Choisir la « bonne » vitesse à adopter constitue un point important de l’épreuve pratique en circulation pour les permis A1 et A2 en France. On fait le point sur ce qui est attendu par l’examinateur en ville, sur route et sur voies rapides.
Publié en mars 2025

Sommaire de l'article
Introduction
L’épreuve en circulation consiste pour l’inspecteur à évaluer chez tout candidat :
- le respect des dispositions du code de la route ;
- sa capacité à assurer sa propre sécurité et celle des autres usagers sur tout type de route, à percevoir et à anticiper les dangers engendrés par la circulation et à agir de façon appropriée ;
- sa capacité à adopter un comportement courtois et prévenant envers les autres usagers, en particulier les plus vulnérables.
Dans la plupart des cas, vous passez le permis A2 et êtes déjà titulaire du permis B depuis plus de deux ans. Vous êtes donc hors période probatoire et, dans votre conduite hors examen, n’aurez pas à respecter les limites de vitesse « jeunes conducteurs ».
Mais l’inspecteur du permis de conduire vous précisera en début d’examen que vous êtes astreint à ces limitations pendant le temps de l’épreuve pratique en circulation.
En version officielle, en théorie, tous les candidats à une épreuve en circulation pour une catégorie de permis de conduire doivent respecter les limitations de vitesse applicables en période probatoire.
L’arrêté du 23 avril 2012, qui encadre les examens du permis de conduire, prévoit que : « Le candidat se conforme aux limitations de vitesse en vigueur pour les élèves conducteurs », telles que définies par l’article R. 413-5 du Code de la Route.
Cet article mentionne que :
« Tout élève conducteur (…) est tenu de ne pas dépasser les vitesses maximales suivantes :
110 km/ h sur les sections d’autoroutes où la limite normale est de 130 km/ h
100 km/ h sur les sections d’autoroutes où cette limite est plus basse, ainsi que sur les routes à deux chaussées séparées par un terre-plein central
80 km/ h sur les autres routes
Dans la réalité… ça dépend !
Cela dépend surtout des inspecteurs : certains apprécient que les candidats démontrent leur capacité à conduire en sécurité aux vitesses « normales ». Cela peut varier localement en fonction des consignes verbales données par le délégué départemental ou par un examinateur. L’équipe locale d’examinateurs peut s’être mise d’accord pour tous adopter le même discours… ou pas !
Dans le doute, posez la question à votre moniteur (avant l’examen, évidemment…).
S’il fait bien son boulot, il est le mieux placé pour connaîre les usages en vigueur sur son centre d’examen et pouvoir vous informer sur ce sujet.
Cas particulier pour les candidats au permis A1 dont c’est le tout premier permis de conduire, surtout si vous êtes mineurs : les inspecteurs s’avèrent particulièrement exigeants sur la sécurité de conduite pour ce profil de conducteur spécialement vulnérables. Il vaudra mieux rouler un peu en-dessous des vitesses maximales autorisées, un peu plus lentement (5-10 km/h).
Fondamentaux
Lors des consignes d’examen données à l’oral en début d’examen, l’inspecteur vous demandera une conduite « dynamique, en toute sécurité et en toute autonomie », sans plus de précision.
« En toute autonomie », cela veut dire qu’il ne vous donnera aucune consigne de vitesse.
Si vous vous traînez, que vous roulez très en dessous de la vitesse qui serait possible, il vous fera une remarque orale à la radio, du style « Monsieur / Madame, roulez normalement » ou « n’hésitez pas à rouler normalement ».
Si vous roulez « trop vite » (par rapport à la réglementation locale), pareil : l’inspecteur fera une remarque, du genre « Monsieur / Madame, respectez la signalisation ».
Dans les deux cas :
- Une fois, ça passe.
- Deux fois, si vous vous « auto-corrigez » et que vous ne le refaites pas, ça passe.
- Trois fois… vous perdez des points.
« En toute sécurité », cela veut dire que vous devez adapter votre allure en fonction de quatre critères liés à l’environnement routier :
- la configuration des lieux
- les conditions météorologiques
- les situations de conduite
- la densité de circulation
Cette notion d’adaptation de l’allure prévaut sur l’aspect strictement « réglementaire » du respect des vitesses maximales autorisées, dans la mesure où l’examinateur ne se trouve pas sur la moto et ne peut pas observer le tableau de bord, à la différence de l’examen en circulation des autres catégories de permis de conduire.
Comprenez bien ça : l’inspecteur est dans une voiture, plusieurs mètres, voire plusieurs dizaines de mètres, parfois plusieurs centaines de mètres derrière la moto, ce qui rend difficile l’appréciation précise de la vitesse de celle-ci.
Ce qui est sanctionné, c’est bien plus la « vitesse excessive » (car inadaptée aux circonstances) que l’excès de vitesse.
Une phrase des consignes d’évaluation prévoit que « les excès de vitesse doivent s’apprécier globalement, en fonction des situations tout au long de l’examen ».
Autrement dit : un petit excès de vitesse ponctuel n’est pas éliminatoire, à condition que l’environnement routier le permette et que cela reste bref.
La notion de « conduite dynamique » reste souvent mal comprise par les motards débutants.
Il ne s’agit évidemment pas de « tartiner » comme un furieux !
Ce qu’on vous demande par cette expression, c’est d’exploiter les capacités dynamiques de votre véhicule, en l’occurrence une moto – c’est-à-dire une machine qui accélère fort et freine fort.
Conduire « dynamique », c’est savoir s’adapter rapidement aux variations de vitesse demandées par les circonstances, notamment par la signalisation, dans les deux sens. Cela veut dire : se porter le plus vite possible au maximum de la vitesse autorisée par l’environnement routier, que ce soit en freinant ou en accélérant.
Exemples :
- sortie de village en ligne droite, on commence à accélérer un peu avant le panneau de fin de commune, puis on accélère fort pour monter vite de 50 à 80 km/h
- entrée dans une agglomération : on freine et on rétrograde, sans se laisser décélérer sur des dizaines de mètres
- dépassement d’un autre véhicule : il faut accélérer franchement sans changer de rapport, voire en rétrogradant un rapport pour mieux accélérer.
En bref, la conduite dynamique à moto, c’est l’opposé de l’éco-conduite qu’on vous demande à l’examen voiture…
Selon la densité de circulation
C’est le critère le plus facile à observer et à respecter.
Bien évidemment, vous devez TOUT LE TEMPS conserver une distance de sécurité raisonnable avec le véhicule qui vous précède, ce qui vous impose d’adapter votre vitesse à la sienne.
Comment estimer une bonne distance de sécurité ?
On ne va pas s’embêter à calculer des mètres par seconde… La règle, c’est : deux secondes d’écart. Comme c’est un temps (et non une distance), cela fonctionne à toutes les vitesses !
Vous prenez un repère fixe (poteau, panneau, pont, marquage au sol, ombre au sol). Lorsque le véhicule vous précédant passe à la hauteur du point de repère, vous prononcez en articulant bien « une se-con-de, deux se-con-des ». Si vous n’avez pas encore passé le repère avant d’avoir fini de compter, c’est que vous êtes à bonne distance.
Généralement, vous passez votre épreuve en circulation en semaine, entre 8h30 et 17h.
L’inspecteur sait s’adapter aux contextes locaux afin d’éviter les embouteillages. Il n’a aucun intérêt à rester bloqué, il veut vous voir rouler. Si par malheur, vous tombez dans un trafic dense, il vous proposera souvent de quitter les axes principaux pour privilégier un trafic fluide.
Il y a rarement des problèmes à cause de la densité du trafic.
Soyez tout de même attentifs aux véhicules lents : autobus, tracteurs, poids lourds… Restez loin derrière eux et n’hésitez pas à les dépasser dès que c’est possible (en termes de visibilité), autorisé et sans danger.
Selon les conditions météo
Là encore, c’est assez facile : objectif sécurité.
Vous passez votre épreuve en circulation de jour. Même en hiver, le soleil est déjà levé et pas encore couché, vous ne roulerez jamais de nuit.
A l’inverse, les examens sont annulés en cas de neige, de risque de verglas, voire de très forte pluie (à l’appréciation de l’inspecteur dans ce dernier cas).
S’il fait grand beau, vous roulez au maximum de la vitesse autorisée (tant que l’environnement routier l’autorise).
Par contre, s’il pleut ou s’il y a du brouillard, roulez 10-20 km/h en dessous de la vitesse maximale autorisée : cela ne vous sera pas reproché.
Attention !
Je parle bien de 20 km/h max en-dessous de la vitesse maximale autorisée : pas 30 km/h…
Cette recommandation s’applique hors agglomération : en ville, les intempéries ne changent pas les vitesses maximales autorisées.
En cas de brouillard très dense, avec moins de 100 mètres de visiblité, vous devez respecter une vitesse maximale de 50 km/h, quel que soit le type de route (y compris sur voies rapides).
La configuration des lieux
En théorie, pour un examen de permis moto, vous devez respecter les limitations de vitesse applicables en période probatoire, à savoir :
- aucun changement pour les zones à 20, 30, 50, 70 et 80 km/h
- 80 au lieu de 90 km/h
- 100 au lieu de 110 km/h
- 110 au lieu de 130 km/h
Dans les faits, la plupart des inspecteurs préfèrent que vous respectiez les limitations de vitesse données localement par la signalisation verticale (les panneaux routiers).
Du coup, sachant que les compteurs de vitesse affichent une vitesse inférieure de 5 km/h environ à partir de 50 km/h :
- zones de rencontre à 20 km/h et zones 30 km/h : vous devez respecter pile poil, tout excès de vitesse de plus de 5 km/h fera l’objet d’une remarque
- en agglomération à 50 ou 70 km/h : vous avez une marge de +/- 5 km/h
- hors agglomération à 70, 80 ou 90 km/h : vous avez une marge de 10 km/h
- sur voies rapides à 110 ou 130 km/h : vous avez une marge de 15 km/h
Attention ! Je parle bien des vitesses affichées au compteur.
Il va sans dire que ces vitesses sont possibles seulement si l’environnement routier le permet en termes d’adhérence, de visibilité et de densité de trafic.
Rappelez-vous que vous devez savoir vous adapter : dès que la situation change, dès qu’un critère d’environnement routier se dégrade, vous devez ralentir immédiatement.
Les situations de conduite
Je ne vais pas pouvoir citer l’intégralité des situations possibles…
L’examinateur vérifie si vous adaptez votre allure à la largeur de la voie et à l’adhérence, notamment si vous ralentissez bien (en freinant pour allumer le feu stop) lors des franchissements d’intersection et lors des changements de direction.
Lors de l’arrêt-départ en circulation, sur vos arrêts au stop ou au feu rouge, il regarde si vous savez ralentir progressivement avant l’arrêt, afin d’éviter les coups de freins brutaux qui pourraient déstabiliser la moto.
Dans le cadre d’une conduite dynamique, il évalue si vous savez « mettre en œuvre les capacités d’accélération du véhicule » (voir plus haut les explications sur la conduite dynamique) quand la situation le demande, par exemple lors de dépassements, sur les voies d’insertion, sur un changement de file…
Enfin, l’examinateur doit déterminer si « le candidat est capable de participer à la fluidité du trafic sans commettre de ralentissements excessifs ou d’arrêts injustifiés ».
C’est pour cela qu’il est important de ne pas rouler trop en-dessous des vitesses possibles en fonction de l’environnement routier. Faire preuve de prudence et anticiper en cas de danger potentiel, c’est bien. Mais rester timide, ne pas savoir regarder loin, flipper en permanence, freiner brutalement sans raison… c’est le reflet d’une insuffisance de préparation.
Il est important de ne pas confondre prudence et timidité !
La limite entre les deux est parfois fine. Si je dois résumer, un conducteur prudent sait accélérer et rouler à la vitesse maximale autorisée quand tous les indicateurs sont au vert, mais sait aussi ralentir et freiner dès que la situation se dégrade… alors qu’un conducteur timide se traîne tout le temps.