C’est bien beau de dire comment il faudrait négocier un virage à moto, en théorie, dans l’idéal, quand tout va bien, quand on sait ce qu’on fait… Mais dans la vraie vie, ça peut arriver à tout le monde de se rater. Plus encore quand on débute, quand on ne connaît pas encore bien sa moto ou qu’on se laisse entraîner par l’effet de groupe. Comment s’en sortir ? Un virage mal engagé peut-il être corrigé ?

Première publication : septembre 2018

Cet article est à lire en complément de ceux consacrés à la conduite en virages :

Prendre un virage : la position
Prendre un virage : la trajectoire
Prendre un virage : l’allure
Prendre un virage : le regard
Le contre-braquage, technique d’inclinaison par le guidon
Négocier un virage en épingle

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Introduction

J’ai déjà expliqué sur ce site (et ailleurs), que ce soit dans des messages ou des articles, avec photos et schémas, par des vidéos tutorielles, lors des stages de conduite en virages que je propose sur route et sur circuit, comment il est souhaitable de prendre un virage à moto et en scooter.
Voir les articles listés ci-dessus.

La conduite de sécurité en virages sur route ouverte s’appuie sur la coordination de quatre composantes de conduite.

  1. Avant tout, la trajectoire, c’est-à-dire les placements successifs de votre machine au cours du virage, dont le but premier est qu’aucune partie de la machine et du conducteur ne dépasse des limites verticales de notre voie de circulation, ni sur le bas-côté, ni sur la voie en sens opposé.
  2. Au service de cette trajectoire vient la gestion de l’allure, c’est-à-dire le maniement des commandes qui influent sur le comportement dynamique de la moto (sélecteur de rapports, embrayage, accélérateur, frein avant, frein arrière), dont le but est de conférer adhérence et stabilité optimales à la machine afin de permettre de l’incliner.
  3. Toujours au service de la trajectoire, et parce qu’on aura su conserver une machine stable et maniable, vient la position, c’est-à-dire la façon de se tenir sur la machine, dont le but est de ressentir au mieux l’équilibre de la machine et d’influer sur cet équilibre au moyen des différents appuis disponibles (mains, pieds, genoux).
  4. Enfin, pour assurer la fluidité de l’ensemble et adapter les différentes composantes en fonction de votre anticipation de la situation, vient le travail du regard, c’est-à-dire le placement de votre tête et de vos yeux au cours du virage, dont le but est de donner au cerveau les informations dont il a besoin au moyen d’un regard actif, mobile, évolutif.

Il est difficile de parfaitement coordonner en permanence ces quatre composantes, surtout en virage et plus encore à grande vitesse.

Rappel
Toujours quatre éléments à coordonner :

  1. votre Position sur la moto,
  2. la Trajectoire de la moto,
  3. la gestion de l’Allure
  4. et le Regard.

Soit le sigle RATP ou PTAR (position, trajectoire, allure, regard).
Si ces quatre composantes sont bien gérées, alors vous serez décontractés, détendus et vous pourrez ajouter le « D » pour un bon PTARD.
Car c’est bien connu, un bon pétard amène la décontraction…

Il est encore plus difficile de savoir (vite et sans erreur) adapter ces quatre composantes à chaque situation, à chaque configuration de virage, tant les paramètres à percevoir et analyser sont nombreux.

Un « bon » motard doit savoir procéder à une évaluation correcte de :

  • son état de forme,
  • sa maîtrise technique,
  • ses capacités physiques et mentales.

Sur ces différents points, lire les articles suivants :
Rouler au mieux de sa forme
Combien de km par jour à moto ?
La conduite à tenir par forte chaleur
Les troubles de santé liés au froid

Un « bon » motard doit également rester lucide sur les capacités de sa machine, lesquelles varient en fonction de :

  • sa géométrie,
  • sa garde au sol,
  • les performances intrinsèques des pneumatiques,
  • leur état (âge, pression de gonflage, usure, température de fonctionnement),
  • son système de freinage,
  • ses suspensions…

Sur ces différents points, lire les articles suivants :
Gaffe aux pneus froids !
Maintenir sa moto en bonne forme
Choisir ses pneus
Bien gonfler ses pneus

Enfin et surtout, un « bon » motard doit savoir percevoir et tenir compte de son environnement :

  • conditions climatiques, avec leurs conséquences sur l’état de la chaussée ;
  • nature et état du revêtement ;
  • densité et nature du trafic routier ;
  • visibilité ;
  • rayon de courbure du virage à venir ;
  • et j’en oublie sûrement…

Sur ces différents points, lire les articles suivants :
Rouler de nuit
Conduire sur route mouillée
Rouler en montagne

Une analyse incorrecte et/ou partielle de tous ces paramètres, une incapacité ou un retard à s’y adapter, un excès de confiance dans l’un ou l’autre de ces paramètres… et c’est le drame !
A cause d’une mauvaise anticipation, le conducteur ou la conductrice du deux-roues moteur (que nous appellerons par facilité, le motard) va engager le virage de façon inadaptée.
Ce qui peut arriver assez souvent, en raison du grand nombre de paramètres à évaluer et de la difficulté à coordonner correctement les quatre composantes de conduite.

Est-ce pour autant l’assurance de partir dans le décor, de chuter, de se faire mal, de se blesser, de se tuer ?
Non, fort heureusement.

Il existe différents moyens de corriger, de rattraper un virage mal engagé.

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Sur quels facteurs agir ?

Un deux-roues moteur qui engage un virage génère un effet centrifuge.
C’est cet effet qui se traduit par un éloignement du véhicule du centre de rotation.

Il dépend de trois paramètres :

  1. la masse du véhicule en déplacement, avec sa charge (occupants, bagages) ;
  2. la vitesse angulaire (en radians par seconde), qui dépend à la fois du rayon et de la vitesse linéaire sur la tangente à la trajectoire (en mètres par seconde) ;
  3. le rayon de courbure du virage, fonction de la distance de l’axe de rotation au centre de gravité de l’objet.

Et c’est pour compenser cet effet centrifuge que le motard doit incliner sa machine.
Notre souci est donc d’adapter l’inclinaison en fonction de l’importance de l’effet centrifuge.
Le problème se pose quand notre évaluation de l’adhérence dépasse notre capacité d’inclinaison de la machine, donc qu’il nous semble impossible de compenser l’effet centrifuge : la trajectoire va alors s’élargir vers l’extérieur du virage.

Afin de rester sur la trajectoire optimale, notre but est de ne pas générer trop d’effet centrifuge.
Or nous ne pouvons pas modifier la masse de notre véhicule, ni de son conducteur. Enfin, pas de suite…
Il nous est possible d’influer sur la vitesse angulaire, en élargissant le rayon de courbure, avec une trajectoire extérieure, ce qui est le fondement de la trajectoire de sécurité.

Mais il est évident que c’est en réduisant la vitesse linéaire qu’il sera le plus facile et rapide de :

  1. réduire la vitesse angulaire,
  2. donc l’effet centrifuge,
  3. donc la nécessité d’incliner la machine.

Ce qui implique de… ralentir, principalement !
Mais pas que.

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Ce qui est pénalisant

Commençons par voir ensemble ce qu’il ne faut pas faire, c’est-à-dire les actions qui vont pénaliser le motard dans la correction du virage mal engagé.

C’est assez simple, il y en a essentiellement deux :

  1. couper brutalement les gaz,
  2. freiner fort de l’avant.

Dans les deux cas, ces actions génèrent un transfert de masse vers l’avant qui va provoquer un redressement de la machine, laquelle va tendre vers le « tout droit ».
Il sera logiquement d’autant plus difficile de prendre le virage en restant dans sa voie de circulation.

Une moto en charge sur l’avant ne peut pas être inclinée et aura tendance à se redresser.

Se crisper, lâcher brusquement l’accélérateur et sauter sur le levier de frein : c’est exactement ce qu’il ne faut pas faire…
Mais pas de chance, c’est pourtant ce que tout motard a tendance à faire quand il réalise qu’il arrive trop fort sur un virage qui lui « saute à la figure ».

Exemple de freinage de l’avant « réflexe », non maîtrisé, sur l’angle :

On est là dans les « réactions instinctives de survie » (en anglais, survival reactions ou SR) décrites par Keith Code dans ses ouvrages et ses vidéos (en anglais, évidemment).

Les réactions instinctives de survie listées par Keith Code sont :

  1. couper les gaz brutalement,
  2. se crisper sur le guidon, se cramponner aux poignées de guidon,
  3. pencher le corps en opposition à la moto qui s’incline dans le virage,
  4. fixer un obstacle, effectuer un verrouillage visuel sur un endroit où vous ne voulez pas aller,
  5. freiner fort et brutalement de l’avant,
  6. ne rien regarder, entrer en panique visuelle sans se concentrer sur la sortie du virage,
  7. crisper tout le corps, tétaniser les bras et les jambes, contracter les épaules.

Si vous en êtes là, c’est que vous arrivez beaucoup trop vite, donc que vous avez complètement raté votre analyse de la situation.
Vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous-même.

Une solution consiste alors à renoncer à tourner, à incliner, à prendre le virage.
Il ne vous reste qu’à redresser la machine, à couper les gaz et à freiner le plus fort possible, en espérant parvenir à vous arrêter avant le bas-côté ou en priant pour qu’aucun véhicule n’arrive en face de vous…

Après avoir changé de caleçon, il serait souhaitable de retenir la leçon et de rouler à un rythme plus adapté aux conditions de circulation énumérées plus haut.

https://www.youtube.com/watch?v=7zeHXIJCCNA

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Ce qui est optimal

Continuons en voyant ce qui serait souhaitable, ce qui vous aiderait vraiment à passer le virage sur lequel vous arrivez un peu trop vite.

Car le meilleur moyen de rattraper un virage mal anticipé, avec une trajectoire qui commence à s’élargir et vous met en danger, cela reste de resserrer cette trajectoire.
Ce qui suppose soit de ralentir, soit d’incliner plus loin la machine.
Mais ralentir prend du temps et de la place, pas sûr que vous en ayez assez devant vous…
Alors que pencher plus loin peut se faire très vite, en quelques mètres.

Avant tout, ne pas verrouiller le regard !
Il ne faut surtout pas regarder dans l’axe de la machine, là où elle est en train d’aller, là où vous ne voulez pas qu’elle aille : vers le bas-côté, de l’autre côté de la route, vers la voie en sens opposé, vers la voiture ou le camion qui arrive en face… ni même sur la ligne médiane !

Quand le motard entre en panique, c’est bien souvent parce qu’il a l’impression d’arriver trop vite, de ne pas avoir assez de place, que l’obstacle (le bord de la route, le véhicule d’en face) est trop près, que le virage « saute à la gueule ».
Et ça, c’est bien souvent parce qu’il regarde tout près, l’obstacle qui est en face de lui, dans l’axe de la moto… au lieu de TOURNER LA TETE, de regarder la sortie en vision centrale, d’aller chercher des yeux (les deux yeux, en vision stéréoscopique) l’échappatoire.

Pour en savoir plus, lire Prendre un virage : le regard.

Si vous verrouillez le regard sur l’obstacle (ce qui est appelé en anglais une « target fixation« ), il va vous arriver ça.
Alors qu’il y avait largement la place de passer, même si ce motard américain débutant arrive trop vite et avec une mauvaise trajectoire, il fixe complètement du regard le camion. Et paf le chien !
Je précise que le motard s’en est sorti vivant et même pas trop abîmé.

Au contraire, il faut s’astreindre, se forcer à regarder la sortie du virage.
Pas juste en bougeant les yeux, mais en tournant la tête, afin de regarder bien en face vers la sortie du virage. Votre casque doit tourner, pivoter.
Une très grande majorité des erreurs de trajectoire peuvent se rattraper en plaçant mieux le regard.
Mais je sais que c’est facile à dire, beaucoup moins à faire quand on est en panique…

Autre action souhaitable, garder le gaz !
Non pas l’augmenter, faut pas exagérer, mais au moins ne pas le couper complètement, garder un filet de gaz…
Cela va conserver un minimum de transfert de masse vers l’arrière, donc de stabilité à la moto, ce qui va vous aider à plus incliner cette dernière pour l’empêcher d’élargir sa trajectoire.

Jusqu’où peut-on pencher ?

Jusqu’à la limite de la garde au sol, matérialisée sur la plupart des motos de route par le téton sous le repose-pied.
Tant que ça ne frotte pas, sous réserve que les pneus de votre machine soient en conditions optimales d’adhérence et que les suspensions soient bien réglées, vous pouvez pencher.

Comme sur la photo ci-dessous, si vous observez bien, vous verrez les étincelles créées par le léger frottement de l’acier sur le bitume.

Pour incliner plus loin la machine, il faut augmenter les appuis, celui sur la main intérieure et celui sur le pied intérieur.
Pour en savoir plus, lire Prendre un virage : la position et Le contre-braquage, technique d’inclinaison par le guidon.

Mais pour s’autoriser à incliner plus loin que vous ne le faites déjà, cela suppose :

  1. non seulement de se sentir un minimum en confiance, de connaître sa moto et ses réactions, de ne pas avoir peur de faire frotter le téton de repose-pied (la première fois, ça fait bizarre),
  2. mais aussi d’évoluer sur un revêtement qui le permette, avec une bonne adhérence.

Un ensemble de conditions pas forcément évidentes à réunir…
Alors, que pouvons-nous faire d’autre ?

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Ce qui est faisable

Au moment où vous réalisez que vous avez mal anticipé le virage, il vous reste très peu de temps avant que la situation devienne accidentogène.
Il va falloir resserrer la trajectoire en une à deux secondes max…
Il nous faut donc des solutions simples, qui ne demandent pas de réflexion et qui soient rapides à mettre en oeuvre.

Je vous en propose cinq, classées par ordre croissant de complexité, en fonction de la gravité de la situation.

Changer de position

Autre possibilité pour « rattraper le coup » : aider la moto à resserrer la trajectoire sans l’incliner plus bas (parce que les conditions d’adhérence vous en empêchent, par exemple).

Pour cela, il s’agit de déporter le centre de gravité du corps du motard, et non celui de la moto.
Le motard va donc modifier sa position sur la moto, afin de passer en déhanché intérieur.
Sur ce point, lire Prendre un virage : la position.

La plupart des motards en reste à la position « classique », dans l’axe de la machine, en penchant le corps autant que la machine.
Certains, un peu plus à l’aise, choisissent le déhanché extérieur, afin de voir plus loin dans le virage.
Dans tous les cas, le centre de gravité du corps du motard est moins déporté vers l’intérieur du virage que celui de la machine.

Si le virage est mal engagé, un moyen simple de le corriger va être de resserrer la trajectoire sans incliner davantage la machine.
Solution simple : déporter le centre de gravité du corps vers l’avant et vers le bas.

Sauf que… pas le temps de sortir tout le corps à l’intérieur avec un déhanché intérieur total (avec fesse sortie, pied tourné, genou sorti, etc.).
De plus, changer de position dans le virage, changer les appuis des pieds alors que la moto est déjà inclinée va la déstabiliser et aggraver la situation.
Un déhanché intérieur total se prépare en amont du virage, bien à l’avance, quand la machine est encore droite, avant le freinage d’approche.

Il faut donc conserver la position du bas du corps, ne pas bouger les pieds, ne pas bouger les fesses, garder les genoux serrés.
Seul le haut du corps peut bouger.

Pour déporter le centre de gravité du corps vers l’avant et vers le bas, il suffit de plier le coude intérieur vers le sol, vers la route.
La flexion du bras intérieur entraîne les épaules et tout le haut du corps.
On penche le buste pour envoyer la tête le plus loin possible vers l’avant et vers le bas, le casque au plus près du rétroviseur.

Le déport supplémentaire du centre de gravité s’accompagne d’une accentuation de l’appui sur le pied intérieur et, dans une moindre mesure, sur le guidon intérieur.
Cela va aider à resserrer la trajectoire, sans déstabiliser la machine.

Cette technique peut être utilisée sur toutes les machines, mais s’emploie plus facilement sur une moto, grâce aux appuis sur les genoux.

Débrayer

Si vous arrivez juste un peu trop vite, de pas grand-chose, mais assez quand même pour que vous sentiez que vous n’êtes pas complètement à l’aise en entrée de virage… Débrayer légèrement constitue un excellent moyen de ralentir sans perturber la moto, sans couper les gaz et sans freiner.

Débrayer permet en effet de réduire la transmission de puissance du moteur vers la roue arrière, même en gardant du régime moteur, sans annuler la motricité.

Plusieurs points sont à souligner pour que cette technique fonctionne bien :

  • Il s’agit de débrayer légèrement, pas de se mettre en roue libre !
    Pour bien comprendre la roue libre et ses conséquences, lire Réflexions sur le point mort et la roue libre.
  • Débrayer réduit le frein moteur, ce qui permet de ralentir dans un virage à plat ou en montée, mais pas en descente.
    Débrayer dans un virage en descente risque de faire accélérer la moto, c’est contre-productif (à moins d’aller jusqu’à la roue libre avec du frein arrière, mais seulement pour un virage en épingle en descente, comme expliqué dans Négocier un virage en épingle).

Pour plus d’efficacité, ce léger débrayage peut s’accompagner d’un freinage de l’arrière.

Freiner de l’arrière

C’est souvent ce à quoi on pense en premier. Et ce n’est pas une mauvaise idée !
Sauf que…

Le frein arrière est bien moins efficace que l’avant.
L’actionner va certes ralentir la machine, au moins un peu. Mais ce ne sera pas toujours suffisant.
Recourir au frein arrière seul ne sera efficace que si vous arrivez un peu trop vite.

De plus, le frein arrière n’entraîne aucun transfert de masse, ni vers l’avant, ni vers l’arrière.
Rien qui aide à plaquer la roue arrière au sol. Du coup, peu de forces de frottement, peu de ralentissement… et un fort risque de blocage de roue arrière.

Hé oui ! Comme le frein arrière freine peu / mal, on a vite tendance à écraser la pédale quand on veut vraiment ralentir.
Ce qui, en cas d’absence de système anti-blocage ABS, provoque un blocage de la roue arrière.
Si la machine est droite, verticale, pas de souci : l’arrière va louvoyer, la machine va se dandiner, onduler de l’arrière, mais rester en ligne, sans chuter.
Si la machine est inclinée, par contre… le blocage de la roue va entraîner une glissade, un dérapage, qui va immédiatement causer une chute.

Exemple de blocage de roue arrière en ligne droite :

Exemple de blocage (même léger) de roue arrière sur l’angle :

En bref, il est très délicat de bien doser le frein arrière quand on l’utilise seul pour tenter de corriger un virage mal engagé.

Le frein arrière sera pourtant bien utile dans trois configurations :

  1. Avec un système ABS.
    Au pire, on déclenche l’ABS, ça fait des petits claquements à la roue arrière, on sent des pulsations dans la pédale, ça ne ralentit pas beaucoup, mais on ne se met pas par terre.
  2. En combinaison avec un léger débrayage, voir plus haut.
  3. En combinaison avec une accentuation des appuis intérieurs.
    Le frein arrière ralentit mal, d’accord. Mais un peu quand même. Et s’il ne génère pas de transfert de masse vers l’arrière, il entraîne un léger changement de l’assiette de la moto, avec un tassement de la suspension arrière et un abaissement du centre de gravité de la moto.
    Comme la moto est inclinée, cela veut dire que son centre de gravité va se déporter vers le bas et vers l’intérieur. Elle va resserrer sa trajectoire.
    Si en plus, le conducteur augmente ses appuis sur la main intérieure et le pied intérieur, c’est encore mieux !

Le frein arrière seul peut permettre de mieux tourner.
Il ne faut pas le voir comme un « frein », il ne va pas vraiment ralentir la moto.
Il vaut mieux le voir comme un « stabilisateur », qui va aider à resserrer la trajectoire pour prendre le virage… à condition évidemment d’appliquer les composantes de conduite en virage : regarder vers la sortie, garder un peu de gaz, utiliser les appuis des mains, pieds et genoux.

Le frein arrière sera bien plus efficace en le combinant avec d’autres commandes, en débrayant et/ou en freinant de l’avant.

Freiner de l’avant

Quand on commence à arriver vraiment trop vite dans un virage mal anticipé, pas le choix : il faut vraiment RALENTIR !
Et le plus efficace pour ça, cela reste le frein avant.

Or, nous avons déjà dit qu’il ne fallait pas freiner de l’avant.
Pas exactement : j’ai écrit qu’il était pénalisant (et dangereux) de freiner de l’avant FORT et BRUTALEMENT.
C’est-à-dire de freiner d’un coup à pleine main, à quatre doigts.

Par contre, freiner en dosant son effort sur le levier, en freinant de l’avant doucement, avec un ou deux doigts… permet de ralentir sans bloquer la roue avant, y compris sur l’angle.

Il faut arrêter d’affirmer sans réfléchir qu’il ne faut jamais freiner de l’avant sur l’angle !
La mise au point et l’entrée en application des dispositifs MSC (Motorcycle Stability Control) créés par Bosch et d’ores et déjà implémentés par deux constructeurs KTM sous le nom Cornering ABS et BMW avec l’ABS Pro, montrent qu’il est possible de freiner une roue avant inclinée sans entraîner de chute.

Sans parvenir aux mêmes niveaux de performance (permis par l’électronique qui analyse 1.000 fois par seconde un très grand nombre de paramètres), l’humain peut apprendre à manier son frein avant avec doigté et précision, afin de pouvoir freiner de l’avant sans se mettre en danger.
Pour s’y exercer, lire Freiner sur l’angle.

Afin de limiter le transfert de masse vers l’avant qui va redresser la moto, il est préférable de commencer par freiner de l’arrière.
Pour en savoir plus, lire Freiner à moto (et en scooter) – Deuxième partie.

Rétrograder

A moins de rouler comme un gros bourrin qui cherche les ennuis, vous allez souvent arriver un peu trop vite sur un virage mal anticipé.
Un peu trop vite et surtout à une allure inadaptée, avec un rapport de boîte trop haut et un régime moteur trop bas.

En arrivant dans le virage, vous allez sans doute couper les gaz, ce qui va encore faire baisser le régime moteur et pénaliser la capacité de votre machine à incliner.
Pourtant, pas question de remettre du gaz, cela redresserait définitivement la machine !
La solution s’impose d’elle-même : pour remonter le régime moteur sans augmenter la vitesse, il faut rétrograder un rapport.

En gardant du gaz (un peu plus que le simple « filet »), en faisant vrombir le moteur (sans le faire hurler non plus), vous regagnerez de la motricité, ce qui aidera à garder l’inclinaison, voire à l’augmenter.
Pour en savoir plus, lire Prendre un virage : l’allure et Comprendre la dynamique moto.

Mon conseil : au lieu de freiner en approche ou entrée de virage, entraînez-vous à prendre l’habitude de rétrograder.
Bien sûr, cette possibilité n’est ouverte qu’aux machines équipées d’une boîte de vitesses, qu’elle soit avec embrayage manuel ou robotisé (DCT).
Les scooters n’y ont pas accès.

Si vous devez rétrograder dans le virage, alors que la machine est déjà bien inclinée, il est préférable d’effectuer un rétrogradage avec coup de gaz, afin d’éviter l’à-coup de frein moteur qui pourrait déstabiliser la machine.
Cette technique n’est possible qu’avec un embrayage manuel.
Pour en savoir plus, lire Le rétrogradage avec coup de gaz.

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Conclusion

Si vous avez la sensation d’entrer trop vite dans un virage, l’idéal est de :

  • garder du gaz,
  • rétrograder,
  • tourner la tête vers la sortie,
  • accentuer les appuis,
  • passer en déhanché intérieur.

Si cela ne suffit pas ou que vous pensez ne pas en avoir le temps, il reste possible de :

  • freiner de l’arrière,
  • et/ou freiner de l’avant (en douceur)
  • débrayer légèrement.

Ces différentes techniques de correction de virage peuvent évidemment se combiner ensemble.

Bonne route !

14 thoughts on “Rattraper un virage mal engagé”
  1. Bonjour Fab, je débute en 125 et je dévore ton blog. Merci pour ce formidable travail !
    Je voulais savoir pourquoi on ne peut pas contre-braquer dans un virage mal engagé. Ou est-ce cela quand tu dis d’appuyer plus sur la main et le genu intérieur ? Merci 🙂

    1. On peut, bien sûr.
      C’est exactement ce que j’écris : « Pour incliner plus loin la machine, il faut augmenter les appuis, celui sur la main intérieure et celui sur le pied intérieur. »
      On contrebraque en virage et dans un virage mal engagé, il faudra contrebraquer encore plus… à condition de pouvoir incliner plus loin !

      1. Comme en général « mal engagé » signifie qu’on est rentré trop vite dans le virage et qu’on se fait déporter vers l’extérieur, on peut aussi freiner avec modération du frein arrière, ce qui raccourcit le rayon de virage et ramène donc vers l’intérieur du virage.

  2. Quoi que ce soit qui doit être rattrapé, on ne peut le faire que en en conservant la maîtrise de l’allure de son véhicule.

    Or pour conserver la maîtrise de son véhicule il faut avoir de l’adhérence……. donc conserver cette adhérence.
    La peur de glisser ou de tomber (la finalité sera certainement la même) est souvent le point de départ du blocage psychologique conduisant au crash (la peur amène souvent la panique).
    . Je pense qu’il est admis par tout le monde que si freinage il doit y avoir, ce doit être fait moto droite. Ceci pour avoir la meilleure adhérence possible. Car c’est l’adhérence qui permet de diriger de ralentir freiner plus ou moins fortement voir très fortement ( jusqu’à l’arrêt si nécessaire) .
    – quand j’entends où je lis que le frein arriere n’est pas très puissant, c’est une hérésie, il est au contraire trop puissant par rapport à l’adhérence que le pneu arrière procure il doit donc être manipuler avec précaution, un dosage très fin est nécessaire en toute conscience et circonstances.
    Il est vrai qu’il ne représentent que 25 à 30 % des capacités de ralentissement /freinage du véhicule, parce que justement la roue arrière ne supporte pas beaucoup. c’est pour cela qu’elle se bloque très facilement, notamment pendant le freinage puisque il y a un transfert de charge sur la roue avant.
    – le frein avant quand a lui est capable de nous apporter 60 à 70 % des capacités de ralentissement/freinage , notamment en urgence ( attention transfert de charge sur l’avant). Mais il est aussi trop puissant. On doit également avoir un freinage très fin lorsqu’on exploite la pleine puissance de ce freinage puisque on doit toujours réfléchir à ne pas dépasser les limites d’adhérence de nos pneus.

    Et particulièrement si en plus on est déjà sur l’angle. Plus que tout autre chose , tout conducteur dois d’abord rester concentré sur les risques de perte d’adhérence de ses pneumatiques.
    Que ce soit lors d’un passage à haute vitesse dans un virage, ou la moto peut décrocher par manque d’adhérence, où lors d’un freinage. Une perte d’adhérence doit être envisagée. Si en plus les deux action se retrouve au même instant, l’inclinaison/freinage ne peux que provoquer encore plus facilement un décrochage. Comme d’ailleurs une remise brutale des gaz alors qu’on est encore sur l’angle.

    En partant de ces constats je préfère couper les gaz /freiner de l’arrière pour ensuite si nécessaire freiner de l’avant (ceci avant d’engager mon virage). Et en prenant le soin de lâcher le frein avant au moment où je rentre (quand je commence à mettre de inclinaison) tout en conservant si nécessaire une pression légère sur le frein arriere notamment si je suis un peu surpris par un virage un peu plus prononcé que prévu. Lâcher le frein arriere à la sortie du virage n’est pas problématique si le dosage est fin
    je précise que je préfère engagé un virage plutôt en sous-régime ,quand je suis surpris que à un régime moteur élevé. Une accélération brutal en plein virage ne serait pas la bienvenue.
    Si je n’ai pas le temps de rétrograder pendant le freinage (donc avant le virage) je peux toujours le faire après la sortie de mon virage quitte à tomber 2 ou 3 rapports. il n’y a jamais d’urgence à rétrograder
    On ne rétrograde pas pour freiner, mais parce que on a freiné.

    L’ABS  » (si on l’a) parlons-en de lui.
    Il peut être très intrusif dans votre freinage. Ne jamais oublier qu’il va faire relâcher les freins sur lequel vous vous évertuer à appuyer dans votre peur, lorsque vous êtes en train de perdre l’adhérence de vos pneus (dû à un trop gros freinage).
    En clair votre machine refusera peut-être de freiner autant que ce que vous aimeriez. parce que elle , elle le sent vous êtes en train de bloquer les roues avec toutes les conséquences que cela implique. Elle refusera donc de freiner plus que ce quel’adhérence permet.
    Provoquant chez le conducteur non averti une peur panique parce que la machine ne répondra pas à son injonction.

  3. salut Jipe,
    en bref : en cas d’urgence, on fait moins bien et plus lentement ce qu’on sait faire d’habitude. …
    il est temps d’abandonner la notion de cerveau du lézard (la neurophysiologie a progressé )
    le chic est justement d’éviter 1 ) de surprendre
    2)d’être surpris
    3)garder toujours un p’tit peu sous le coude (au cas où )
    4) garder la vitesse pure pour le circuit uniquement
    amicalement
    marco

    1. Le terme « cerveau du lézard » est en effet péjoratif et les scientifiques n’emploient plus ces mots. Ils sont cependant d’accord pour dire qu’il y a au moins deux structures de mémorisation distinctes, l’une dans le cortex et l’autre dans un truc – un spécialiste pourra dire comment s’appellent ces structures – qui peuvent mémoriser deux réactions distinctes aux mêmes stimuli : une qui fonctionne à bas niveau d’adrénaline, et l’autre à niveau élevé. C’est un mécanisme que nous avons hérité du temps où nous étions des proies, il faut réagir vite si on veut échapper à un fauve qui attaque. On peut aussi voir ça comme un héritage du temps où nous vivions dans les arbres, se rattrapper à une branche en cas de chute nécessite une réaction rapide et irréfléchie.
      Marco a raison, il faudrait toujours avoir une marge de sécurité. Quand on a roulé à moto en groupe, on sait que malheureusement il y a bien trop souvent des motards qui roulent sans marge de sécurité : « en dessus de leur calebar », comme on le dit trivialement. Et comme nous n’avons pas un capteur de niveau d’adrénaline dans le sang qui pourrait déclencher un feu orange clignotant sur le casque du pilote, ses compagnons de route peuvent très bien ne pas se rendre compte de cette situation dangereuse. Quoique… il y a des indices, mais encore faut il être attentif pour les voir.

      1. il est vrai que rouler en groupe emmene vite au delà de ses capacités. ..
        l’apprentissage diminue le temps de réaction, développe les automatismes, à condition d’ être entretenus ils améliorent la réaction face à une situation qui a été « travaillée « .
        Fab explique quelque part la mobilité du pied sur le cale pied pour un freinage au poil (mais pointe en dedans,sinon ca fait gendarme (lol)

  4. D’accord avec ce qui a été écrit sur la possibilité de rattraper un virage mal engagé. Trois points à souligner à mon avis.

    1 – Le frein arrière ne doit être touché que si on est sur de pouvoir doser. Cela implique que la pédale soit réglée correctement. On doit pouvoir amener son pied droit sur la pédale sans que le pied ne quitte le cale-pied, juste par une rotation vers l’intérieur de l’avant-pied. Le freinage se fait alors en appliquant au pied un mouvement de rotation vers le bas, sans que la chaussure ne quitte son appui sur le cale-pied. Si on est obligé de lever le pied pour le poser sur la pédale et/ou que, pire encore, lorsqu’on applique le freinage le milieu du pied n’est plus en appui sur la pédale, alors on ne peut pas doser. Le transfert du poids du corps vers l’avant dû au freinage provoque un appui sur le pied, donc sur la pédale, ce qui renforce le freinage, et on va très vite (sans abs) vers un blocage de la roue arrière. Avec abs c’est guère mieux, on va avoir des séquences de blocage-déblocage de la roue qui ne sont pas les bienvenues lorsqu’on cherche à améliorer (resserrer) une trajectoire. Il n’y a pas que pour resserrer un virage qu’on doit freiner de l’arrière, on peut (doit) le faire aussi dans un freinage d’urgence, en combinaison avec le frein avant. Idem : il faut pouvoir doser, sinon c’est la trace de gomme sur la route et, souvent, les conséquences d’un freinage loupé.

    2 – Ce qui est nécessaire pour corriger une trajectoire, lorsqu’on l’apprend, sur le tas ou en lisant des explications comme ci-dessus, nécessite un raisonnement logique, disons « corticalisé ». Par ce barbarisme j’entends que les règles à appliquer s’enregistrent dans notre cortex cérébral, qu’on appelle aussi le « cerveau du mammifère » ou le « cerveau supérieur ». Or l’évolution nous a conservé un cerveau profond, qu’on appelle quelquefois le « cerveau du reptile ». En temps normal, ce dernier est bloqué et nous n’avons pas conscience de son existence : tout passe par le cerveau du mammifère. MAIS il y a une situation où ce cerveau profond reprend les commandes en bloquant le transfert d’information vers/depuis le cerveau supérieur : c’est lorsque la concentration d’adrénaline atteint un certain seuil. Seuls les comportements mémorisés dans le « cerveau du lézard » sont disponibles et sont appliqués, cela d’une manière très caractéristique, à savoir :

    – Avec une grande rapidité : typiquement le temps de réponse est de 200 millisecondes, alors qu’il est de 500 à 600 millisecondes lorsque les réactions sont commandées par le cerveau supérieur
    – Avec une grande force musculaire : l’adrénaline décuple les forces que les muscles peuvent exercer, et le contrôle de ces efforts est bien moins efficace, ce qui se traduit par des mouvements moins contrôlés
    – Les seules réactions que connait ce cerveau profond sont celles qui ont été mémorisées à force de répétition : il est incapable d’appliquer un raisonnement logique.

    Si les réactions à avoir pour rectifier une trajectoire n’ont pas été suffisamment pratiquées, en entrainement, elles ne seront pas mémorisées dans le « cerveau profond » et donc, en cas de surprise (un véhicule arrive en face, etc…) , en cas de montée d’adrénaline due à une conduite un peu trop rapide par rapport aux capacités du pilote, ou les deux, les réaction logiques n’auront plus cours et le pilote de la moto va se retrouver avec des réflexes « basiques » inadaptés à la situation. Le pire de ces réflexes, hélas, est de transférer sur le guidon de la moto les réflexes de l’automobiliste face à son volant. Typiquement : « je veux aller vers la droite, donc je tourne le guidon (volant) vers la droite ». On sait bien que ce contre-braquage va, au contraire envoyer la moto vers la gauche !

    J’ai analysé deux accidents graves dans le groupe de motards que je fréquente. L’un s’est terminé par une fracture ouverte du fémur et la nécessité de plusieurs opérations et de longs mois de rééducation. Le pilote n’a dû sa survie qu’à la présence dans le groupe d’un infirmier expérimenté qui a su lui appliquer les soins d’urgence nécessaires. L’autre s’est hélas terminé par un décès, le pilote ayant percuté de plein fouet un véhicule qui arrivait en face. Dans les deux cas le pilote accidenté s’est laissé entrainer, par les circonstances d’un roulage en groupe, à rouler en dessus de ses moyens et a perdu le contrôle de la moto lors de l’entrée dans son champ de vision d’un véhicule arrivant en face. Dans ces deux cas, je pense, il suffisait, comme bien expliqué plus haut, d’appuyer un peu sur la main droite (voire de ne rien faire du tout) pour passer sans collision ! Mon analyse est que, dans ces deux cas, la concentration d’adrénaline était trop haut et a bloqué les réactions « logiques » que vraisemblablement, ces pilotes auraient été capables d’avoir avec une concentration d’adrénaline plus faible dans leur sang.

    Il n’y a qu’un moyen de faire « descendre » des réactions apprises pour faire face à telle ou telle situation vers le « cerveau profond » : se mettre le plus souvent possible dans les circonstances préliminaires voulues et appliquer la « bonne » réaction. Comme les amateurs d’arts martiaux le savent bien, en pratiquant leurs « katas », à force de répétition on ne réfléchit plus et la réaction doit venir instinctivement : elle a été mémorisée dans le cerveau profond. Donc c’est bien de comprendre et savoir appliquer les bons conseils qu’on peut lire plus haut. Mais en cas de stress brutal, cela risque bien d’être inutile si on n’a pas suffisamment répété, à l’entrainement, la mise dans ces circonstances et les réactions qu’il faut appliquer. Ce n’est pas très difficile : lorsque vous êtes seul sur la route (ou bien après avoir prévenu vos compagnons de route), faites comme si vous deviez impérativement changer de trajectoire dans un virage, et faites le. On peut même le faire de manière virtuelle : lisant ce texte, fermez les yeux, imaginez que vous prenez un virage, qu’un véhicule arrive en face et que vous devez changer de trajectoire. Faites virtuellement ce qui est nécessaire. Répétez souvent cet exercice et vous aiderez les réactions « logiques » à descendre vers votre cerveau profond et à y être mémorisées. Cela peut vous sauver la vie !

    3 – La « trajectoire de sécurité », telle qu’elle est préconisée par les motards de la gendarmerie, et bien expliquée sur ce site, peut se révéler accidentogène dans les virages à droite. L’entrée dans le champ de vision du pilote d’un véhicule arrivant en face peut provoquer, chez un pilote qui roule depuis un moment en dessus des ses moyens, avec un niveau d’adrénaline au dessus de la normale, un pic de concentration d’adrénaline. Le niveau est alors tel que les réactions raisonnées (corticalisées) sont bloquées et que c’est le cerveau profond qui prend le contrôle. Si le motard en question n’a pas assez pratiqué les changements de trajectoire, il y a fort à parier qu’il va avoir le réflexe basique de l’automobiliste, donc tourner son guidon vers la droite. Il va alors, du fait de ce contrebraquage, aller droit sur le véhicule arrivant en face. Donc la « trajectoire de sécurité » en virage à droite ne doit être apprise et pratiquée que par des pilotes ayant suffisamment d’expérience et ayant fait l’effort de mémoriser, à force de « katas » sur la route ou virtuels, les réactions appropriées dans leur cerveau profond. Il serait bon que les autorités qui font l’effort de généraliser l’enseignement de ce type de trajectoire aient compris ça…

    1. L’article de JIPe 38 décrit parfaitement le processus cérébral et contrairement à ce qu’exprime un autre intervenant le cerveau dans les cas d’urgence extrême passe en surmultiplié et analyse avec beaucoup plus de vélocité les actions salvatrices.

      1. hell oldbir,
        tu fais erreur, en cas d’urgence ta perception u temps est modifiée, mais en aucun cas plus rapide….celà est avéré par dds nombreuses études, toutes concordantes sur ce point….

        1. Je ne cherche pas à polémiquer ,tu as surement raison ,mais certains ne fonctionnent pas de cette façon; question d’expérience , d’entrainement; donc de survie .

    2. erratum : lire au $1 « lorsqu’on applique le freinage le milieu du pied n’est plus en appui sur le cale-pied » au lieu de « lorsqu’on applique le freinage le milieu du pied n’est plus en appui sur la pédale ». On ne se relit jamais assez…

  5. On pourrait croire que tu as écrit cet article à mon propos, à la suite de ma chute de samedi dernier, dont je t’ai fait part. Toutes les techniques que tu recommandes, je les maîtrise normalement très bien, sauf que la glissade de l’arrière a été si rapide que je n’ai pas eu la possibilité de les utiliser. Ce jour-là, je roulais « comme un gros bourrin qui cherche les ennuis ». Ça ne m’arrive presque jamais, mais une fois, c’est une fois de trop. J’ai honte qu’un de tes élèves ait pu donner un si mauvais exemple.
    En plus, le motard que je cherchais à semer était sympa, mais un peu goguenard. On se demande pourquoi ! 🙁

  6. salut Fab.,
    bel article avec beaucoup de références aux sujets précédents, j’aime son côté »vécu « :il nous est tous arrivé de se louper sur un virage…..à lire, réfléchir et tester pour développer la maîtrise.
    merci

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