Exemple-type de la manœuvre qui semble basique, mais peut poser problème quand on doit béquiller une moto lourde sans utiliser la technique appropriée. Conseils et astuces pour ne plus galérer à mettre sa moto sur béquille centrale et à la descendre.

Première publication en mai 2020

Résumé

Astuces et conseils pour apprendre à béquiller une moto sur béquille centrale et la débéquiller, sans effort, sur sol plat, en montée ou en descente.

Introduction

L’usage de la béquille centrale se perd peu à peu…

Cet accessoire équipe de moins en moins de motos.
Très répandu dans les années 1980 et 1990, il se raréfie et n’est presque jamais proposé de série (sauf sur les GT) mais souvent en option, parfois fort cher.
Au nom du gain de poids (quitte à utiliser une béquille d’atelier pour l’entretien de la chaîne) et surtout d’économies d’échelle pour les constructeurs, la béquille centrale se fait rare, surtout sur les modèles d’entrée de gamme.

Conséquence, l’épreuve de béquillage sur centrale à l’examen plateau pour le permis de conduire a totalement disparu depuis 2013, après avoir été « en option » depuis le début des années 2000.
Beaucoup de motards formés au cours des 20 dernières années n’ont jamais appris à béquiller sur centrale.

Et il faut bien avouer que la plupart d’entre eux s’en passent très bien puisqu’ils roulent majoritairement sur des motos équipées seulement d’une béquille latérale.

Jusqu’au jour où ils achètent une routière, un trail routier, une moto de grand tourisme… ou une BMW (dernier constructeur à proposer une centrale de série sur presque tous ses modèles).
Et là, ils se retrouvent à 40, 50 ou 60 ans, avec une bécane de 250 ou 300 kg à béquiller sur centrale, sans savoir comment faire… Un peu comme une poule devant un couteau.

Un certain nombre renonce et continue à se débrouiller sans béquille centrale. On vit très bien sans.
Mais il faut aussi reconnaître que cela reste bien pratique, quand même. Non seulement pour l’entretien de la chaîne de transmission secondaire si la moto en a une, mais aussi pour le chargement des bagages, ou encore pour stationner la moto bien stable.

Il est utile (pas nécessaire, mais utile) de savoir béquiller (et débéquiller, du coup) sa moto sur centrale.

En fonction de la taille du motard, du poids de la moto, de la conception de la machine (emplacement de la béquille, présence ou non d’une poignée de béquillage), de la pente du terrain (ou du dévers), la tâche peut s’avérer plus ou moins ardue.

Mais j’insiste bien sur le fait que l’aisance sur le béquillage / débéquillage de centrale repose avant tout sur une maîtrise technique, et non sur la puissance musculaire.
La force aide, c’est certain, mais la technique est fondamentale.
Avec la bonne technique, on peut lever n’importe quelle moto, quel que soit son poids.

Témoin cette vidéo :

J’ai cherché des vidéos en français pour illustrer mon propos. En vain… Impossible de trouver une seule vidéo correcte sur ce sujet : soit la qualité d’image est mauvaise, soit la technique montrée n’est pas bonne, soit les propos tenus (y compris par des pros) comptent trop d’inepties, soit le son est inaudible…
J’ai été obligé d’opter pour des vidéos en anglais.

Béquillage

Pour bien préparer son action et mettre toutes les chances de son côté :

  • se positionner de préférence sur un terrain ferme, plat et plan, sans dévers ni pente ;
  • s’assurer d’être au point mort ;
  • pour s’entraîner , alléger la moto au maximum ;
  • épaules parallèles à la moto (et non perpendiculaires), dos droit ;
  • main gauche sur le guidon, pour le mettre et le garder droit (ne pas tirer dessus pour éviter de tourner la roue avant, ça gêne le béquillage) ;
  • main droite paume vers le ciel, sur un point de prise solide, qu’on peut saisir pleinement (entourer de la main), pas trop loin en haut ni en arrière, accessible sans avoir à plier le dos ;
  • pied gauche bien posé à plat au sol ;
  • pied droit sur l’ergot de la béquille centrale, au niveau de la plante du pied (la partie la plus large, juste derrière les orteils, pas le bout du pied).

Ensuite, enchaîner ces actions, l’une après l’autre :

1. Appuyer sur le pied droit pour enfoncer la béquille et amener les deux points de contact sur le sol.
Poser le genou droit en contact avec la moto.
Lâcher les deux mains, la moto doit tenir en équilibre sur un triangle de sustentation constitué du pneu avant et des deux points de contact de la béquille centrale.
Si la moto penche vers soi, la repousser du genou.
Si elle commence à pencher vers la droite, appuyer sur le pied pour la ramener vers soi.

Une fois la moto posée en équilibre sur les deux points de la béquille, il faut garder cet équilibre tout au long du béquillage.
La grosse erreur est de tirer la moto vers soi, par peur qu’elle tombe vers la droite.
La moto doit rester droite.
Rappel : ne pas tirer sur le guidon, ni vers l’arrière, ni vers soi.

2. Simultanément, exercer une traction du bras droit (travail du biceps) + une poussée sur le pied droit.

Point important : main droite paume vers le ciel !
La traction du bras droit doit être VERTICALE.
Pas besoin de tirer vers l’arrière, ne pas vriller le dos, il faut rester face à la moto, les épaules parallèles à la moto.
Juste tirer sur la main vers le haut, en prenant appui sur le pied droit.

Il ne suffit pas de mettre le poids du corps sur le pied, il faut vraiment appuyer FORT sur le pied droit avec les muscles de la cuisse.
C’est l’appui de la cuisse sur la jambe qui fait la différence.

Regarder vers l’arrière aide, mais ne change pas grand-chose.

Le geste n’est pas toujours facile à sentir et acquérir, mais une fois qu’on a la technique, ça béquille très facilement, avec très peu d’effort.
Même réservoir plein et moto chargée.

Illustration en vidéo et en anglais.

Débéquillage

Perso, j’ai recensé quatre techniques.
Pour dire qu’il n’y en a pas une et une seule bonne, c’est à adapter selon les situations.

Il va sans dire que pour s’entraîner, il faut nécessairement savoir béquiller sur centrale sans trop de difficulté, afin de ne pas s’épuiser.
Et il reste préférable de se faire aider par une autre personne qui viendra se positionner à droite de la moto afin d’aider à la retenir en cas de pépin.

Debout à côté de la moto

Première technique, à utiliser sur un sol plat, sans pente.

  • Béquille latérale dépliée tant qu’on ne se sent pas sûr de soi.
  • Corps parallèle à la moto, main gauche sur le guidon (gauche, bien sûr), main droite sur une prise à l’arrière (poignée passager ou fixation de valise)
  • Pieds bien écartés (en faisant attention à ne pas positionner le pied gauche sous la béquille latérale) et de préférence décalés un devant, un derrière pour assurer une meilleure stabilité.
  • Mettre la moto en balancement en appuyant fort sur l’arrière (main droite), la faire se balancer plusieurs fois jusqu’à ce qu’on sente qu’elle commence à débéquiller toute seule.
  • Quand elle part vers l’avant, ajouter une traction du bras droit.
  • Dès que la roue avant touche le sol, tirer sur les deux bras pour poser la moto sur la latérale.

Erreur répandue : beaucoup attendent que la roue avant commence à rouler sur le sol pour tirer sur la moto.
Attention, il y a un risque que la moto parte trop fort / trop vite vers l’avant, ce qui risque de se faire se replier la béquille latérale avant que le poids de la moto la bloque.
Il faut tirer la moto vers soi dès que le pneu avant touche le sol, sans attendre que la roue tourne.

Astuce : si on est sur sol lisse et glissant, ce qui fait que la moto ne peut pas débéquiller, on place son pied droit juste devant la béquille centrale afin de la bloquer, de l’empêcher de glisser vers l’avant.
Pas de risque de se prendre la moto sur le pied, puisque la béquille va se replier.
Par contre, le pied doit quand même être bien protégé car il va subir la pression de la béquille centrale en métal pendant une seconde, le temps que celle-ci commence à se relever.

Une fois qu’on a appris à maîtriser le point d’équilibre, pas besoin de poser la moto sur la latérale.
On peut monter sur la moto sans béquille, en passant la jambe droite au-dessus de la selle.

Toujours debout à côté de la moto

Technique à utiliser sur un sol en pente vers l’avant (descente).

  • Béquille latérale dépliée (tant qu’on ne se sent pas sûr de soi).
  • Pieds bien écartés (en faisant attention à ne pas positionner le pied gauche sous la béquille latérale) et de préférence décalés un devant, un derrière pour assurer une meilleure stabilité.
  • Les deux mains sur le guidon, guidon légèrement braqué vers la droite, un ou deux doigts sur le levier de frein, sans le serrer, juste posés, prêts à freiner.
  • Mettre la moto en balancement en tirant sur le guidon vers l’arrière puis en poussant vers l’avant, la faire se balancer plusieurs fois jusqu’à ce qu’on sente qu’elle commence à débéquiller toute seule.
  • Quand elle part vers l’avant, ajouter une poussée sur le guidon vers l’avant.
  • Dès que la moto commence à débéquiller, freiner de l’avant. Pas la peine de freiner à mort. L’action du frein avant sur la roue braquée vers la droite va provoquer l’inclinaison de la moto vers la gauche.
  • Laisser la moto se poser sur la béquille latérale.

Une variante possible utilise l’embrayage pour empêcher la moto d’avancer.

  • Béquille latérale dépliée (tant qu’on ne se sent pas sûr de soi).
  • Pieds bien écartés (en faisant attention à ne pas positionner le pied gauche sous la béquille latérale) et de préférence décalés un devant, un derrière pour assurer une meilleure stabilité.
  • Premier rapport de boîte engagé.
  • Guidon droit, la main gauche maintient le levier d’embrayage en position débrayée, la main droite saisit une prise à l’arrière de la moto.
  • Mettre la moto en balancement en tirant sur le guidon vers l’arrière et en appuyant sur l’arrière de la moto, la faire se balancer plusieurs fois jusqu’à ce qu’on sente qu’elle commence à débéquiller toute seule.
  • Quand elle part vers l’avant, ajouter une poussée sur le guidon vers l’avant et une traction de la main droite.
  • Dès que la moto commence à débéquiller, relâcher le levier d’embrayage pour bloquer la roue arrière.
  • Tirer vers soi pour laisser la moto se poser sur la béquille latérale.

Avec cette technique, la moto ne peut pas partir vers l’avant, on l’arrête de suite.

Là encore, une fois qu’on a appris à maîtriser le point d’équilibre, pas besoin de poser la moto sur la latérale.
On peut monter sur la moto sans béquille.

Assis sur la selle de la moto

Si vous préférez monter en selle…

Technique à utiliser sur un sol plat ou en légère pente vers l’arrière (montée).

  • Béquille latérale repliée.
    Quand la moto va débéquiller avec le motard dessus, elle va s’enfoncer sur ses suspensions. Une béquille latérale dépliée risque de taper au sol et de faire basculer la moto vers la droite.
  • Les deux mains sur le guidon, guidon droit, un ou deux doigts sur le levier de frein, sans le serrer, juste posés, prêts à freiner.
  • Au moins un pied au sol.
    Soit on pose les deux, soit on pose le pied du côté de la jambe la plus forte.
    Mieux vaut un pied bien à plat au sol que deux sur la pointe.
    L’autre pied se pose sur le repose-pied ou peut rester ballant.
  • Mettre la moto en balancement en tirant sur le guidon vers l’arrière puis en poussant vers l’avant, la faire se balancer plusieurs fois jusqu’à ce qu’on sente qu’elle commence à débéquiller toute seule.
  • Quand elle part vers l’avant, ajouter une poussée avec la jambe d’appui.
  • Dès que la moto commence à débéquiller, freiner de l’avant. Pas la peine de freiner à mort.
  • Poser les deux pieds au sol.

Debout sur la moto

Technique à utiliser sur un sol en pente vers l’arrière (montée), surtout si la moto est chargée à l’arrière.
Si la précédente technique ne fonctionne pas car la moto est trop chargée et/ou la montée trop forte, on peut employer cette 4e technique.

  • Béquille latérale repliée.
  • Les deux mains sur le guidon, guidon droit.
  • Les deux pieds sur les repose-pieds.
  • Moteur tournant, premier rapport engagé, embrayage débrayé.
    Ne pas hésiter à mettre un bon filet de gaz pour éviter tout calage moteur.
  • S’asseoir sur la selle arrière, les fesses levées de la selle.
  • Mettre la moto en balancement en tirant sur le guidon vers l’arrière, puis en poussant vers l’avant.
  • Quand elle part vers l’arrière, ajouter un « coup de cul » en posant brutalement les fesses sur la selle arrière afin de plaquer le pneu arrière sur le sol.
  • Dans le même temps, en gardant le gaz, relâcher l’embrayage au point de patinage.
    La poussée de la roue arrière va faire débéquiller la moto.

Une fois les deux roues au sol, deux options :
– soit on pose un ou deux pied(s) au sol, on débraie, on freine, on s’arrête ;
– soit on garde les pieds sur les repose-pieds et on part, debout ou assis, à condition évidemment d’avoir un peu de place devant soi.

La difficulté de cette technique réside dans une synchronisation parfaite entre :

  1. le mouvement de la moto vers l’arrière,
  2. le coup de cul sur la selle arrière,
  3. le point de patinage d’embrayage avec gaz.

S’il manque un de ces éléments, le pneu arrière va patiner, la poussée sera insuffisante pour faire débéquiller la moto.

Attention, sur sol meuble (graviers, cailloux, terre, sable), le patinage du pneu arrière va envoyer une gerbe vers l’arrière, sur une distance de plusieurs mètres.
Il doit n’y avoir rien ni personne derrière la moto.
C’est du vécu…

Illustration en vidéo et en anglais, avec trois techniques.

Une des techniques démontrées, avec la position debout et le balancement d’avant en arrière, est possible, mais…

  • elle concerne surtout les trails, les motos qui permettent une position debout confortable ;
  • elle entraîne un effort mécanique violent et important au niveau des vis de fixation de la béquille centrale qui doivent encaisser d’un coup le poids de la moto ET du motard.

Je la montre, mais sans la recommander, surtout en usage quotidien.

7 thoughts on “Béquiller et débéquiller sur centrale”
  1. Bonsoir Stéphane,
    J’ai aussi acquis une Tiger 900 GT rabaissée – type LRH – et comme le concessionnaire n’a pas trouvé de béquille centrale spécifique raccourcie, je n’en ai pas. Je pense que la seule solution pour toi est de la couper sous la traverse de renfort puis la ressouder, en faisant attention à la position du levier de levage qui va remonter.
    Pour ma part, tant qu’à » bricoler » une pièce valant 230 €, je préfère faire une béquille « maison » complète qui est en cours de finalisation. Mon seul problème reste le double ressort de rappel : je vais voir SW Motech pour me le procurer.
    Bon courage. Linrouc

  2. Bonjour,
    Person je n’arrive pas a mettre ma Tracer 9 GT sur la centrale pour une bonne raison c’est qu’elle a été rabaissée car je suis court sur patte 165cm et je touche le sol de la pointe des pieds ( d’où l’intérêt de ce site un vrai mine d’or pour des exos de toutes sorte notamment sur l’équilibre à l’arrêt etc. ..)
    même à la concession ils doivent être deux pour la mettre sur la centrale. Avez vous une technique ou bien dois je aller a la salle de muscu?
    V
    Steph

    1. Les motos rabaissées sont TOUJOURS très dures à béquiller sur centrale.
      Rien à faire contre ça, c’est structurel car la géométrie de la moto est modifiée.
      Je n’ai aucune solution technique à proposer, hélas.

      Trois alternatives :
      – ne jamais béquiller sur centrale ;
      – se muscler le bras droit et la jambe droite (et le dos) au niveau d’un Mister Univers ;
      – changer de moto et en choisir une plus basse de selle pour ne pas avoir besoin de la rabaisser.

  3. bonsoir,
    je galère (grave) pour mettre ma Triumph trident 900 sur béquille centrale, « j’ai acquis ma moto depuis peu, et suite a un arrêt de pratique pendant sept ans » je ne suis toujours pas arrivé a la béquiller sur sa centrale, alors qu’auparavant je béquillais sans difficulté mon 1300 kawa (320 kg) c’est certainement dû a la répartition du poids par rapport a l’emplacement de la béquille, (mieux étudié sur la japonaise) . quelqu’un pourrai partager une solution une technique pour me faciliter la « mise sur béquille » de ma Triumph.
    Cordialement.

    1. Une Triumph Trident 900 est une moto qui date de près de 40 ans.
      Est-ce que mécaniquement déjà, tout est au top ? Vis de fixation de la béquille centrale, graissage des vis, ressorts de rappel non grippés ?

  4. Bonjour
    Eh oui une fois de plus comme dans trop de domaines l’économie prime sur le pratique les béquilles latérales sont aujourd’hui en alu donc fragile résultat moto à terre et CB pour réparer les dégâts
    Sans béquille centrale et kick c’est un deux roues motorisé pas une moto !
    Une centrale est très utile pour aussi bien l’entretien mécanique que de sa propreté où le chargement et pour se garer correctement dans les emplacements 2 roues en prenant moins de place tout en étant beaucoup plus stable qui plus est par temps chaud le bitume se ramolli la latérale s’enfonce la moto s’incline trop et à nouveau CB ça fait travailler le commerce
    Oui c’est vrais aujourd’hui on apprend plus à béquiller et de béquiller une moto c’est bien dommage pour mieux appréhender l’équilibre les transferts de masses les positions du corps et leurs influences après on s’étonnent !

  5. Ah les souvenirs! En 1975, les béquilles latérales étaient de la merde avec leurs ressorts, leurs écrous qui ne tenaient pas. On n’avait pas le choix, il fallait la béquille centrale de la CB 125 Twin Honda à la 4 pattes 750 Four ou 900 Z1 Kawa. Donc, nous ls vieux on savait. Le pied droit qui bloque la béquille pour qu’elle ne recule pas, les deux mains sur le guidon et on tire gentillement et celà l’a toujours fait de mémoire de vieux motard. A l’époque, on faisait plein de choses, et finalement nous avons beaucoup appris.
    Merci pour ce retour vers nos belles années.

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