La moto de route n’est pas à proprement parler un « sport », mais elle n’en reste pas moins une activité physique. Bien pratiquée, elle peut apporter beaucoup de bienfaits pour la santé physique et mentale du motard. Mal pratiquée, elle peut aussi lui nuire.

Première publication en avril 2020.

Tous mes remerciements à :

  • Alain Goldsac, pour l’idée de l’article et ses apports ;
  • Dr Philippe Roche, Dr David Popesco et Dr Adel Bouraghda, pour leurs contributions.

Lire la deuxième partie de l’article, sur les risques de la moto sur la santé.
Lire la troisième partie de l’article sur les risques spécifiques.

Introduction

Sans même parler des disciplines sportives à plus ou moins haut niveau, la moto de route n’est pas sans danger.

Nous sommes tous d’accord sur un constat de base.
Véhicule motorisé et rapide, n’offrant aucun habitacle (pas de carrosserie, ni de ceinture de sécurité, ni de coussin airbag), la moto reste un des moyens de transport les plus dangereux : en cas de chute, le conducteur est presque toujours victime d’une blessure car son corps se retrouve directement exposé aux impacts, chocs, brûlures, etc.

Sur ce site, nous parlons de la moto au quotidien, sur la voie publique, avec des machines homologuées. Pas de sport moto, ni du tout-terrain (même en loisir).
Mais que ce soit pour de la balade, pour aller et revenir du travail, ou pour les pros qui roulent pour le travail, les motards doivent parfois faire face à de nombreux problèmes de santé, aussi bien du fait d’accidents que par la pratique même du deux-roues motorisé.

Au premier abord, les deux-roues motorisés peuvent présenter certains inconvénients par rapport aux véhicules « fermés », en termes de confort d’utilisation :

  • le motard est en contact direct avec les éléments : la résistance de l’air, le bruit, le froid, la pluie, le vent, la chaleur, les variations de température, etc ;
  • la position de conduite sur une selle peut sembler moins naturelle qu’assis dans un siège ;
  • l’engagement physique dans la conduite.

Mais ces désavantages (relatifs) n’enlèvent rien aux nombreux avantages (là aussi relatifs) du 2RM par rapport à d’autres modes de transport.
De plus, nombre des problèmes de santé suscités par la pratique du 2RM peuvent être évités, améliorés, résolus.

Nous allons décrypter ensemble les pièges à éviter et voir les comportements à adopter pour une pratique plus efficace… donc plus sûre !
Lire Moto et santé : les risques.

Mais pour commencer, démarrons positifs et voyons les avantages que peut apporter la moto pour notre santé, physique et mentale.

Les bienfaits pour la santé

Quand les médecins s’intéressent aux motards, c’est souvent suite à un accident ou pour étudier leur vulnérabilité en cas d’accident.
Très peu d’études scientifiques sérieuses s’intéressent aux bienfaits de la moto sur le corps et l’esprit.

Pourtant, selon quelques études récentes menées sur le sujet aux Etats-Unis et financées par un constructeur de motos, faire de la moto au quotidien (ou du moins régulièrement) serait bénéfique pour la santé.
La moto permettrait de lutter contre le stress tout comme elle améliorerait la mémoire.
De plus, elle ferait fonctionner de nombreux muscles, à condition d’adopter une position de conduite dynamique et de savoir varier les positions en virages.

Bien sûr, il y a les risques associés à la conduite d’une moto ou un scooter, particulièrement les chutes. Il ne s’agit pas de les oublier, ni de minimiser les risques.

Mais il n’en reste pas moins que le contact avec la nature, l’exercice de conduite – plus physique qu’avec une automobile – sont favorables à une meilleure santé.
Ainsi, les mouvements du corps (dans les déplacements à basse vitesse, par exemple) favorisent le renforcement des muscles de l’abdomen.

Lors des sorties en pleine nature, la moto permet de prendre un grand bol d’oxygène.
La libération des endorphines va permettre d’améliorer le moral et d’être plus positif. Des études ont montré que la pratique de la moto engendre des effets positifs sur la santé mentale et émotionnelle.

Evidemment, il s’agit là d’une pratique en loisir, en balade, de préférence hors agglomération, dans la campagne, en montagne, au bord de la mer, plutôt sur des petites routes et si possible sans être gêné par le trafic…

Les trajets du quotidien en ville ou sur voies rapides ne réduisent pas vraiment le stress… au contraire, surtout si c’est au milieu du trafic dense !

Dans tous les cas, la moto reste l’occasion de pratiquer un exercice physique.
Comme pour tout exercice physique, il est recommandé de savoir rester au mieux de sa forme (physique et mentale), notamment en s’échauffant avant de le pratiquer.
Pour en savoir plus, lire Rouler au mieux de sa forme.

Yamaha nous propose une séquence d’échauffements musculaires et articulaires en moins de cinq minutes, que tout motard devrait adopter avant de partir rouler.

Bienfaits anti-tabac

Les motards sont moins tentés de fumer en roulant à moto !
Pour beaucoup, tenir son guidon avec une seule main n’est pas des plus aisés…

Ceux qui portent des casques « jet » ou qui ont l’habitude de remonter la visière de leur casque de moto peuvent être tentés de garder leur cigarette au coin des lèvres… mais celle-ci peut tomber à tout moment dans le col du blouson, sans oublier le risque de se prendre une escarbille (fumée, cendres) dans l’œil.

Il est préférable de profiter du grand air et d’enchaîner les balades pour décrocher plus facilement de cette addiction.

Bienfaits musculaires et cardiaques

Basiquement, faire de la moto permet de garder une bonne forme physique.
Mais tout dépend comment et combien, en qualité et en quantité…

Pour vraiment en tirer un bienfait physique, il faut avant tout connaître, adopter et conserver une position de conduite dynamique.
Beaucoup trop de motards roulent avachis, le dos voûté, tout le poids du corps en appui sur les fesses et/ou sur les poignets !

Comme pour toute activité physique, le bienfait ne se fait ressentir qu’à partir d’une certaine durée.
Ce n’est pas parce que vous marchez cinq minutes par jour ou que vous courez 30 secondes que vous pouvez vous vanter d’avoir une activité physique !
Au même titre que la marche ou le vélo, « faire de la moto » veut dire au moins 15-20 minutes, plutôt 30 minutes, par jour.

Un véritable exercice physique, c’est plusieurs heures de moto sur la journée, trois à quatre heures minimum.
Pour rester alerte et actif, il faudra bien évidemment bouger sur la moto, rester mobile sur la selle, ne pas s’avachir…
Et respecter quelques minutes de pause tous les deux heures pour relâcher les tensions du dos et détendre les muscles des jambes.

Selon un médecin britannique, la pratique de la moto trail en tout-terrain, par exemple, amène les mêmes bénéfices : 1h30 de pratique (hors route, en position debout) correspond aux objectifs d’activité physique hebdomadaire fixés par les autorités de santé du Royaume-Uni.

En roulant au grand air avec une position dynamique, on renforce sa musculature et on fait marcher ses poumons. Durant le trajet, on fait également travailler les abdominaux et les muscles des bras.
Par ailleurs, l’effet anti-stress (voir ci-dessous) est d’un grand apport pour la santé cardiaque en matière de prévention primaire.

Pour en savoir plus, lire :

Réduction du stress

Dans les grandes villes, se déplacer en moto permet de gagner un temps précieux et d’éviter de se retrouver coincé-e des heures durant dans des embouteillages.
D’où un gain considérable sur le stress qui mine progressivement des millions d’automobilistes coincés tous les jours dans leurs boîtes à roues…

Mais c’est surtout quand on roule à moto pour le loisir, pour le plaisir, en dehors des trajets quotidiens domicile – travail… qu’on se sent libre, loin de toutes les contraintes de la vie quotidienne.
On en profite pour se détendre, respirer le grand air et faire le vide dans sa tête. On se focalise sur la route et sur le plaisir qu’apporte le fait de rouler. On laisse derrière soi le stress, ce qui contribue à éviter le phénomène de « burn out » qui touche parfois une personne sur cinq.

Beaucoup de motardes et de motards confient qu’une fois leurs motos enfourchées, cette sensation de liberté procure un réel bien-être.
Dans l’idéal, il faudrait pouvoir prendre une heure chaque jour avec une petite balade après le boulot pour s’évader, partir sans direction et profiter du paysage…
Pour ceux dont l’emploi du temps le permet, il est encore plus intéressant de s’offrir un week-end « road trip » à moto , histoire de décompresser.

En 2014 déjà, Harley-Davidson a demandé à un institut de sondage américain (le bureau de recherche Kelton) une étude sur la santé mentale des motardes (en Harley, on imagine), avec un sondage auprès de 2029 femmes (1013 motardes et 1016 non motardes).

Les résultats de l’enquête indiquent que :

  • 37% des motardes se sentent toujours heureuses, contre seulement 16% des non-motardes ;
  • 35% affirment avoir toujours confiance en elles, contre 18% des non-motardes ;
  • 75% des motardes trouvent que leur qualité de vie a été améliorée depuis qu’elles ont acheté une moto ;
  • 27% des motardes se sentent très sexy, contre seulement 7% des non-motardes ;
  • 60% des motardes communiquent mieux avec leur époux, contre 38% des non-motardes ;
  • 51% des motardes sont satisfaites de leur vie sexuelle, contre 35% chez les non-motardes.

La moto aurait donc des bienfaits sur la santé mentale, ce que tendrait à prouver une étude commanditée en 2018 par Harley Davidson (encore) à l’institut Semel des neurosciences et du comportement humain de l’UCLA (University of California Los Angeles), avec pour objectif de mieux connaître « les effets mentaux et physiques de la conduite à moto ».

« Les niveaux de stress, en particuliers chez les jeunes adultes, continuent de croître et les gens explorent différentes pistes pour améliorer leur santé mentale et physique […] Jusqu’à présent, la technologie permettant de mesurer rigoureusement l’impact d’activités telles que la moto sur le cerveau n’existait pas », souligne le docteur Don Vaughn, responsable de l’étude.

Les chercheurs du Semel Institute for Neuroscience and Human Behavior ont comparé l’activité cérébrale et le niveau d’hormone d’un même groupe de motardes et motards en fonction du véhicule utilisé, voiture ou moto, mais également par rapport au fait d’être au repos.

Des tests ont été effectués sur 77 motards, invités à conduire sur une route témoin d’une trentaine de kilomètres.
Durant ce test, les chercheurs ont mesuré leur activité cardiaque et cérébrale, ainsi que leurs taux d’adrénaline et de cortisol.
Après analyse des données recueillies avant, pendant et après la phase de conduite, les scientifiques ont observé que la pratique de la moto serait similaire à celle d’une activité physique légère.

Cette étude révèle que faire de la moto :

  • augmente de 11% le rythme des battements cardiaques,
  • réduit de 28% le taux de cortisol (les biomarqueurs hormonaux du stress),
  • augmente la production d’adrénaline de 27%,
  • augmente l’acuité des sens et le niveau d’alerte du cerveau.

Un médecin français, le docteur Philippe Roche, anesthésiste-réanimateur en retraite, explique cette étude, à la demande de Passion Moto Sécurité :

Introduction

Un neuroscientifique américain, Don Vaughn, assez médiatique semble-t-il, a réalisé une étude intitulée « The mental and physical effects of riding a motorcycle », soit en français « Les effets mentaux et physiques de la conduite d’une motocyclette ».
L’article (en anglais) est consultable ici.
Cette étude n’a pas encore été validée par un comité de lecture et n’a donc pas encore été publiée.

L’étude comparant les effets physiques de la conduite d’une moto et celle d’une voiture, je désignerai ce qui concerne les conducteurs de moto (riders) par le nom pilote et le verbe piloter, alors que les automobilistes (drivers) seront des conducteurs dont l’action est de conduire une voiture.

But de l’étude

Il y a déjà des années qu’un certain nombre de rapports anecdotiques suggère que le pilotage d’une moto peut avoir des effets bénéfiques sur le cerveau et l’état physiologique des pilotes. Cependant, la nature de ces effets n’a pas été caractérisée.
Les auteurs ont donc décidé de réaliser un dispositif expérimental pour tester plusieurs hypothèses. Ils prédisent d’abord que si le pilotage augmente la concentration, les pilotes devraient être moins sensibles aux distractions quand ils pilotent leur moto que quand ils ne la pilotent pas. Ensuite, si le pilotage améliore le traitement sensoriel (sensory processing), les pilotes devraient être plus sensibles aux changements brutaux de leur environnement sensoriel.

Connaissances nécessaires à la compréhension de l’étude

Les chercheurs en neuroscience savent, depuis environ une quinzaine d’années, que l’étude de la réponse du tracé de l’électroencéphalogramme (EEG) à des stimulations auditives est un outil fiable pour évaluer le traitement sensoriel et le processus de l’attention.

Par exemple, un signal sonore provoque une réponse de l’EEG appelée N1, en relation avec le traitement du signal par la partie du cerveau dont c’est la fonction (cortex auditif). La réponse N1 est plus forte si l’attention du sujet est concentrée sur son environnement auditif. Elle sera à l’inverse plus faible si son attention se concentre sur son environnement visuel, comme on peut supposer que ce sera le cas chez un pilote.

La réponse N1 sera également modifiée si, dans un environnement sonore stable (par exemple le brouhaha dans un restaurant), survient un bruit inattendu (le bruit d’un verre qui se brise dans ce restaurant bondé).
L’EEG enregistrera alors une réaction dite de négativité de discordance (mismatch negativity, MMN).
La MMN reflète un processus pré‑perceptif de comparaison automatique entre le stimulus rare et une représentation neuronale en mémoire.
Dit de façon plus simple (voire simpliste), la MMN traduit un état sensoriel élevé permettant au cerveau d’ignorer les stimuli non pertinents pour réagir plus rapidement à ceux qui pourraient l’être.

Conception de l’étude

L’étude va consister à sélectionner un certain nombre de sujets, tous motards à l’occasion, mais se sentant à l’aise sur leur moto, et à comparer leurs réactions physiologiques à des stimuli sonores selon qu’ils sont au repos, qu’ils conduisent une voiture, ou qu’ils pilotent une moto.

L’électrocardiogramme (ECG) et l’EEG leur seront donc appliqués à trois reprises : à l’état de base, pendant la conduite d’une voiture pendant 22 minutes environ, et pendant le pilotage de leur propre moto pour une durée identique.

Les signaux sonores sont présentés aux deux oreilles. Les signaux « standard » sont émis à une certaine fréquence, et les signaux « oddball » (littéralement loufoques ou excentriques) à plus basse fréquence viendront se nicher parmi les stimuli standard.
Après 6 minutes de stimulation « oddball », les participants ne reçoivent plus de signaux sonores pendant 1 minute. Il faut noter que les scientifiques francophones n’ont pas trouvé d’équivalent français au mot oddball, qu’ils emploient donc dans leurs publications.

Finalement, des dosages hormonaux (adrénaline, DHEA, Cortisol, testostérone) seront aussi effectués dans la salive et les urines à chacune de ces trois périodes. La DHEA (dehydroépiandrostérone) et le cortisol sont deux des nombreuses hormones secrétées par la glande corticosurrénale. Le cortisol est schématiquement « l’hormone du stress » et le rapport DHEA/cortisol est considéré comme un indicateur du niveau de stress : plus il est bas, plus le niveau de stress est élevé.

Résultats

Les données récoltées montrent que le rythme cardiaque et le taux d’adrénaline sont plus élevés en situation de pilotage qu’en situation de conduite ou de repos.

Le rapport DHEA/Cortisol est significativement augmenté en situation de pilotage, indiquant une réduction du stress liée à cette activité.

Les réponses N1 sont significativement réduites pendant l’activité de pilotage, comparées à celles obtenues au repos ou pendant la conduite. De plus, la réponse MMN est plus grande au cours du pilotage.

L’analyse spectrale de l’activité EEG pendant les périodes de silence montre une réduction significative du pourcentage d’ondes Alpha au cours du pilotage. Les ondes Alpha (ondes émises dans une bande de fréquence de 8 à 12 Hz) sont observées dans les états de veille calme.

Discussion

L’amplitude de la réponse N1 aux signaux standard et « oddball » plus faible pendant l’activité de pilotage qu’au repos ou au cours de la conduite, et une plus grande réponse MMN chez les pilotes plaident en faveur de l’hypothèse de départ, selon laquelle le pilotage améliore le traitement sensoriel.

Cette interprétation d’amélioration de la concentration sensorielle est à mettre en parallèle avec d’autres travaux de recherche qui ont montré une augmentation de la MMN chez les personnes pratiquant la méditation.

Ces résultats suggèrent que le pilotage augmente l’attention par le biais de deux phénomènes : renforcement de la concentration, et surveillance passive par le cerveau des variations de l’environnement sensoriel.

En outre, la diminution du pourcentage des ondes Alpha chez les pilotes pendant les périodes de silence, comparable aux effets de la caféine, suggère une amélioration de la vigilance du même ordre que celle procurée par une tasse de café.

L’augmentation de l’adrénaline et du rythme cardiaque chez les pilotes suggère une stimulation du système nerveux sympathique comparable à celle que produirait un exercice physique modéré.

Enfin, la réduction du stress observée pendant la conduite d’une moto peut-elle avoir des effets bénéfiques à long terme sur les marqueurs biologiques du stress ?
D’autres travaux pourront peut-être démontrer un lien prophylactique entre la pratique de la moto et la diminution du stress.
On sait en effet que des taux élevés d’hormones glucocorticoïdes (cortisol) contribuent à la mort neuronale.

Observations et réserves

Un autre médecin, consulté par Passion Moto Sécurité, relève quelques biais scientifiques qui tendent à relativiser la pertinence de cette étude américaine.

Le premier biais est évident : il s’agit d’une étude dite « de cohorte », dans laquelle le patient est son propre témoin. Pas de groupe témoin, donc pas de groupes appariés à comparer.

Le deuxième biais est plus subtil : dans le cadre de l’expérimentation, les sujets étudiés commencent soit par la voiture, soit par la moto, avec un tirage au sort.
Mais quelle est l’influence de la première activité sur l’autre ?

Le troisième biais est strictement médical : il n’est rien précisé concernant la santé cardiaque des sujets étudiés, au sujet desquels l’article précise que la moyenne d’âge était de 42 ans, + / – 14 ans, donc de 28 à 56 ans.
Un certain nombre de ces sujets peut souffrir de pathologies cardiaques, diagnostiquées ou non, avec éventuellement des traitements qui peuvent fausser les mesures réalisées.

Un quatrième biais relève lui aussi du domaine médical : les différences de sécrétion hormonales en fonction du sexe et de la masse musculaire / adipeuse…

Au-delà de ces biais, on peut s’interroger sur le protocole de l’expérimentation et notamment sur la faible durée de conduite demandée aux sujets : l’étude parle d’une séquence de 22 minutes de conduite sur route.
Moins d’une demi-heure de conduite moto sur route… L’exercice n’a rien d’une épreuve d’endurance, alors que l’étude est fondée sur l’hypothèse que l’accélération de la fréquence cardiaque correspond à un effort physique.

D’ailleurs, la variation moyenne de fréquence cardiaque observée reste minime : en moyenne, on passe de 78 pulsations par minute à moto à 75 ppm en voiture.

Un autre médecin cardiologue, consulté par Passion Moto Sécurité, explique en outre que cette équivalence entre une activité physique d’endurance et la pratique de la moto reste sujette à une évaluation plus objective.
En effet, selon lui, l’augmentation limitée de la fréquence cardiaque peut avoir comme cause la concentration ou l’hyperadrenergisme (excès d’adrénaline).
Elle peut se révéler nocive pour certaines maladies cardiovasculaires mal contrôlées (cardiopathies ischémiques avec insuffisance cardiaque).

Aucun des médecins consultés ne remet en cause le bien-être apporté par la pratique moto de loisir.
Mais ce bien-être serait plus facilement mesurable, quantifiable, par la mesure d’autres hormones (endorphines, sérotonine, dopamine, prolactine…).

L’ensemble de ces éléments conduit à relativiser la pertinence médicale de cette étude, tout au moins en ce qui concerne les supposés bienfaits cardio-vasculaires de la pratique moto.

Commentaires personnels

Merci à tous les trois !
J’apporte en plus un point de vue non médical.

L’étude précise que les 77 motards californiens testés (dont 23 femmes) ont été sélectionnés à l’avance sur questionnaire écrit.
Sur une échelle d’auto-évaluation de 0 à 5 (0 pour « je suis la plus grosse pince de la planète et je tiens à peine en équilibre sur un vélo » et 5 pour « j’ai appris tout ce qu’il sait à Rossi »), ils devaient avoir choisi au moins le niveau 3.
On sait toute la subjectivité que suppose une auto-évaluation par le motard de son niveau de maîtrise au guidon…

L’idée était de choisir des motards qui se sentent à l’aise à moto, qui ne soient pas déjà en stress à la simple idée d’aller rouler 20-30 minutes sur route ouverte avec des électrodes sur le crâne.

Dans la même démarche, l’expérimentation se déroulait avec leur propre moto, qu’ils connaissaient, dont ils avaient l’habitude.
A l’inverse, la partie « conduite en voiture » se faisait avec un seul véhicule, toujours le même (Lexus NX200, un petit SUV), prêté par les chercheurs.

Autre point, les motards sélectionnés devaient être en bonne santé mentale, en pleine possession de leurs moyens cognitifs, ne pas avoir pris de substances psychotropes et ne pas suivre un traitement médicamenteux.

L’étude précise également que l’expérimentation a été conduite sur deux sites différents :

  1. d’abord sur la Angeles Crest Highway, la Route des Crêtes dans les montagnes au nord de Los Angeles, une route large et sinueuse, très appréciée des motards du coin ;
  2. puis sur la route de la Mesa Grande, au-dessus du lac d’Henshaw, très au sud de Los Angeles, une petite route dans les montagnes désertiques du sud de la Californie.

Ces différents points sont important car ils déterminent en partie les résultats de l’étude :

  • Des motards « grands débutants » auraient sans doute été bien plus en stress que ces motards expérimentés qui se disent eux-mêmes franchement à l’aise.
  • Le niveau de stress aurait probablement été bien plus élevé si ces motards avaient tous dû conduire une même moto, à laquelle ils n’étaient pas habitués.
  • De même si le trajet imposé avait été en plein trafic à l’heure de pointe à Los Angeles…
  • De même si les motards avaient dû conduire en état « dégradé », à cause de la fatigue, de l’alcool, de substances psychotropes diverses, etc.

Tout ça pour rappeler, encore une fois, que le cadre d’utilisation de la moto joue énormément sur le ressenti du motard.

Les bienfaits psychiques potentiellement apportés par la moto suppose d’être en situation d’en tirer tout le parti possible, lors d’un usage de loisir : en balade, hors agglomération, avec un trafic faible ou nul, avec une moto qu’on connaît, avec laquelle on se sent à l’aise, dans des conditions de conduite faciles (de jour, par beau temps, sur une route en bon état) et au rythme qui nous convient…

Même dans le cadre de ces conditions « optimales », il s’agit de ne pas oublier de se protéger car les accidents ne préviennent pas.
Même quand on roule « pour se faire plaisir », il reste impératif de toujours adopter une conduite responsable.
Pour en savoir plus, lire Se conduire en motard responsable.

6 thoughts on “Moto et santé : les bienfaits”
  1. Bonjour.

    A la lecture de votre article; Je me sens bien moins seul !

    Né (25 juin 1963), avec quelques malformations, dont un spondylolisthésis, je n’ai jamais marché à quatre pattes, mais sur trois, laissant traîner une jambe, indifféremment la gauche ou la droite, et avançant en « Crabe » : Puis vers treize mois, je pratiquais le Tricycle avec ferveur(à l’extérieur), à condition qu’un adulte me pose dessus, généralement ma Maman, et que l’on me porte lorsque la séance se terminait. Je me suis mis à marcher et courir vers dix-huit mois, et me suis lancé sur un « Vélo qui tombe »environ quatre mois plus tard(Celui d’un voisin). Pour le Noël de mes deux ans et demi(La St Etienne est bien le lendemain), le Papa Noël apportait ma commande. De ce jour et jusqu’au jour ou j’ai »Raccroché »mes trois vélos(« Route » & « entrainement »-« Piste’-« Cyclo-Cross »)en 1982, sauf punition.

    Pour la « Motorisation », j’ai du attendre au delà de mes quatorze ans. En effet, pour raison personnelle d’isostatisme(Nous pourrions en discuter.), et mes parents exigeant une machine neuve, j’ai du attendre que Peugeot sorte le SX 5 C(ross), pour débuter. Ensuite 125(29 juin 1979)jusqu’à mes dix-huit ans ou 16 juillet 1981 pour être précis,car j’avais promis aux médecins et kinés de ma Maman de ne plus rouler en deux roues. Promesse tenue jusqu’à son déces en août 1992, reprise d’une 125 en vu de passer le permis A(le seul me manquant, déjà à cette date.), ce jusqu’à rencontrer ma future ex-femme, qui me demanda de tenir la même promesse; Puis à la naissance de notre fils, cette promesse devint « Draconienne ».

    En 2008 mon spondylo devint très gênant, effectivement, le Dr Graziani le définit comme « Stade 2 +++ », autant dire que les jours (ou nuits) où je ne sentais plus mes jambes (sciatique & cruralgie simultanées aux deux jambes), c’est qu’elles étaient paralysées.
    Bien entendu, j’ai fait de longues années de rééducation, de préférence en balnéo qu’à sec… et je continue, mais pas que..

    Fin 2013, notre fils, qui avait refusé, très bêtement notre proposition de « Conduite accompagnée », s’est vu dans l’obligation d’obtenir un « Permis », dans les plus brefs délais !
    Après l’accord de sa Maman, il m’a « obligé » de le conduire et chercher tous les jours pendant une semaine au circuit du Castelet, afin de pouvoir passer son permis A2 !
    Une fois son A2 en poche, je n’avais plus de « Promesses » à tenir… Inscription code début février 2014, permis A en poche début avril. Depuis je roule principalement en moto, même exclusivement depuis l’été 2018.

    En dehors de la moto, je continue la rééducation traditionnelle, la balnéo en Mer depuis dix ans, l’E.F.T. depuis quatre, la Pleine conscience, la cohérence cardiaque, la supraconscience, le Yoga (Contre l’avis de nombreux médecins qui ne voient que le coté gymnastique acrobatique.), et me forme à l’Ayurvéda.

    Il va sans dire que je suis volontaire au cas où vous ayez besoin de témoignages, voir de « Cobayes » !

    Merci de m’avoir lu jusqu’au bout, cordialement , Stéphane

  2. Je ne suis pas médecin mais je suis quinqua. Une chose que j’ai constaté depuis que je me suis mis (sur le tard) à la moto, c’est que la petite douleur ennuyeuse dans ma jambe droite, le truc qu’on appelle une sciatique, a disparu. J’ai remarqué aussi que la moto me force a réfléchir à ma position et à quels muscles travaillent ou pas ; ceci pour éviter la fatigue. C’est un point positif en faveur de la moto… et c’est plus amusant que le pilate. 😉

  3. Salut , merci pour ce sujet dont on parle peu mais intéressant et primordial; je pratique la moto depuis de nombreuses années ce qui me fait remarquer est qu’à partir du moment où déjà je me prépare et je monte sur ma machine se mettent en activation au niveau du cerveau des acuités exacerbées habituellement plus ou moins en sommeils , je n’y connais pas grand chose en physiologie mais j’ai l’impression que la dopamine y est pour quelque chose.

  4. Bonjour à tous,

    Je ne suis pas médecin. Je ne suis pas un « grand » motard… Malgré tout, je me risque à quelques réflexions :

    * les études (pseudo ?) scientifiques montrant (ou tendant à montrer) une corrélation entre santé physique et/ou mentale et pratique motocycliste comportent beaucoup de biais…
    * ces études sont souvent pilotées (financées ?) par des constructeurs….

    Malgré tout, la plupart des motards vont confirmer les résultats de ce type d’études…

    Personnellement, et intuitivement, je verrai 2 facteurs principaux pouvant (objectivement ?) expliquer les bienfaits santé (ressentis ou pas) liés à la pratique de la moto listés dans cet article :

    1) l’expérience du motard (années de pratique, type de pratique (route, TT etc… ) : renfort de la vigilance, de l’équilibre… , résistance à la fatigue et stress de l’environnement.
    2) la forme physique du motard (liée elle-même à d’autres facteurs : gabarit du pilote, âge, pratique d’autres sports) qui vont conditionner bien souvent « l’aisance » sur la moto (mobilité, souplesse, réflexes… ).

    Ce qui m’intéresserait de savoir, c’est ce qu’il faudrait faire ou pratiquer pour piloter de manière optimale une moto sur un trajet de plusieurs heures :

    1) quelques heures avant le départ,
    2) au long cours : sports complémentaires par exemple.

    Enfin, et là je m’adresse aux médecins, est-il conseillé de consommer avant ou après le trajet certaines substances pour renforcer par exemple la vigilance ou pour diminuer le stress ? Je ne parle pas ici du rail de coke ou d’alcool évidemment… En clair, comment arriver frais et dispo après plusieurs heures de roulage (je pars du postulat que l’on pilote une routière adaptée).

    Alain

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