, d’autres qui vont béquiller en tout-terrain sur des terrains meubles ou en pente ou en dévers… savent de quoi je veux parler.

Consignes de sécurité

Nous partons d’une situation où vous avez béquillé votre moto sur sa béquille latérale. La machine est inclinée sur sa gauche et vous éprouvez une difficulté à la redresser pour démarrer, puis quitter les lieux.

Quelle que soit la situation, il faut veiller à stabiliser le plus possible la machine.
Notamment en s’assurant qu’elle ne bougera pas d’avant en arrière.

La solution évidente est d’actionner le frein avant et de le maintenir serré, afin d’immobiliser la moto le temps du débéquillage.

Une autre solution consiste à enclencher un rapport, en général le premier, afin de bloquer la boîte de vitesses, donc la roue arrière, donc la moto dans son ensemble.

Pour caler la moto sur la première, plusieurs possibilités :

  • Si vous arrivez moteur tournant en première, il est facile d’actionner le coupe-circuit (l’arrêt moteur dit d’urgence) ou la clef de contact.
  • Si vous préférez garder les mains sur le guidon, il vous suffit de déplier la béquille latérale pour faire caler le moteur (à condition naturellement que le contacteur de béquille latérale soit présent et opérationnel).
  • Si le moteur est à l’arrêt, vous pouvez tout à fait engager la première.
    Toutefois, dans la mesure où la boîte de vitesses ne se trouvera alors pas entraînée par le moteur, il est possible que vous éprouviez des difficultés à bien caler les crabots de la boîte.
    Il vous faudra faire tourner la roue arrière en bougeant la moto d’avant en arrière sur quelques centimètres, tout en gardant le levier d’embrayage tiré et en actionnant le sélecteur du pied (gauche ou droit, peu importe).
  • Si cette manœuvre à l’arrêt vous est trop difficile (par manque de maîtrise du point d’équilibre), une solution est de démarrer le moteur sur le point mort avec la béquille latérale sortie, puis d’enclencher la première, ce qui fera immédiatement caler le moteur.
    Il ne vous reste plus ensuite qu’à lâcher le levier d’embrayage.

Dans tous les cas, n’oubliez pas de lâcher complètement le levier d’embrayage et de faire légèrement bouger la moto d’avant en arrière pour vérifier qu’elle est bien immobilisée. Un léger jeu de 5-10 cm est normal.

Manoeuvres alternatives

Dans une situation où la moto se trouve soit tellement penchée sur sa gauche, soit tellement lourde qu’elle en devient difficile, voire impossible, à redresser pour partir, un motard avec un bon niveau de maîtrise peut employer des techniques qui permettront de partir sans s’asseoir en selle.

Il est par exemple de partir avec un démarrage que j’appelle « à l’indienne », ou que d’autres appellent « façon cycliste ». Il s’agit de démarrer le moteur et de partir, en même temps qu’on monte sur le repose-pied gauche.

L’idée générale est de redresser la moto d’abord, avec les deux pieds au sol, avec la force des bras et surtout des deux jambes. Ensuite, il est possible de partir avec le pied gauche sur le repose-pied gauche, afin d’enfin enjamber la selle dans un dernier temps, avec la moto déjà roulante.

Comme Bret Tacks l’explique (en anglais) et le démontre dans cette vidéo :

On pourrait également envisager de monter en selle sans béquille, après avoir bien sûr redressé la moto.
Cela fera l’objet d’un autre article.

Mais ces différentes techniques requièrent un niveau de maîtrise technique de l’équilibre et des commandes de sa moto que beaucoup de motardes et motards ne possèdent pas, hélas…
Elles n’ont rien d’extraordinaire et peuvent facilement s’acquérir avec une à deux heures d’entraînement, mais la plupart des motards n’ont pas envie de s’entraîner et/ou ont trop peur de faire tomber leur machine.

C’est pourquoi je propose les deux astuces qui suivent et qui elles ne nécessitent aucun pré-requis technique.

Changer le braquage du guidon

Mon premier conseil est tout simple, et pourtant grandement méconnu.

Pourquoi ? Encore une fois, c’est une conséquence inconsciente d’une habitude inculquée très tôt dans l’apprentissage de la conduite moto. En école moto, le formateur vous a appris à monter par la gauche, parce que la béquille latérale se trouve à gauche (par simple héritage des traditions équestres), ce qui fait que la moto penche sur sa gauche et qu’il est plus facile de l’enjamber par ce côté.

Et il vous a également appris deux points de sécurité pour stationner la moto :

  • passer au point mort et laisser la moto stationnée au point mort ;
    Voir ce que j’en pense avec Réflexions sur le point mort et la roue libre
  • braquer le guidon à gauche pour que la moto penche encore un peu plus sur sa gauche, pour qu’elle reste bien posée sur la béquille latérale.

Du coup, quand ils montent en selle, la plupart des motards gardent machinalement le guidon braqué vers la gauche, y compris pour redresser la moto… alors que c’est justement fait pour qu’elle s’incline plus et reste inclinée !
Certains ont l’idée de redresser le guidon pour le mettre « droit », perpendiculaire à l’axe longitudinal de la moto.
Mais très peu pensent à le braquer vers la droite…

Braquer le guidon vers la droite aide à redresser la moto !
En changeant le point de contact du pneu avant avec le sol, on modifie l’inclinaison de la machine qui se redresse légèrement.
Par ailleurs, en changeant le braquage de guidon, on change aussi le bras de levier mis en oeuvre par vos appuis des mains sur le guidon. Au lieu de tirer sur votre main gauche pour essayer de redresser la moto, vous allez appuyer sur votre main droite.
Et ô surprise : cela fonctionne beaucoup mieux !

Si vous avez une moto lourde à redresser, braquez le guidon à fond à droite et appuyez sur la poignée droite du guidon.

Utiliser l’appui du pied

Mon second conseil relève lui aussi du bon sens, il suffit d’y réfléchir dix secondes…
Pourquoi se contenter des appuis des mains sur le guidon ?

Les appuis des pieds sont fondamentaux, mais trop souvent négligés en conduite moto.
Toute personne qui possède un minimum de technique en conduite moto tout-terrain, avec une position de conduite debout sur les repose-pieds, connaît et comprend l’utilité des appuis des pieds.

La gestion de l’inclinaison de la moto avec les appuis des pieds constitue un fondement essentiel des techniques de conduite en moto trial.
Je ne saurais trop vous conseiller d’acquérir au moins les bases de ces techniques qui peuvent ensuite être facilement transposées à la conduite sur route, au maniement à basse vitesse et à la conduite en virages.

Le trial peut se pratiquer en loisir du dimanche comme en compétition. C’est une des disciplines sportives moto les plus accessibles matériellement et financièrement : motos légères et de petite cylindrée, faciles à transporter et très peu volées ; équipement minimal et léger (casque, gants, bottes, genouillères) ; pas besoin de vastes terrains, ni d’aménagements complexes…

Pour ce qui nous occupe aujourd’hui, l’utilisation des appuis des pieds repose sur deux principes simples :

  1. Il est plus efficace d’utiliser l’appui des deux jambes en plus des deux bas ;
  2. Pour utiliser l’appui des deux jambes, la jambe gauche pousse sur le sol, la jambe droite appuie sur le repose-pied.

En bref, ne laissez pas le pied droit au sol à ne rien faire…

Si vous avez une moto lourde à redresser, posez le pied droit sur le repose-pied droit et appuyez dessus.

Le saviez-vous ?

Passion Moto Sécurité est un site gratuit et bénévole.
Pour soutenir notre démarche d’information pour la sécurité routière des motards, vous pouvez nous aider (à partir de 1 euro ou juste en visionnant des publicités) grâce à la page Tipeee !
Pensez-y…
Merci d’avance !

Conclusion

Bien évidemment, pour une efficacité maximale, combinez les deux conseils :

  • montez en selle (par la gauche ou la droite)
  • posez le pied gauche au sol, le pied droit sur le repose-pied
  • posez les deux mains sur le guidon
  • braquez le guidon à fond vers la droite, jusqu’en butée de direction
  • appuyez sur la poignée droite
  • en même temps, poussez sur la jambe gauche et appuyez sur le pied droit

La moto se redresse alors TRES facilement.
Attention, inutile d’appuyer fort : vous risqueriez de franchir le point d’équilibre et de pencher la moto vers la droite, alors que votre pied droit se trouve sur le repose-pied, et non au sol.
Dans la plupart des cas, sur sol plan et avec une moto non chargée, un appui léger, en souplesse, suffit à redresser la moto.
Ce n’est que dans les cas (rares) où vous avez béquillé une moto bien chargée dans un dévers à gauche que vous serez obligés d’employer toute votre force.

Technique résumée et démontrée par Eddie, de MotoJitsu :

4 thoughts on “Redresser une moto sans effort”
  1. Merci pour cet articles et tout les autres, je suis pas tres grand et j’apprends beaucoup, le gnre de choses que l’on devrait apprendre au permis moto…

  2. Monter par la droite pied droit sur le cale pied permet de contrebalancer une moto lourde, et de soulager immédiatement la béquille côté gauche , bras fragile;

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