Lettre ouverte à celles et ceux qui commencent l’apprentissage moto et s’estiment « pas doués », se disent qu’ils seraient « pas faits pour la moto », qui seraient tentés de laisser tomber, d’abandonner le permis moto.

Publication en décembre 2024

Première publication sur le groupe Facebook « A2 Riders« 

J’ai commencé les cours moto début 2000 à 25 ans pour des raisons purement utilitaires à la base (trajets dans Paris intra muros), sans jamais avoir touché un deux-roues moteur de ma vie : jamais de mob’ ni de scoot’ quand j’étais ado.

J’avais de bonnes bases de vélo, mais c’est tout.
Et j’avais déjà eu du mal à obtenir mon permis voiture en 1998 : il m’avait fallu trois essais.
Bref, pas gagné au départ…

Grand débutant, les cours ont été difficiles, avec des formateurs peu ou pas pédagogues dans une école moto francilienne bien connue, avec dix élèves par moniteur.

J’ai d’abord raté quatre fois le plateau :

  • les deux premières fois clairement à cause du stress,
  • les deux fois d’après parce que je n’étais pas encore prêt techniquement.

C’est là que j’ai changé de moniteur et que je suis tombé (par pure chance) sur un moniteur plus compétent.

J’ai fini par obtenir le plateau à la 5e présentation, après une quarantaine d’heures de cours.
Du coup, examen circulation après quelques heures de cours.

Encore pas mal de stress… En plus, le candidat avant moi n’arrêtait pas de caler à chaque démarrage ! A mon tour, je fais super attention, aucune erreur éliminatoire, quelques petites fautes sans gravité, mais… « pas assez dynamique, Monsieur ! »
Ajourné.

A l’époque, quand on ratait cinq fois une épreuve pratique (plateau ou route), il fallait repasser l’épreuve théorique de code de la route.
Du coup, je repasse mon code. Pendant ce temps-là, je prends une moto 125 et je roule un max, en faisant hyper gaffe. En six mois, j’ai fait 5.000 km et je suis revenu en cours gonflé à bloc, en sachant que je savais rouler à moto.

Code du premier coup, plateau du premier coup, de nouveau la circu…
Coup de chance, je tombe sur un inspecteur motard, il m’a arrêté au bout d’à peine 15 minutes : « c’est bon Monsieur, pas la peine de continuer, vous savez rouler… »

Je prends une moto très raisonnable et je roule : tous les jours, sortie tous les week-ends, toutes les vacances à moto… Au bout de 4 mois de permis, je fais mon premier tour de France, 4.500 km en 15 jours. Au bout d’un an, je change de moto pour prendre une vraie routière et je fais 50.000 km avec sur la première année. Je n’étais pas bon au départ, mais avec une moyenne entre 35 et 40.000 km par an, je suis devenu à l’aise en deux-trois ans.
J’ai suivi des stages de perfectionnement, je suis entré au club moto de l’école de gendarmerie à Fontainebleau, je me suis entraîné le plus que je pouvais…

Près de 25 ans plus tard, j’approche le million de kilomètres parcourus, partout en Europe et en Afrique, sur tous types de routes et de chemins, par tous les temps, dans toutes les conditions, de -25°C à +45°C…
J’ai fait de l’enduro, du trial, du circuit, du rallye routier… Je n’ai jamais gagné de compétition. Pas de palmarès glorieux. Je ne me considère pas comme un « pilote ». Mais je suis vivant, entier et je n’ai jamais eu d’accident grave.

Et surtout, je sais ce que c’est que d’être un « gros mauvais » au début.
Je sais que si j’y suis arrivé, tout le monde peut y arriver.

Les hasards de la vie pro m’ont amené à devenir formateur moto.
En plus de 15 ans de métier, j’ai formé des petits et des petites (1,45 m la plus petite), des gros, des « vieux » (69 ans pour le plus âgé et il l’a eu, j’ai même connu un élève de 80 ans mais qui a abandonné après 3 échecs au plateau), des dyslexiques, un dyspraxique (là, c’était dur), des sourds, des handicapés moteur…

Tout le monde peut faire de la moto.
Ce sera peut-être long, difficile (et coûteux), mais s’il n’y a pas de handicap sévère, tout le monde peut y arriver !
C’est avant tout une question de motivation, de travail, d’entraînement, donc de détermination.

Comme c’est surtout de l’entraînement, il faut un bon entraîneur et de bonnes conditions d’entraînement.
Beaucoup d’entre vous ne se rendent pas compte à quel point le rôle du formateur est déterminant et à quel point ça joue d’avoir une bonne piste sécurisée et en bon état, proche du garage, avec des machines en bon état, légères et faciles…

Vous ne savez pas à quel point la plupart des moniteurs moto français (entre la moitié et les trois quarts) ne sont pas pédagogues et ne savent pas enseigner correctement la moto.
Ils savent vous faire « bachoter » pour préparer un examen, ça oui !
Mais pas vous former à vraiment maîtriser une moto gros cube…

Vous ne voyez pas forcément à quel point les modalités d’examen en France ne vous préparent pas à réellement affronter la vraie vie sur la route.
Mais c’est un autre sujet.

Retenez surtout que tout le monde peut y arriver.
Vous aussi.

3 thoughts on “« La moto, c’est pas pour moi… »”
  1. Bonjour, moi c’est Nadine (1,65 m), après 13 ans en tant que Seconde De Selle (SDS = passagère), j’ai entamé une formation pour devenir pilote à 57 ans. J’ai passé haut la main le code (une faute), mais il faut l’aborder sérieusement.
    Comme je n’avais jamais fait de moto (même aucun deux roues à moteur), mes premières heures ont été sur une 125cc. Je suis passée ensuite sur 390 Duke de chez KTM et là la galère a commencé (nombreuses chutes, pas à l’aise du tout, stressée par l’accélérateur) !
    Mon instructeur (un prof génial) et moi-même avons décidé de repartir sur une formation 125 (de 7 heures) afin de prendre confiance en moi pendant quelques centaines de kilomètres (992 km effectués ainsi avec une fidèle 125 YBR Yamaha, achetée pour l’occasion).
    J’ai ensuite repris la formation A2 (sur la Duke) et après 32 heures de plateau et 8 h 30 de circulation sous tous les temps (pluie, nuit, froid glacial, canicule). J’ai réussi mes deux examens (plateau et circu) du premier coup, le tout sur une période de 9 mois ! Cela a été une grande remise en question, avec une période de grand doute au tout début (mais encouragée et supportée par mon chéri et mes enfants tous motards). Et si j’ai réussi, c’est avant tout grâce à la pédagogie et la patience de mon exceptionnel moniteur qui avait dit au tout début : »c’est pas gagné » !
    Depuis 1 an, j’ai parcouru 11 000 km (avec la moto de mes rêves, une belle 900 Triumph Street Twin full black) et tant que je pourrais, je continuerais. Quel bonheur (faut rien lâcher) ! ! !
    Pour terminer, je reste humble sur la route car consciente que mon apprentissage n’est pas terminé face aux nombreux dangers de la route.

  2. Alors s’il y en a une qui peut dire qu’il faut s’accrocher à ses désirs ; je ne dirais pas à ses rêves, car même si, ado, j’enviais les voisins qui semblaient s’éclater sur leurs mob, moto cross et autres 2 roues vrombissants, mon éducation par une mère totalement anti motards à mon grand désarroi (tous des abrutis infréquentables, des voyous bruyants à ses yeux…bref… J’ai eu ma revanche !) ; je ne me suis jamais autorisé à rêver de les accompagner ni même à envisager un jour piloter un 2 roues autre que mon vélo…
    Mais voilà, peu après mes 45 ans une sortie à été organisée par certains de mes collègues motards et de fil en aiguille, d’un simple échange sur le ton de la blague à une proposition de m’embarquer, je me suis retrouvée équipée par un collègue et SDS d’un autre qui sont devenus (à mes yeux) mes « parrains motards » puisqu’ils m’avaient offert un fabuleux baptême de 450kls en Ardèche bien viroleuse. Et pas sur la plus petite moto, au contraire, sur un magnifique CBR XX qui m’a impressionné lorsque je me suis retrouvé sur la selle passager. Ma première question : comment je vais faire pour tenir là-dessus sans tomber dès la 1ere accélération . La bienveillance de ce pilote et de mes collègues, leurs conseils ont fait que très rapidement et malgré une pointe sur autoroute sous la pluie, je me suis surprise à cette fois-ci rêver d’être au guidon.
    2 mois après j’obtenais mon code moto et commençais le parcours du combattant pour passer le A2… Je ne pensais plus qu’à ce plateau, ce permis, je regardais toutes les vidéos, j’ai pris connaissance de ce site, lu tous les conseils, cherché et trouvé ma moto. Je m’étais fixé l’objectif de passer commande dès l’obtention du plateau, j’achetais déjà des accessoires pour la mettre à mon goût, je m’offrais même pour Noël mon 1er cuir aux couleurs dont je rêvais ma moto… A tel point que sans m’en rende compte je me mettais une pression sans pareil… Je le suis battue pour réussir le lent qui me bloquait, puis le slalom, l’évitement et le freinage d’urgence. Mon moniteur a été super, pédagogue, patient, me permettant même des extras pour que je m’entraîne… Et puis il m’a jugée prête. M’a inscrite à l’examen… Raté… J’étais en colère, frustrée et déçue. J’ai bossé encore plus. 2ekecessai, raté encore … Je m’accroche, l’abandon n’est pas une option. Je le veux ! Plus je raté, plus je m’accroche… J’arrive à un stade où en cours je suis au top. Les autres élèves me disent « toi c’est sûr, tu vas l’avoir facile… » Mon moniteur y croit et ne comprends pas, me conseille de faire une séance avec une « thérapeute » en déblocage émotionnel car clairement c’est mon stress qui me fait rater le plateau … Le reconfinrment mets mes cours en pause… puis je retente… 3, 4, 5… Mon mari passe sa formation et achète une 125, mon moniteur me fait l’attestation et je pars en solo … Je fais le rodage en 3 semaines, je roule dès que j’en ai l’occasion, le Pilat, l’Ardèche , le Vercors… Et je retente… 6, 7, 8… Je finis par oublier mon côté cartésien et je fais une séance de Reiki… Effet placebo ou réel remède… La 9eme est la bonne, je décroche enfin mon plateau après plus de 50 leçons… Je commande ma moto rêvée… La circulation passe de justesse du 1er coup, encore à cause du stress… Mais je l’ai enfin 14 mois après avoir commencé !!! À 46 ans 1/2 je suis enfin au guidon… Mon permis m’a coûté quasiment ka moitié du prix de ma moto mais je l’ai enfin ! Aujourd’hui encore le stress me bloque surtout dans les courbes et les descentes, je ne suis pas à l’aise. Je roule avec mes parrains qui me conseille, m’aide à grandir quand ils en ont le temps… Je leur dois beaucoup. Aujourd’hui je suis un peu plus sereine, je roule en solo mais préfère tout de même rouler en compagnie de motards respectueux des trajectoires car cela m’aide à progresser, ma moto à 3 ans, son p’tit nom et 41000kms. Elle a subit un accident au bout de 7 mois. Une erreur bête de débutante, une distance de sécurité mal évaluée… Mais ça ne m’a pas arrêtée ! Je me considère encore très débutante par manque de confiance en moi surtout.
    Mais malgré tout, je roule toute l’année, je suis adepte des grosses virées à la journée sans limite de kilomètres ni de temps et je fais même peur à quelques copains qui n’osent plus partir avec moi car ils savent que leurs popotins ne tiendront pas le traitement
    Alors aux débutants, à ceux et celles qui pensent au permis sans oser se lancer, à ceux qui se mettent des barrières par peur de ne pas être à la hauteur, d’être jugés, de le rater… Je vous dis « croyez en vos rêves, à vos désirs car tout est possible quand on le veut vraiment… Osez ! Le plus beau reste à venir ! »

  3. Je me reconnais un peu dans cette expérience, car j’ai commencé mon permis en 1984 avec en revanche de mon côté une certaine expérience puisque venant de la mob à l’époque. J’ai eu d’abord le code général facilement, du premier coup. Ensuite ça s’est nettement compliqué. A l’époque il y avait un autre code spécifique à la moto, il a fallu que je m’y reprenne trois fois. Enfin, pour la pratique, je me suis raté 4 fois, chaque fois sur le slalom de la partie lente qui était assez sélective. Si je l’avais loupé une cinqième fois, c’était un repassage de l’ensemble des parties qua j’avais déjà (codes). J’ai finalement réussi à l’avoir et depuis je n’ai jamais arrêté la moto. Ne jamais se décourager, c’est ça qu’il faut se rappeler. Je e sais pas depuis combien de kilomètres j’ai fait en moto, en tout cas surement pas autant qu’au dessus, mais je ne suis pas prêt d’arrêter!

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