Cet exercice s’avère délicat car l’impression de vitesse peut paralyser nombre de candidats, même si la manœuvre en elle-même n’est pas techniquement compliquée.
Publication en décembre 2024
Je recommande de vous entraîner en dissociant bien les actions :
- Commencez par maîtriser l’évitement sans arrêt, sans freinage
- d’abord à 40 km/h,
- puis 45,
- puis 50,
- puis 55
- Entraînez-vous ensuite au freinage en ligne droite (exercice d’arrêt avec freinage)
- Une fois que ces deux manœuvres distinctes sont bien assimilées, entraînez-vous à l’évitement avec freinage, puis arrêt dans la zone prévue à cet effet
Dans la ligne droite d’arrivée sur l’évitement, préparez deux points : regard et position
Sommaire de l'article
Le regard
Avant l’entrée dans le couloir d’évitement, regardez loin devant mais de l’autre côté de la piste.
Ce point est particulièrement important : tout au long de la manœuvre d’évitement, vous devez fixer là où vous voulez aller, et non l’obstacle.
Si vous avez le malheur de regarder, de fixer, ne serait-ce que de jeter un coup d’œil sur le « mur » de trois plots devant vous, en particulier sur celui dit de « tête d’évitement »… vous augmentez énormément le risque de percuter ce plot.
Ensuite, dès que vous entrez dans le couloir d’évitement, vous devez absolument et exclusivement regarder loin dans la direction où vous voulez aller, c’est-à-dire vers la porte de piquets placée à l’opposé de l’évitement.
Regardez les piquets (ou les plots) placés de l’autre côté de la piste, bien en évidence.
Cela vous aidera à bien accentuer votre évitement et à ne pas redresser trop tôt, au risque de toucher le plot de tête d’évitement.
La position
Le bas du corps doit être serré, groupé, tandis que le haut du corps devra lui rester souple, mobile, détendu, capable de bouger.
Dans la ligne droite avant l’évitement, inspirez profondément, expirez longuement, lentement, à fond, en relâchant les épaules, en faisant exprès de pousser les épaules et les coudes vers le sol.
Penchez-vous un peu vers l’avant et fléchissez les bras.
Les appuis
Les pieds doivent fournir un appui efficace sur les repose-pieds.
Pour cela, ils doivent être serrés contre la moto, tout le côté intérieur du pied en contact avec la machine, et supporter l’appui du corps sur la partie la plus large du pied.
Donc, pas de pieds « en canard » (pointe de pied sortie vers l’extérieur), pas de pied avancé avec la pointe du pied sur ou sous le sélecteur, ni sur le frein arrière !
N’hésitez pas à appuyer FORT sur le pied intérieur, cela aide beaucoup à incliner la moto.
Le rôle des genoux est double : avant tout, sentir l’équilibre de la moto, et ensuite, influer sur celui-ci.
C’est pourquoi il faut garder en permanence la plus grande surface de contact possible entre les cuisses et le réservoir, ce qui ne peut se faire qu’en serrant les genoux. Surtout en virage où on a souvent tendance à écarter le genou intérieur, dans une vaine tentative instinctive de trouver de l’équilibre.
Demandez à un camarade de se mettre pile en face du couloir d’évitement et de vous observer attentivement. Je parie qu’il vous dira que vous écartez le genou intérieur au moment de l’évitement…
Les épaules souples permettent d’agir sur le guidon de façon dosée, précise, en faisant l’effort avec le poignet et le coude, sans y ajouter la puissance de l’épaule qui ferait alors peser tout le poids du torse sur le guidon et risquerait d’exagérer la réponse de la moto.
Conséquence de tout ce que je viens de dire : les mains doivent rester légères sur le guidon, juste posées, pas serrées, pas crispées.
L’action de déclenchement
C’est le coude qui pousse l’avant-bras pour que la poussée de la main provoque l’inclinaison de la moto.
Il faut vraiment pousser vers l’avant, comme si on voulait braquer le guidon, et non appuyer vers le bas.
Le coude doit pousser, pas l’épaule.
Attention à un défaut très répandu au début : à cause de la crispation des épaules et de la raideur du dos, beaucoup de débutants ne poussent pas vraiment sur le guidon, mais se repoussent en arrière. Ils ont l’impression de pousser, voire de pencher. Mais en fait, ils inclinent à peine la moto.
Facile à diagnostiquer : si en poussant sur le guidon pour incliner, vous vous retrouvez avec le bras tendu, c’est que vous vous repoussez sur le guidon.
Rappelez-vous, à plus de 30-35 km/h, le guidon ne peut pas tourner ! Vous allez appliquer une pression sur lui, mais votre bras fléchi ne doit pas, ne peut pas se tendre. S’il se tend, c’est que vous repoussez votre corps en arrière.
Vous devez pousser sur le guidon du côté où vous voulez tourner, ce qui va incliner la moto de ce côté, et accompagner un minimum la machine avec le bas du corps, en déhanchant (je n’ai pas dit en sortant les hanches de l’axe vertical de la moto).
Ce qui suppose – encore une fois – un bassin souple, détendu, pas rigide.
Encore une fois, profitez de la ligne droite pour vérifier votre bonne position sur la moto avant l’évitement.
Astuce pour déclencher l’évitement au bon moment
Quand la roue avant passe sur la ligne C6 au début du couloir et que vous coupez les gaz, comptez une seconde en scandant « un-deux » bien distinctement.
Comptez « un-deux » en scandant bien les deux syllables, puis déclenchez l’évitement.
Ne déclenchez pas votre évitement dès l’entrée dans le couloir : vous ne feriez que percuter le second plot intérieur du couloir.
Attendez une petite seconde, en comptant « un-deux ».
Déclenchez avec les DEUX appuis : pied et main.
Gardez le torse droit, vertical. Ne sortez pas les épaules, n’écartez pas le genou intérieur, ne vous penchez pas. Cela ne sert à rien et ne fait que parasiter votre mouvement.
Poussez simplement votre main vers l’avant, comme si vous vouliez avancer l’avant-bras.
Vous pouvez améliorer cet appui de la main intérieur par l’appui du pied intérieur, en poussant fort avec la cuisse vers le bas, verticalement.
Quand vous déclenchez, la moto s’incline et se déporte : laissez-la se déporter sur environ un mètre, voire 1,5 mètre !
Ne la relevez pas tout de suite.
Seulement quand vous avez contourné le mur de trois plots, placez les yeux sur la zone d’arrêt et redressez la machine.
Je vois beaucoup d’élèves vouloir redresser tout de suite après avoir incliné (souvent parce qu’ils regardent tout de suite la zone d’arrêt final) et du coup, toucher le plot de tête d’évitement.
Attendez d’avoir passé le mur de plots et redressé la moto pour regarder la zone d’arrêt (dans le rectangle de plots bleus).
Récapitulatif des quatre commandements pour réussir l’évitement :
- Placement de la moto en milieu de couloir, très à l’avance, pendant la ligne droite
- Placement du regard à l’avance, environ une seconde avant l’entrée dans le couloir
- Coupure des gaz à l’entrée du couloir et attendre une seconde
- Déclenchement franc de l’évitement avec poussée sur la main et appui sur le pied