Essayer une moto, rien de plus simple ? Détrompez-vous… La principale difficulté est que chaque concession fait bien ce qu’elle veut comme elle veut. Il faut donc penser à tout à l’avance pour ne pas se retrouver surpris ou coincé. Comme les débutants ne peuvent pas forcément penser à tout, on vous aide !
Publication en janvier 2025
Merci à Alain pour l’idée de cet article !
Articles à lire au préalable :
- Quelle moto pour débuter ?
- Choisir sa moto A2 bridée ou non
- Choisir son moteur pour débuter
- Pourquoi une moto n’est pas faite pour débuter ?
- Les différents canaux d’achat de moto
Sommaire de l'article
Introduction
Vous venez d’obtenir votre permis (A1 ou A2) ou vous revenez à la moto après un long arrêt de pratique.
Vous commencez à vous renseigner pour acheter une machine compatible avec votre titre de conduite.
Vous avez établi votre cahier des charges, vous savez quelle moto convient à votre morphologie et à votre usage.
Vous avez peut-être déjà identifié le type de moto qui vous plaît (ou pas).
Vous avez peut-être même identifié un modèle précis, ou tout au moins un type de motorisation.
Vous avez peut-être déjà pu vous asseoir dessus, vous faire une idée de la position de conduite…
Bref, vous êtes prêts à passer à la phase d’essai dynamique.
Mais vous n’avez jamais réalisé d’essai moto en concession, vous ne savez pas comment ça se passe.
Ce petit guide est fait pour vous.
Pour préparer cet article, je me suis fondé sur mon expérience depuis 2001 (d’abord à Paris, puis en Ile-de-France, puis en Aquitaine et enfin en Haute-Savoie) et suis allé discuter avec plusieurs commerciaux et gérants de concessions moto, de différentes marques.
A ne pas faire (ou à éviter)
Une concession moto, c’est un commerce de vente de véhicules. Pas une agence de location ou de voyage !
Un essai moto, ça mobilise une bécane, ça coûte du carburant, ça use les pneus, les freins, le moteur…
Cela prend du temps, ça demande parfois de nettoyer la moto ensuite.
C’est une prise de risque car la moto d’essai peut être abîmée (mécaniquement), voire endommagée en cas de chute. Certes, la moto est assurée, mais l’entreprise devra toujours payer une franchise.
L’essai ne coûte rien au client, mais c’est un service que lui rend le magasin dans l’espoir de lui vendre plus tard une moto (celle-là ou une autre).
Si les « clients » abusent et viennent juste profiter de la possibilité d’essayer gratuitement (parfois en conduisant mal et en abîmant les motos) sans aucune intention d’acheter ensuite, le concessionnaire n’y a plus aucun intérêt.
De l’avis de toutes les personnes que j’ai rencontrées pour cet article, le pire pour elles est de voir débarquer chaque année, en avril ou mai, les samedis de beau temps, des « motards » qui arrivent en t-shirt (avec juste casque et gants) et demandent : « j’ai envie de rouler, qu’est-ce que vous avez à l’essai ? »
A tel point que de plus en plus de concessions refusent maintenant les essais, sauf si le client est déjà connu chez eux et qu’ils peuvent lui faire confiance.
Comme souvent, les abus, le manque de respect de quelques-uns pénalisent l’ensemble de la communauté motarde…
L’essai d’une moto de démonstration dans une concession, c’est du sérieux, ça doit se préparer (au moins un minimum).
Avant l’essai
Deux fondamentaux simples :
- Prévoyez de fournir votre permis et une pièce d’identité !
Peu importe que vous ayez un permis définitif ou un permis provisoire CEPC, tant que vous avez le droit de conduire une moto. Mais le concessionnaire devra impérativement vérifier que vous avez bien le droit de circuler avec cette catégorie de motos (A1, A2 ou A). Si vous présentez un CEPC (sans photo), il vous demandera une pièce d’identité avec photo (permis de conduire B, carte d’identité, passeport) pour s’assurer que vous êtes bien la personne dont le nom figure sur le CEPC. Ne vous étonnez pas si la personne qui vous accueille en fait une copie. - Préparez un équipement de protection le plus complet possible.
Bien sûr, casque et gants peuvent suffire, c’est le minimum obligatoire. Mais comme tout le monde, un concessionnaire fera plus confiance à un motard bien équipé qu’à un « touriste » motard du dimanche mal équipé. Par ailleurs, le concessionnaire engage son image auprès des autres usagers et des forces de l’ordre, ça ne fait pas sérieux de voir ses motos / scooters en essai par des guignols en short-claquettes…
Pour le reste, il n’y a pas vraiment de règle absolue, mais des recommandations.
Il reste préférable de prendre rendez-vous à l’avance (au moins la veille), de prévenir que vous allez venir tel jour à telle heure pour un ou plusieurs essai(s).
J’ai même connu une enseigne qui exigeait une prise de rendez-vous 48 heures à l’avance et par écrit, pas juste par téléphone !
Mais dans les faits, cela dépend surtout de l’affluence, du moment de l’année, du jour, de l’heure…
Il est évident que si vous débarquez à l’improviste dans une concession de centre-ville ou un « village moto », un samedi de printemps en début d’après-midi, pour essayer le tout dernier modèle de sportive ou de roadster japonais, vous risquez fort de devoir attendre longtemps avant qu’il soit disponible pour votre essai.
A l’inverse, en journée en semaine à l’automne dans un magasin en périphérie urbaine, ça devrait le faire.
Le mieux est de téléphoner ou de passer au magasin pour demander leur avis.
Informez-vous sur les modalités d’essai :
- Les formalités administratives varient beaucoup d’une enseigne à l’autre. Certaines concessions vous demanderont une caution (par chèque ou empreinte de carte bancaire) correspondant à la franchise d’assurance en cas de dommages matériels… d’autres pas du tout ! Sachez-le à l’avance pour prévoir un moyen de paiement adéquat si nécessaire.
- La durée de l’essai peut grandement varier. En règle générale, on est sur une fourchette de 30 à 45 minutes. Mais dans certains cas, si les circonstances s’y prêtent, cela peut aller jusqu’à une heure, voire deux. Mieux vaut le savoir au préalable.
- En fonction de la météo et du type de moto voulu pour l’essai, la concession peut refuser l’essai ou y mettre des conditions. Clairement, c’est chaud pour un motard grand débutant de demander à essayer une sportive par temps de pluie ou s’il fait froid (à cause des pneus) ! Renseignez-vous à l’avance pour ne pas être déçus.
- Si vous n’avez pas un équipement correct et à votre taille sous la main (casque, gants, blouson, chaussures moto, comme pour vos examens pratiques du permis), posez la question. Certains magasins peuvent parfois vous prêter un casque ou des gants.
Autre recommandation : essayez dans la mesure du possible de « cibler » votre essai ou vos essais.
Informez-vous sur la ou les moto(s) qui vous intéresse(nt). Vérifiez évidemment qu’elle correspond à votre catégorie de permis de conduire.
Si possible, renseignez-vous sur l’assurance pour vérifier que vous pourrez l’assurer à un tarif qui vous convient.
Mieux vous connaîtrez le modèle que vous allez essayer, plus le vendeur vous prendra au sérieux et vous fera confiance. En outre, cela vous évitera une possible déception…
Important : préparez votre trajet !
Vous n’aurez souvent que 30 à 40 minutes d’essai, parfois en partant d’un magasin en centre-ville, où il vous faudra déjà 10 à 15 minutes pour espérer sortir de la ville… Même si vous connaissez très bien le coin, réfléchissez aux routes que vous souhaitez prendre pour tester cette machine dans des conditions proches de celles où vous pensez la conduire au quotidien. Si vous ne connaissez pas ou peu la région, il est encore plus important de ne pas partir à l’inconnu ! N’hésitez pas à préparer un itinéraire sur votre téléphone avec une appli de navigation ou à vous faire un petit « road-book » sur papier (que vous pourrez scotcher sur le guidon – s’il ne pleut pas).
Si vous prévoyez un essai en duo, posez la question à l’avance car ce n’est pas toujours possible.
Le jour de l’essai
Avant de partir de chez vous, vérifiez la météo et prenez un équipement adéquat.
Si vous ne connaissez pas le magasin, vérifiez l’itinéraire pour vous y rendre et le temps de trajet nécessaire.
Si vous avez pris rendez-vous, arrivez à l’heure, voire un peu en avance !
Les formalités administratives peuvent parfois prendre cinq à dix minutes. Si vous arrivez à la bourre, vous allez vouloir les bâcler et ce n’est pas une bonne idée…
Lisez bien ce qu’on vous demande de signer !
Le feuillet présenté à la va-vite avant l’essai et signé sans même avoir été lu peut stipuler des clauses extrêmement pénalisantes pour vous. Il peut par exemple prévoir que vous vous engagez, si vous êtes responsable de l’accident, à prendre en charge la totalité des réparations nécessaires à la remise en état du véhicule accidenté. Les professionnels ne sont en effet pas tous assurés pour les dommages causés à leur moto, la loi leur imposant seulement d’être garantis pour les dommages occasionnés aux tiers. Et même s’ils bénéficient d’une garantie « tous risques », vous pouvez rester redevable du montant de la franchise, qui peut vite dépasser le millier d’euros !
Si la moto est déjà disponible, n’hésitez pas à demander à partir en essai avant l’heure prévue afin d’avoir cinq ou dix minutes de plus pour bien réaliser votre test, mais aussi pour être sûrs de revenir à l’heure demandée.
Posez franchement la question de la durée de l’essai.
En général, si la moto n’est pas réservée pour un autre rendez-vous après le vôtre, le commercial vous accordera souvent 5 à 15 minutes de plus. N’en abusez pas… Par contre, si c’est un jour d’affluence, ne partez pas du principe que ce rab’ de temps est accordé d’avance et respectez l’horaire convenu.
Si vous ne connaissez pas bien le coin, n’hésitez pas à demander des conseils pour le trajet, notamment les routes à éviter en fonction des heures de pointe. Le vendeur connaît parfaitement les environs de son magasin, il saura vous conseiller les meilleures routes selon vos critères.
Avant de partir, prenez une minute pour régler le poste de conduite, notamment les rétroviseurs.
Avec l’excitation du moment, le stress du premier essai, l’adrénaline… on devient con ! Ce qui semble évident à tête reposée passe à la trappe. Faites-vous une « check list » avant de partir, pendant que le moteur chauffe à l’arrêt. N’hésitez pas à demander au vendeur un rapide cours de « prise en main » de la moto, notamment pour le réglage des modes moteur (s’il y en a). Repérez les commandes principales pour ne pas avoir à les chercher en cours de route. Si la selle est réglable (en hauteur), c’est un point à vérifier avant de monter dessus : la personne qui l’a essayée avant vous ne faisait pas forcément la même taille que vous…
Dans le même esprit, vérifiez la jauge de carburant avant de quitter le parking du magasin.
Quand les essais s’enchaînent, le personnel de la concession n’a pas toujours le temps ou l’idée de refaire le plein.
Vous conduisez pour la première fois une moto que vous ne connaissez pas et qui ne vous appartient pas.
Roulez en conséquence… Laissez le temps au moteur et aux pneus de chauffer. Ne tapez pas dedans comme un sagouin.
En cas de problème
Souci mécanique
Même sur une moto neuve (ou presque), cela peut arriver…
Panne d’essence, pneu crevé, défaillance moteur : dans tous les cas, appelez la concession, ils enverront un fourgon pour vous récupérer.
Cela suppose évidemment d’avoir pris la précaution de noter le numéro de téléphone du magasin avant de partir.
Dommages matériels
Chute à l’arrêt ou à basse vitesse, collision sans gravité… la moto est par terre, elle est endommagée, même légèrement.
Si elle reste roulante, ramenez-la à la concession en faisant très attention : il y a peut-être des dégâts que vous n’avez pas vus.
Si la moto est bien aîmée ou que vous avez le moindre doute sur son état, ne prenez pas de risque et appelez le magasin. Là encore, un fourgon viendra vous récupérer.
Dommages corporels
Là, c’est moins drôle… Si vous êtes blessé, vous allez peut-être avoir besoin de soins médicaux. Or si vous n’avez pas (encore) de moto, il est probable que vous n’ayez pas souscrit d’assurance avec protection corporelle.
Pour en savoir plus, lire Bien choisir son assurance moto
Par contre, il est possible que votre foyer (vous-même et/ou votre famille) soit couvert par une garantie des accidents de la vie (dite GAV) qui vous indemnise en cas de dommages corporels. Mais la pratique de la moto est généralement considérée comme une exception car cataloguée « sport à risque ». Relisez bien votre contrat d’assurance GAV avant l’essai pour en avoir le coeur net.
Pouvez-vous être indemnisé par l’assurance de la concession ?
Certaines concession ont souscrit une garantie corporelle pour tous les conducteurs, d’autres non.
En l’absence d’une telle assurance, un recours reste possible sous réserve de prouver que la concession était restée ce qu’on appelle juridiquement « gardienne du véhicule ».
Selon l’article 2 de la loi du 5 juillet 1985 relative à l’indemnisation des victimes d’accidents de la circulation, le gardien du véhicule est tenu à indemnisation intégrale du conducteur victime – sauf si ce dernier a commis une faute de nature à exclure son indemnisation ou à la limiter.
Ainsi, dans un arrêt du 28 février 2012, la Cour d’Appel de Nîmes a accordé une indemnisation à la famille d’un motard décédé alors qu’il essayait une moto. Les juges ont admis qu’en confiant le véhicule à la victime pour un usage limité (essai en vue d’une vente), alors qu’elle en ignorait les caractéristiques (tendance du véhicule à tirer tout droit) et la tenue de route (présence d’une pellicule de démoulage sur les pneus), le concessionnaire en était resté le gardien, la victime n’ayant pas sur lui les pouvoirs de direction et de contrôle.
Conclusion
Comme vous avez pu le remarquer, les conditions d’un essai moto varient énormément selon les concessions. Qui plus est, dans une même concession, elles peuvent légèrement changer selon la période de l’année, le modèle de moto demandé, votre profil…
Ne tirez aucune généralité !
Que votre essai se soit bien ou mal passé, cela ne veut pas dire que ce sera pareil ailleurs.
Ne prenez pas pour parole d’Evangile les divers témoignages et retours d’expérience que vous pourrez lire ou entendre autour de vous sur ce sujet. C’est vraiment propre à chacun et très variable selon les régions, les villes, les concessions… Et surtout, cela n’a rien à voir avec telle ou telle marque. Chaque concession est libre d’adopter sa politique propre en matière d’essais avant vente.
D’où l’importance de vous renseigner avant !
Je termine avec deux vidéos qui pourront vous aider à préparer votre achat :