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Préambule
Bien démarrer sur l’exercice à allure lente s’avère un point crucial à l’examen plateau, pour plusieurs raisons :
- vous commencez par ça, c’est le premier exercice avec moteur, c’est le début du parcours « tout en un »
- c’est souvent le moment où vous ressentez un pic de stress puisque vous venez de rester plusieurs minutes (voire dizaine de minutes) sans rouler, sans vous exercer, vous démarrez « à froid »
- vous savez que l’inspecteur, votre moniteur, d’autres moniteurs, d’autres candidats vous regardent
- vous partez de l’arrêt, sans effet gyroscopique, avec peu de place pour acquérir votre équilibre
- c’est le parcours lent, un des trois exercices les plus difficiles du parcours, avec la pression du chronomètre
- la trajectoire entre la première porte de plots et la première porte de piquets est fondamentale pour la réussite de la suite du parcours lent
Bref, tout ça combiné… c’est chaud !
Maîtriser tous les points de ce démarrage est très important.
Bien démarrer le lent, c’est facile 50% de la réussite au lent. Et réussir le lent, savoir que vous avez fait un bon parcours lent, ça vous débloque pour la suite, ça rassure, ça vous permet de vous libérer mentalement pour tout le reste du parcours.
N’hésitez pas à travailer ce segment en particulier, avec de nombreuses répétitions : juste le démarrage, la porte de plots, la porte de piquets. Point. Pas de chronomètre à ce stade.
Une fois que ça passe « bien » (pas de déséquilibre, pas de pied au sol, pas de franchissement de ligne, pas de plot déplacé, pas de piquet touché), là vous ajoutez la seconde porte de piquets.
A partir du moment où ça passe « bien » (mêmes critères), là vous ajoutez le chronomètre.
Normalement, vous devez mettre au moins 10 secondes (à la roue arrière) pour atteindre la seconde porte de piquets.
Cela vous laisse juste la ligne droite à parcourir en 6 à 10 secondes.
La position de départ
C’est un détail, mais qui revêt selon moi une grande importance : la position de votre corps pour démarrer, quand vous êtes encore à l’arrêt.
Il faut se mettre le plus en avant possible sur la selle, contre le réservoir.
Tenir le guidon sans le serrer et surtout sans se crisper dessus.
Poignets dans le prolongement de l’avant-bras, surtout pas cassés, ni vers le haut, ni vers le bas.
Coudes souples, ni collés au corps, ni écartés vers les côtés, épaules relâchées.
Ne jamais freiner de l’avant dans le lent : enlevez les doigts du levier, n’y touchez jamais dans cet exercice.
Très important : pied gauche au sol, pied droit sur le repose-pied, avec juste la pointe du pied sur la pédale de frein.
Il vous faudra freiner de l’arrière au cours de cet exercice, mais pas trop fort. Si vous freinez fort, même de l’arrière, vous risquez de faire caler le moteur. Il faut freiner très doucement, juste avec le bout du pied, ça suffit.
Mais pour ça, il faut avoir le pied droit bien positionné. Si vous devez chercher la bonne position en cours de route, pendant cet exercice déjà bien compliqué… vous vous rajoutez une difficulté.
Prenez le temps de bien placer votre pied droit à l’arrêt, tranquillement, avant de partir.
Du coup, forcément, pied gauche au sol. Mais seulement le pied gauche !
Très important : avancez les épaules vers l’avant, penchez-vous un peu au-dessus du réservoir.
Beaucoup d’élèves se tiennent raides, trop droits, voire en arrière, comme pour refuser l’obstacle. Une attitude de refus d’obstacle entraîne forcément une mauvaise approche du parcours. Il faut au contraire vouloir « rentrer dedans » !
De plus, se pencher vers l’avant permet de placer le centre de gravité de votre corps au-dessus de celui de la moto, assurant un meilleur ressenti et un meilleur contrôle.
Placement de regard
Simple : sur le haut du piquet extérieur de la première porte de piquets.
Dès le point de départ, quand vous êtes encore à l’arrêt, regardez la sortie du premier virage : là où vous voulez aller et à votre hauteur.
Pas la ligne blanche au sol, pas la porte de plots, pas le piquet intérieur, pas par terre…
Ne quittez pas des yeux le haut du piquet extérieur de la première porte de piquets.
Souvent, il y a un capuchon plastique, c’est votre point d’ancrage visuel.
Gestion des commandes
La coordination des trois commandes d’embrayage, d’accélérateur et de frein arrière s’avère souvent difficile à acquérir pour les élèves… Mais elle se révèle la façon la plus efficace non seulement d’éviter les erreurs, mais surtout de les rattraper.
Conseils d’entraînement
A l’entraînement, au lieu d’enchaîner les parcours à répétition sans arrêt, prenez quelques secondes avant chaque départ pour analyser vos erreurs et réfléchir aux remèdes.
Avant chaque départ, respirez : une grande inspiration par le nez, une longue expiration par la bouche, en poussant les épaules et les coudes vers le sol pour les relaxer.
Posez-vous, concentrez-vous, visualisez votre trajectoire, projetez-vous mentalement dans le parcours en pensant à toutes vos actions du début jusqu’à la fin…
N’hésitez pas à faire une reconnaissance du parcours à pied, en mimant chaque geste, chaque manœuvre pour bien les ancrer cérébralement.
Exercez-vous progressivement, en trois phases.
Phase 1
D’abord en ligne droite, apprendre à gérer l’embrayage, manié à trois doigts, le petit doigt enroulé autour de la poignée, les trois autres sur le levier.
Moteur tournant, sur le premier rapport, il s’agit de trouver le point de patinage.
Dès que la moto avance de 2 cm, on reprend l’embrayage, mais sans jamais débrayer entièrement.
Pour encore mieux le sentir, freiner de l’avant pour bloquer la roue et lâcher lentement le levier d’embrayage jusqu’au calage.
Vous pouvez aussi vous exercer à faire « danser » la moto, en faisant comprimer puis détendre la fourche. Pour cela, frein avant serré pour bloquer la roue avant, pas de gaz, on vient trouver (rapidement et précisément) le point de patinage, la fourche se comprime, on repasse en roue libre en débrayant de quelques millimètres, et on recommence.
Vous devez être capable de trouver pile le point de patinage en moins d’une seconde.
Phase 2
Ensuite, l’accélérateur : à l’arrêt, sur le point mort, travailler à ne jamais couper les gaz et garder un régime moteur entre 2.000 et 3.000 tr/minute.
Passer à la combinaison des deux pour sentir que le point de patinage devient plus sensible, plus facile à trouver.
Phase 3
Enfin, travail de l’allure en ligne droite, en ajoutant le frein arrière, pour rouler le plus lentement possible, sans caler ni mettre de pied à terre.
Une fois que c’est acquis, pratiquer cette coordination des trois commandes :
- d’abord en cercle (dans les deux sens)
- puis en huit
- puis sur le « noyau central » (sur la partie du parcours entre les deux portes de piquets, en arrivant et en sortant en ligne droite), dans les deux sens
Il faut conserver un point de patinage précis et permanent, stable, constant… sans pomper sur l’embrayage.
« Pomper » sur le levier d’embrayage, c’est prendre le risque de « trop » débrayer et passer en roue libre. Roue libre à moins de 5 km/h = perte d’équilibre.
Il est EXTREMEMENT important d’apprendre à mettre et à GARDER du gaz sur le point de patinage de l’embrayage.
Je sais que ça vous fait bizarre, que vous n’avez pas l’habitude, que vous avez peur que ça parte trop vite, que vous craignez que ça abîme la mécanique… Non, rien de tout ça.
Faire ronronner, voire vrombir le moteur (sans le faire hurler) n’abîme rien et n’est pas dangereux.
Pourquoi mettre du gaz ?
Pour quatre raisons :
1- Garder du gaz évite de caler, même si vous vous loupez sur l’embrayage
2- Monter le régime moteur genère de l’effet gyroscopique (masses en mouvement rotatif dans le moteur) et améliore l’équilibre
3- Augmenter le régime moteur rend le point de patinage d’embrayage plus précis, plus facile à gérer
4- Mettre du gaz avec le moteur en prise génère un (léger) transfert de masse vers l’arrière et assied la moto sur son pneu arrière, plus large, donc plus stable
Pas besoin de faire hurler le moteur, un régime compris entre 2.000 et 3.000 tours/minute suffit.
Il ne faut surtout pas accélérer de plus en plus fort, cela ne sert à rien.
Il est difficile de garder un régime moteur parfaitement stable.
Ce n’est pas grave : il s’agit de rester dans une plage, de ne jamais couper les gaz sans pour autant trop solliciter le moteur (ce qui finirait à la longue par user l’embrayage).
Gestion de l’allure
Rappelez-vous bien que le chronomètre se déclenche seulement quand la roue arrière passe la première porte de plots. Avant cela, la vitesse est libre, pas besoin de rouler super lentement !
Si vous placez bien l’aplomb de la roue arrière sur la ligne blanche au sol, cela vous laisse trois mètres pendant lesquels vous pouvez acquérir de la vitesse pour tout de suite stabiliser la moto.
Alors lancez-vous !
Une fois qu’on s’est bien positionné.e sur la moto, qu’on a placé son regard, qu’on a respiré et réfléchi à nos actions… on met d’abord du gaz, puis on vient trouver le point de patinage et on embraie 2 mm de plus de plus pour prendre un peu de vitesse tout de suite, sur les deux premiers mètres.
Pendant ce temps-là, vous montez le pied gauche sur le repose-pied.
Dès que votre corps est dans la première porte de plots, freinez de l’arrière et débrayez légèrement (pas de roue libre) pour trouver le point de patinage.
Bien sûr, gardez toujours du gaz.
A partir de là, vous devez rouler lentement.
Comme ça, vous êtes déjà à basse vitesse quand le chrono se déclenche.
Gestion de la trajectoire
A ce moment précis, quand votre corps passe la première porte de plots, vous êtes encore en ligne droite.
Juste après, à peine une seconde plus tard, quand la roue avant de la moto est à la hauteur du premier piquet, vous braquez pour tourner large.
La roue avant de la moto doit passer au ras de la ligne blanche longitudinale au sol.
De cette façon, vous arrivez au milieu de la porte de piquets, avec la moto droite, la roue avant perpendiculaire à la porte de piquets.
Votre virage du début de parcours lent est réussi, il ne vous reste plus qu’à enchaîner la suite.
Lire Conseils pour le lent sans passager